Nostalgie
Nostalgie
J’étais seule ce lundi de mai jour de ma naissance… enfin, le jour anniversaire de ma naissance, et l’envie soudaine de revenir sur les lieux où j’ai passé ma petite enfance me submergea soudain. En hâte je mis dans mon sac de voyage l’essentiel de ce qui me serait nécessaire pour les quelques jours où je mettrais mes pas dans ceux de l’enfant que je fus, sortis la voiture et filai tout shuss sur la N 165 jusqu’avant Lorient puis la N24 jusqu’au lieu où j’avais décidé de retourner.
Je ne connaîtrais plus personne… et qui pourrait se souvenir de moi ou de ma famille qui était partie depuis tant d’années ?
Beaucoup de lotissements avaient fleuri à la périphérie : de coquettes maisons recouvertes d’ardoises et dont les entourages des portes et fenêtres en granit soulignaient un style résolument breton.
Mais rien dans le centre du bourg n’avait changé. J’avais retrouvées intactes les halles fameuses dont la charpente d’origine est un invraisemblable fouillis de poutres de chênes cinq fois centenaires.
L’hôtel de la Croix d’Or sur la place était celui où j’avais vu couler de l’eau chaude d’un robinet… ce qui m’avais plongée dans un abîme de stupéfaction. Je m’y installai avant d’aller faire un tour à pied jusqu’à la maison de mon enfance toute proche. Si la façade bien que négligée ne donnait pas trop une impression d’abandon, ce que je pouvais voir de l’intérieur depuis la rue était un désastre ! Une femme s’approcha, semblant vouloir entamer une discussion que je ne souhaitais pas. Le cœur gros, je rentrai à l’hôtel pour en savoir plus.
- Ah ! la maison Hervé ? il y a des années qu’elle est comme ça et personne ne veut trouver de solution, c’est un vrai panier de crabes cette famille où chacun déteste l’autre.
- Pourquoi ?
- Certains auraient été avantagés par le père et à sa mort, ils se sont déchirés au point qu’ils ont vandalisé la maison pour qu’elle soit invendable et personne dans le bourg ne prendrait le risque de l’acheter pour ne pas se créer d’ennuis.
Je finis par dire à l’hôtelière que j’étais née dans cette maison, mais mon nom ne lui disait rien. Elle me conseilla d’aller voir le notaire sur la place, juste en face, qui était chargé de vendre la maison, ce que je fis dès le lendemain.
La jeune clerc ne sembla pas étonnée de voir une étrangère au pays s’intéresser à cette ruine potentielle et elle fit de son mieux pour me vanter l’affaire. Ce que je voulais, c’est qu’elle me laisse seule et que j’irais rendre les clés à l’étude dans deux ou trois heures au plus, je m’y engageais. Elle me fit confiance.
On appelle cela ‘’faire le tour du propriétaire’’… mais je tournais en rond dans cette maison où je ne reconnaissais rien, hormis la disposition des pièces, restée telle quelle. Je m’avançai vers le jardin, et je reçus un choc ! Les ‘’carreaux de ciment’’ étaient là, sous mes yeux, recouverts en partie de terre séchée mais si reconnaissables… J’étais pétrifiée d’émotion et je finis par m’y étendre malgré la crasse qui masquait en partie leurs dessins très fouillés et j’ai longuement caressé ce carrelage que j’avais oublié.
J’ai rendu les clés, quitté l’hôtel et suis rentrée chez moi savourer le bonheur de laisser à mes enfants une maison qu’ils n’auront pas à vandaliser.
Nous avons fait une SCI...