Toujours surbookée
Mon temps est actuellement occupé par la confection de costumes de scène pour la revue annuelle des "Plus Belles Girls", dont vous avez déjà entendu parler dans "Paillettes et générosité".
Claire est venue avec sa petite Nina, qui l'an dernier, bien au chaud dans le sein maternel, était déjà sur scène ! Donc, avant de vous faire partager le spectacle de cette année, je vous entraîne à nouveau sur les pistes de Patagonie... si vous le voulez bien ?
Jeudi 20 mars à Mendoza
Le linge « débeigé » n’est pas sec et on le remballe tel quel. P’tit déj’ avec oranges, melon, pastèque, « jelly » jaune et verte (sorte de pâte gélifiée…) confiture, mais pas de beurre. Christian a beau tenter de faire un beau pâté de gelée verte dans sa soucoupe ; il n’y parvient pas, la goûte à peine mais parvient à lui trouver un goût de pomme, et laisse là son œuvre inachevée.
Il me fait signe de venir voir quelque chose dans leur chambre. Un tableau est en effet accroché au mur, mais j’ai beau regarder le dessin, rien ne me dérange, il me paraît bien équilibré, les couleurs harmonieuses… non, vraiment, je ne vois rien ! Il faut vraiment que Christian me mette le nez dedans : l’œuvre encadrée n’a pas été entièrement dégagée de son emballage de plastique d’origine, et les coins de carton en protègent encore les angles !
Départ à l’heure dite et cap sur San Juan où nous sommes lâchés dans un hypermarché, le premier de notre périple, laissant les voitures sous la garde vigilante de Jean-Claude et Bernard… car nous aurons ce soir un dîner français !
Comment savoir quelle montagne est l’Acongagua, le plus haut sommet des Amériques ? il a beau culminer à 6.960 mètres, difficile de le reconnaître de si loin parmi les autres…
Pour l’heure, le pique-nique sur la route se compose de poulets (4…), pommes frites et melon vert. Deux convives se sont invités : un chien craintif et bien nourri au pelage sombre et une femelle blanche allaitante famélique. Ils ne sont pas encore revenus de l’aubaine et ont mangé pour la semaine. Jusqu’au bout, ils ont flairé le sol pour le cas où…
Vallecito abrite le sanctuaire de Difunta Correa… Qu’en dire ??? Je laisse chacun penser ce qu’il veut. Mais pourquoi une telle accumulation d’ex-voto dont la laideur n’est même pas touchante ? Des centaines de plaques minéralogiques sont clouées sur les montants du passage qui abrite les pèlerins, des morceaux d’épaves de voiture épars sur un côté du promontoire en font une sorte de décharge. Des « maquettes » de maisons, celle d’une usine de crèmes glacées, sont ainsi mises sous la protection de la « sainte ». Dans le Saint des Saints où est couchée une statue de la Difunta, sont accrochés des témoignages divers, des permis de conduire, une carte bancaire (oui !) des photos de famille, et des rubans « Protégez ma Nissan… ou ma Toyota… ma Ford… ». Diverses chapelles adjacentes abritent des témoignages divers, mais la plus inattendue est celle où sont accrochées une multitude de robes de mariées ou de cérémonie et quelques photographies de mariage. J’aimerais savoir ce que sont devenus les couples qui se sont ainsi voués à la « Sainte »…
Bien entendu, les Marchands du Temple ne sont pas loin et ils tirent tous azimuts : ainsi, vous pouvez leur acheter les rubans imprimés qui mettront votre voiture à l’abri des ennuis. Vous ne me croyez pas ? Si ! si ! j’en connais même une qui a choisi « Protégez ma Peugeot »… C’est dire !
La vallée fertile où nous allons planter nos tentes est précédée d’un semi désert couvert d’arbrisseaux épineux au milieu desquels poussent de somptueux saguaros. Ah ! Colette ! si tu avais pu décider ton Loïc à venir, tu aurais pu les admirer de près… mais sans les toucher, ils n’aiment pas ça…
Une poule faisane ( ?) beaucoup plus élégante que celles de chez nous selon Bernard, a bien failli voir arriver sa dernière heure, mais, non loin, un petit renard gris tapi sur le bas-côté l’a peut-être déjà inscrite à son menu.
Le 4 x 4 gris d’Edwar n’a plus d’amortisseurs, les sièges sont avachis, les copains derrière moi en ont plein le c.. dos, au propre et au figuré. Merci encore de m’avoir laissé la meilleure place, même si c’est celle du mort !
Dans la « Vallée Fertile », les routes sont bordées de bananiers, de palmiers, d’hibiscus et de bougainvilliers en fleurs qui font une voûte au-dessus des voitures.
L’heure de notre arrivée au petit village de San Augustin à la nuit tombante devrait nous laisser juste le temps de monter les tentes avant le repas français… Mais ce diable d’Edmundo a obtenu 2 nuits dans deux cabañas pour le prix du camping… et personne n’a protesté ! Le cadre en vaut la peine : sous des arbres font cercle sept bungalows de bois autour d’une pelouse agrémentée d’oliviers en fruits, de rosiers en fleurs, et un barbecue où faire griller un agneau… bref, tout baigne ! On s’est réparti les chambres, chacun vaque à ses petites affaires, lessive, cuisine, lavage de la salade, rédaction du carnet de voyage… La vie est belle ! et, en prime, « ma » Croix du Sud nous fait lever les yeux.
La vie n’est pas belle pour tout le monde : Bagdad est en flammes, annonce la télévision allumée dans les bungalows, tandis qu’un débat de journalistes et d’hommes politiques évoque le possible suicide de Saddam Hussein. Les généraux US plastronnent devant les cameras et Mrs G. W. Bush, l’épouse de qui vous savez, éclate bêtement de rire dans une réunion mondaine.
Le dîner a malgré tout été un succès : saucisses porc/bœuf à l’apéro, grillées « à l’argentine » (sans piquer la peau), entrecôte marchand de vin, pommes de terre à l’étouffée, bananes flambées où le rhum ne manquait pas. Pour ceux qui veulent, le « pousse-café » Bardinet met des lueurs dans les yeux de quelques-uns. C’est le moment où Alice, ne pouvant plus tenir sa langue, crache le morceau et révèle notre projet de SARL, qui devait rester secret. Marylène est dépitée : jusqu’à ce jour, jamais Alice n’avait eu d’affaire immobilière sans sa participation !
Nous sommes tous plus ou moins allumés avec le Martini, le vin d’Argentine et le rhum des îles. Et, comme à l’accoutumée, je suis désignée comme victime expiatoire en cas d’ennuis…
Nos deux z’Ed ont installé 2 matelas dans le séjour, nous laissant ainsi seules, Maïté et moi, dans un dortoir à 4 lits.