La Chanson des Blés d'Or
Les blés d'Or
La multiplicité des interprétations possible de cette toile de Léon Augustin Lhermitte m’a amusé.
Elle devrait vous inspirer autant qu’elle m’a inspiré en la voyant.
Même mieux encore j’espère.
À lundi.
Mignonne, quand le soir descendra sur la plaine
Et que le rossignol viendra chanter encor
Quand le vent soufflera sur la verte bruyère
Nous irons écouter la chanson des blés d’or (bis)
Dans ma lointaine enfance, pas un repas de noces ne se passait sans que s’entende ce chant généralement entonné par une voix de baryton chaude et puissante…
De nos jours… elle ferait rire non ?
Les sujets de la toile n’avaient plus leur place depuis longtemps dans les champs de blé lorsque j’assistais aux moissons dans les fermes de ma famille. En Bretagne, les surfaces arables n’ont rien à voir avec les vastes plaines de la Beauce ou de la malheureuse Ukraine parcourues par des monstres mécaniques que sont les moissonneuses-batteuses. Même si les faux n’étaient plus en usage, il y avait de modestes moissonneuses-lieuses qui coupaient et liaient les gerbes qui étaient battues dans la cour de la ferme avec l’aide des voisins chez lesquels les machines seraient les jours suivants. Les femmes, elles, préparaient les pantagruéliques repas des travailleurs épuisés par la tâche.
Ce qui me fascinait, c’était le spectacle des courroies qui transmettaient le mouvement des rouleaux actionnés par un bruyant moteur à essence. Il y avait du jeu et j’attendais le moment où la courroie s’échapperait, mais ce n’est jamais arrivé.
A cette époque, il y avait encore de toutes petites exploitations dont la modeste récolte était traitée en famille (peut-être à la faux ou à la faucille ?) mais dont le battage était assuré par un cheval qui, en tournant autour d’un engin rudimentaire faisait office de moteur*.
Après le passage des moissonneurs, nous les enfants allions glaner les épis échappés à la machine… Je n’ai jamais su ce que ma tante en faisait. Ecrasait-elle les grains pour en extraire quelques cuillerées de farine ? Cela me paraît dérisoire vu l’aisance relative que mon oncle dont l’entreprise d’exploitation forestière et de transport assurait à sa famille.
Il est vrai que, sous l’Occupation, non seulement on ne jetait que l’inutilisable, mais que toute opportunité était la bienvenue…
Allons-nous devoir en prendre de la graine (si j’ose dire !) et renoncer au gaspillage, devenu pour beaucoup d’entre nous un sport national ?
Quand les moteurs diesel seront totalement bannis, les voitures électriques gourmandes en énergie (une aberration lourde de déchets non recyclables) le seront aussi… alors… à quand les gazogènes à charbon de bois ?
J'y pense parce que les camions de mon oncle en étaient équipés et que le charbon de bois était fait "maison" à la forêt de Carnoët..
* Léon-Auguste Lhermitte aurait pu s’en inspirer…