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La Bourlingueuse
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30 mars 2020

Pousse-pousse à Wuhan

Pousse-pousse à Wuhan

Pousse-pousse à Wuhan

Dites-moi, lectrices chéries, vous ne trouvez pas que ce dessin d’Albert Marquet, est un beau symbole d’évasion ?
En ces temps d’emprisonnement généralisé racontez nous une histoire de liberté récouvrée.
Si c’était fait lundi, ce serait bien.
Mais je ne force personne, hein !

 

Wang Li est heureux malgré ce qu’il vient de vivre… Il a survécu à la peste qui a anéanti sa famille et il a retrouvé les vestiges du  pousse-pousse qui avait permis au père de son grand-père de ne pas mourir de faim. C’était il y a longtemps, avant 1949, avant donc que le Grand Timonier ne prenne la barre pour mener la grande Chine vers des lendemains qui chantent. Son ancêtre s’était épuisé à courir dans les rues de la ville pour transporter de riches Chinois arrogants ou des touristes étrangers plus généreux mais qui parlaient un langage incompréhensible.

Le vieil homme s’était alors couché et avait attendu la mort.

Les temps avaient changé, le communisme était devenu quasiment religion d’état et il fallait à tout prix changer les mentalités. Les paysans étaient devenus les forces vives du pays puisqu’ils nourrissaient le peuple. Les intellectuels étaient devenus laboureurs malgré eux…

Le Grand Bond en Avant puis la Révolution Culturelle où son grand-père était devenu Garde Rouge, avaient fait trembler le monde, comme l’avait prédit l’empereur des Français Napoléon 1er.

Mao Tsé Toung avait laissé son peuple orphelin, et le jeune Wang fils unique puisque c’était la règle pour tous. Son propre père fils de Garde Rouge, avait eu du mal à retrouver la paix de l’âme après l’éducation strictement révolutionnaire à laquelle il n’avait pu échapper qu’en devenant adulte*

Peu à peu, les limites  imposées s’étaient élargies et maintenant, il était même permis de s’enrichir !

Cependant, un ennemi silencieux et inattendu guettait, auquel personne n’avait pensé. Ni capitaliste, ni même socialiste, ni anti-communiste, il était seulement avide de cellules où proliférer. Covid 19 était le nom qu’on lui avait donné.

 §

 Wang Li était sorti hébété de l’épreuve et il allait s’occuper l’esprit et les mains en remettant en état le pousse-pousse des années 40. Il allait le modifier et en faire un objet de plaisir pour les enfants qui s’y installeraient et qu’il pousserait pour les amuser.

Sa décision prise, il se coucha et s’endormit l’âme en paix pour la première fois depuis des mois

§

 Une histoire vraie (pour une fois)

Chantal était la fille de l’une de mes grandes amies. Elle avait épousé Ming, un jeune Chinois venu faire ses études en France dans les années 80 et qui était son cadet de 10 ans... Sans en parler à ses parents restés en Chine, mais qui avaient convenu pour lui d’un mariage à leur convenance. Après avoir travaillé quelques années à Sophia Antipolis de Nice, il accepta un poste de professeur à l’Université de Shang Haï. Que croyez-vous qu’il arriva ? Ils durent divorcer afin qu’il puisse épouser la fille qu’on lui avait réservée (ses parents auraient manqué à leur parole). Il est aujourd’hui à Singapour où je l’ai rencontré avec sa famille et ses deux enfants.

Chantal m’a expliqué que si, légalement, un ou une Chinois(e) est majeur à 18 ans, dans les faits, il reste mineur tant que l’un de ses parents est encore en vie… et il doit obéir.

Ainsi Ming, à plus de trente ans, a dû divorcer de Chantal qu’il aimait pour épouser une femme-médecin qu’il n’avait vue qu’une fois avant son départ pour la France.

Par on ne sait quelle ‘’chinoiserie’’, son mariage français n’a pas été enregistré à Shang Haï et les parents n’en ont rien su. Seule la mère était plus suspicieuse et a demandé à Ming qui était cette Française qu’il voyait si souvent.

Chantal est rentrée en France et est morte un an plus tard.

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Commentaires
P
Merci pour cette tranche de vie réelle !
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L
L'homme n'est qu'une forme de vie comme une autre. Il est des pays, des régimes où la vie humaine a moins de valeur qu'ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Les joies de la famille patrilinéaire, d'autant plus quand on y ajoute la politique de l'enfant unique! Fils tu seras, fils tu porteras sans protester le fardeau de n'avoir aucune autre liberté que payer une dette inextinguible, celui de ta vie. <br /> <br /> <br /> <br /> Deux récits tristement réalistes. (((il y a un astérisque, c'est un fruit du hasard j'imagine? Je n'ai pas vu à quoi il renvoyait)))
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E
il a bien fallu que tu pioches dans une histoire vraie pour nous écrire une note pareille! Les traditions ..... difficile de les ignorer pour cerains plus que pour d'autres
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Y
Wang Li a, semble-t-il, perdu ses enfants lors de la tragédie. Rafistoler le pousse-pousse de son aïeul lui donne du bonheur parce qu'il le fait pour d'autres enfants. Quelle belle leçon de courage et d'abnégation tu nous écris là Gwen ! <br /> <br /> Cela n'a pas dû être facile pour Ming de choisir. Mais ce genre de tradition, si douloureuse soit-elle a encore des beaux jours devant elle. La Famille avant tout.
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A
une bien triste histoire...
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