18 Mer du Japon
Dimanche 11 octobre
Pas de room-service ce matin. Je voulais me réveiller seule à l’heure que mon cerveau déciderait.
Je file au Lido bar écrire mes cartes postales mais auparavant, j’ai envie d’en garder le souvenir et je les prends en photos : les couleurs en sont atténuées. Au passage, j’en laisse une quelque part, le Fuji Yama en majesté, tel que je ne le verrai pas puisque l’escale de Tokyo n’a pu se faire.
Agus II m’écrit son adresse et je lui enverrai ses photos.
Je n’ai eu aucune explication officielle au sujet de l’impossibilité d’utiliser Internet dans les eaux japonaises autre que l’hypothèse d’un passager : les satellites étant déjà surchargés pour l’usage national, il ne saurait être question d’aggraver la situation. Le gros globe terrestre d’Explorations Café me permet d’avoir quelques notions géographiques des lieux que nous allons visiter, et connaître le nom des quatre îles principales du Japon, puisque nous avons quitté Hokkaïdo pour Honshu où est Hiroshima, puis Kyushu, où est Nagasaki, les deux villes qui ont été « atomisées » en août 1945. Nous ne verrons pas Shikoku, la quatrième « grande » île.
Chaque passager doit aller au deck 4 chercher son passeport afin de faire demain les formalités d’immigration du Japon, avant d’y revenir dans deux semaines, pour une ultime escale à Naha, dans l’île d’Okinawa, bien plus au Sud.
Joyce vient me chercher et je réalise alors que je n’ai pas mon voutcher pour la sortie de demain au Ground Zero & Atomic Bomb Museum… Nous filons au théâtre où il y a la réception du Capitaine et… le champagne gratuit ! Ma copine qui aime ça en prend deux verres d’un coup… Le show est pour nous du réchauffé, mais je reste assise tandis que Joyce va essayer de me réinscrire et revient longtemps après dire que le service est fermé.
Le dîner nous fait partager la table d’Eleanor et Robert de New Orleans que nous connaissons déjà et dont le terrible accent du Sud me les rend incompréhensibles, et d’un couple de Noirs Sovia et Clyde du New Jersey, mais qui travaillent à Manhattan. Sovia me parle à toute vitesse (machine gun dit Joyce) et veut tout savoir du système social en France, stupéfaite que les cotisations soient automatiquement prélevées sur le salaire, et que l’épouse et les enfants soient couverts pour le même prix. « Combien d’attente si vous avez besoin d’une chirurgie immédiatement ? » « Aucune, au plus quelques jours » « Nous avons le temps d’être morts avant de voir un chirurgien » dit-elle. J’ajoute que pour ceux qui sont en dehors du système (sans papiers, SDF…) ils ont une assistance médicale gratuite. « French people are so lucky » (les Français ont beaucoup de chance).
Soirée très agréable…
Une raie est étalée sur mon lit… mais elle est en serviette éponge !