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La Bourlingueuse
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16 août 2021

Depuis la corbeille

Depuis la corbeille

Corbeille

Elle fait une drôle de tête, cette dame peinte par Mary Cassatt.
Quelle idée semble la préoccuper ?
La scène ?
Les spectateurs ?
À vous de le dire.

 C’est la première sortie de Jeanne depuis que son mari est mort il y a tout juste un an. Un an pendant lequel elle est restée confinée chez elle sans vouloir en sortir. Elle n’avait pas éprouvé de chagrin, car elle n’avait jamais pu s’attacher vraiment à l’homme que sa famille avait choisi pour elle, un collaborateur de son père qui le secondait dans le chantier de construction navale dont il était le patron. Non, Jeanne restait chez elle parce qu’elle s’ennuyait et elle craignait que si elle était vue seule dans les magasins elle risquait l’opprobre des bien-pensants à l’esprit étroit…

Edouard et elle n’avaient pas eu d’enfant et Jeanne s’en réjouissait intérieurement sans le dire.

Elle serait morte plutôt que d’avouer qu’elle se sentait enfin libre et avide de vivre… de vivre enfin !

Arthur n’avait pas eu besoin d’insister pour convaincre sa sœur qu’il était temps d’entamer le demi-deuil et de sortir dans le monde : et pourquoi pas à l’Opéra ? Jeanne avait alors glissé une modestie blanche dans son encolure pour montrer à qui voudrait bien s’en apercevoir que sa période de grand deuil était finie.

La corbeille du Palais Garnier dominait la salle, et pour se donner une contenance, Jeanne faisait semblant de chercher quelqu’un au parterre, tandis qu’elle guettait du coin de l’œil le beau viking qui l’observait depuis la loge de la famille Jönsson, depuis longtemps francisée en Janson.

Elle avait connu Eric avant son mariage et il ne lui déplaisait pas ; mais il avait été envoyé aux Etats-Unis d’Amérique parfaire des études d’ingénieur. Le revoir lui faisait chaud au cœur.

Jeanne en est sûre maintenant : Arthur et son épouse ont organisé une rencontre à l’entracte qui paraîtrait fortuite lorsque le public irait se rafraîchir…

Elle se sent défaillir de bonheur mais continue de regarder ailleurs pour ne pas se trahir. Sa vie de recluse va prendre fin entre les bras d'un homme qu'elle est prête à follement aimer.

§

 Deux ans plus tard, un faire part annoncerait à tous la naissance de Sigrid, la fille de Jeanne et Eric…

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Commentaires
E
Me voici, vibrant des battements de cœur de Jeanne, indifférente au beau viking, et pourtant, mes [ses] yeux le boivent littéralement du fond de l'âme... Quelle belle histoire, chère bourlingueuse ! Merci de nous faire voyager et beaucoup aimer vos nouvelles ! Dans l'attente de vous lire bientôt... Bien fraternellement ainsi qu'aux internautes bourlingueurs.
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G
c'est magnifique ! cela mériterait un prix quelque part...
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A
Oh que j'aime cette histoire ! comme quoi .... on ne sait jamais ce que la vie réserve ... de bon ! :-)
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A
vivent les jeunes veuves joyeuses :-)
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L
De l'avantage d'être une jeune veuve.<br /> <br /> On peut enfin faire des enfants pour la joie de les faire.
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