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La Bourlingueuse
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22 septembre 2010

Greensboro un dimanche

Dimanche 30 septembre 2001

Après le breakfast ambulant habituel pour voir les différentes chaînes TV, Buddy et la famille25_Southern_licence_plate 20_Un_des_TVHardy viennent me chercher pour faire réparer mon sac de voyage dont la poignée a été arrachée. En fait, je suis bien d’accord avec Bill : il sera plus simple de le faire réparer que d’engager des « complains » auprès de la compagnie aérienne qui a d’autres chats à fouetter ces temps-ci avec les annulations de vols qu’elle a à gérer.

Nous partons à cinq pour la virée « Greensboro by day » qui s’entame par les vieux quartiers et l’imposante église presbytérienne en briques. Buddy, dont un cartouche sur le polo proclame « Jesus Christ – I am a Presbyterian », stoppe la voiture et nous gravissons les marches jusqu’au parvis où le pasteur nous accueille avec chaleur. Au fond de la nef, au-dessus de l’orgue et d’un Christ en majesté, une rosace 21_Rosace_122_Rosace_2superbe accroche le regard. « Inspirée des cathédrales européennes » précise le pasteur. Derrière nous, au-dessus du porche, une autre rosace plus modeste surmonte les grandes orgues. Le prêtre nous indique combien de milliers de $ ont coûté les vitraux, puis le prix des orgues... plus d’un million de dollars : une paille ! ! ! C’est toujours pour moi une surprise d’entendre annoncer les sommes parfois colossales qui ont été déboursées par les donataires pour telle ou telle œuvre : mais c’est très américain ! La chapelle adjacente est fermée, mais devant, le columbarium où reposent les cendres de quelques défunts donne l’occasion à Buddy de préciser que 30 % des Américains choisissent la crémation : j’aurais parié davantage.

Un long parcours nous fait passer devant les maisons où logent nos copains ; nous n’apercevrons même pas les fenêtres de Marie et Serge, trop bien cachées sous la végétation.

Hier, mon appareil photo, acheté il y a quelques années au Wal Mart de Dallas, a décidé de prendre sa retraite. Il avait commencé ses caprices au Pérou, mais j’avais pu le convaincre de ne pas me gâcher la vie. Cette fois, il est HS, et j’en ai parlé à Bill, mon hôte, qui a demandé à Buddy de me conduire dans l’endroit idoine pour le remplacement du récalcitrant. En effet, un vaste Best Buy me laisse penser que ma future « camera » et moi-même allons faire connaissance. Alors... Numérique ? Argentique ? Nikon ? ? ? Olympus, comme le précédent ? ? ? Ou le contraire ? Ce sera Nikon, selon l’avis du vendeur qui a le meilleur rapport qualité/prix (autour de mille francs a rapidement calculé Marylène). Deux batteries et un sac compléteront mon équipement... et nous voilà à la caisse. Je n’ai pas osé prendre le numérique, trop nouveau procédé que je ne suis pas sûre de pouvoir maîtriser, d’autant plus qu’en cas de pépin, Nantes-Greensboro ça fait loin ! J’ai eu tort, puisque je me servirai très peu de celui-ci, mon premier APN a été mon prochain Noël.

« No ! » 24_Cashdit soudain Buddy en passant devant moi. Je le regarde sans comprendre : aurait-il des bons de réduction, une carte de fidélité ? Pire que ça : Bill Shore, mon hôte, lui a confié sa carte de paiement pour m’offrir cet appareil photo... Je suis dans une situation embarrassante. Comment accepter ce cadeau royal ? Ou comment le refuser sans paraître indélicate ? Bill ayant oublié de signer sa carte, c’est celle de Buddy qui va payer, et il signe sur une sorte de « tableau magique ».

Dans un « Four Seasons », mon sac sera réparé, et les attaches des quatre poignées remplacées par du "genuine leather" (vrai cuir) pour 20 $. Nous sommes dans un vaste 23_Shoppingcomplexe, dont les trois niveaux abritent des boutiques de luxe. Le marbre étincelant sous les lumières douces brille comme un miroir. Une vitrine qui annonce copie de joaillerie, est surmontée d’une enseigne « Impostor » ! On annonce la couleur ? Ou est-ce de l’humour involontaire ? Devant une vraie jewellerie « Diamonds », nous disons à Buddy que nous avons absolument besoin de nouveaux bijoux. Qui sait ? Ca peut encore marcher...

25_Santa_ClausDe retour à la maison, je montre à Bill mon nouvel appareil et lui dit que j’ai rencontré Santa Claus (le Père Noël). La lueur qu’il a dans l’œil en dit long sur le plaisir qu’il a eu de me jouer ce tour. Mae, bien sûr, était dans le secret. Pour faire l’équivalence, il me restera à leur envoyer pour Noël des parfums et produits YSL, dont j’ai pu voir qu’ils avaient été appréciés.

Après-midi TV, où l’actualité en boucle passe les diverses interviews des personnalités mondiales. Que va-t-il se passer ? Mae, soudain, revient avec une photo, prise à Londres en 1945. Le G.I. que fut Bill à 19 ans a combattu en Normandie, en Alsace, en Allemagne, puis a été fait prisonnier en Tchécoslovaquie, où, en quelques mois, il a perdu plus de trente pounds. C’est une épreuve dont il n’aime pas parler. Merci encore d’être venu nous rendre la liberté*.

28_Nina___Steeve27_Steeve___FelixNous allons dîner chez Nina (prononcer Naïna) et Steeve, la fille et le gendre de Mae et Bill. Un couple visiblement heureux qui a choisi de ne pas avoir d’enfant, dans une maison ancienne bâtie en 1920, dont le charme discret a été préservé. Ils habitent chez leurs deux chats, Felix et Pussy, qui se dérobent à mes caresses. C’est Steeve le cook, qui a concocté une entrée fruits-salades et une winter soup à la crème qui lui a demandé plusieurs heures de préparation. La première gorgée de gin-Martini me coupe le souffle, et on me fait grâce du reste.

26_MaeL’âtre est allumé dans le salon et les parquets de vieux bois de chêne ont la teinte chaude des feuilles d’automne. Steeve a racheté l’affaire de fabrique de meubles de son grand-père et quelques boiseries sont visiblement de la récupération « éclairée ».

Beaucoup d’humour et quelques souvenirs émus ont émaillé cette délicieuse soirée.

* Peut-être vous l’ai-je déjà dit : j’ai suivi à l’Université de Nantes des cours d’Histoire Contemporaine. C’est ainsi que j’ai appris  que, contrairement à ce que je pensais, nos enfants ou petits-enfants ne parleraient pas allemand sans l’intervention des Alliés, mais russe. « Ne croyez pas que les Soviétiques se seraient arrêtés aux frontières, leurs troupes auraient foncé jusqu’à l’Atlantique » affirmait notre professeur. « Les Américains sont d’abord venus occuper le terrain… et accessoirement nous libérer des Nazis ».

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Commentaires
B
Quel plaisir, Gwen, de lire cette chronique de ton séjour chez tes amis. S'y mêle un plaisir un peu coupable, l'impression de participer aussi sans être invitée. Mon excuse, c'est que j'apprends beaucoup de choses sur la façon dont on vit ailleurs que dans ma banlieue parisienne. Et tu écris si bien ! Je souhaite une bonne soirée.
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