Réveillon insolite
Réveillon insolite
Cette porte de grange ou d’étable, va savoir, me rappelle quelque chose ces temps-ci.
Je profite après le début de l’Avent avant Noël, pour vous suggérer de fait un sujet en complément des fêtes.
Elle m’inspire évidemment une histoire.
Plus exactement un dévoiement.
Mais à vous ?
Vous lira-t-on lundi ?
Jeanne avait compté et recompté tous ceux qui participeraient aux agapes du réveillon de Noël qu’ils organisaient entre copains mais elle se décourageait parfois au vu des désistements ou des doubles participations auxquelles elle devait faire face. Elle voulait éviter qu’ils soient treize parce que, si elle-même ne croyait plus depuis longtemps aux maléfices supposés du ‘’treize à table’’, elle savait que parmi les copains il y avait encore des frileux sur le sujet… et au fil des jours, les participants retombaient à treize ! Cela lui remettait en mémoire une pièce de théâtre qui avait fait les beaux jours ou plutôt les beaux soirs d’une scène parisienne…
Qui donc avait proposé de réveillonner dans la vieille grange du Père Anselme qui allait être démolie puisqu’il était prévu dès le printemps de construire un terrain de sports sur le terrain qu’elle occupait ?
Les copains d’abord surpris avaient fini par se dire qu’au moins ils ne gêneraient personne et que le groupe électrogène emprunté leur permettrait de s’éclairer et surtout de faire hurler la musique ‘’à pleins tubes’’ jusqu’à pas d’heure… dans le cas où la vieille installation électrique les lâcherait. Pour le chauffage absent, chacun s’habillerait chaudement et pourrait se rouler dans la paille dont il restait encore un bon tas.
Le menu serait un peu hétéroclite, chacun apporterait ce que sa maman aurait cuisiné pour l’occasion, mais l’un dans l’autre, ça irait, aucun d’entre les copains n’étant un/une gastronome averti/e… et les caves paternelles seraient soulagées de quelques bouteilles… Mais chuuuuuut !
Quelques guirlandes pour mettre du clinquant au décor, des tables et chaises de jardin en plastique apportés au dernier moment, le rendez-vous était fixé vers 23 heures et Jeanne respirait : ils ne seraient pas treize !
§
Lorsque la bande joyeuse pénétra dans la grande du père Anselme, ils surent que leur Noël serait le plus insolite de ceux qu’ils avaient vécus jusque là. Une famille de migrants apeurés tentait de se dissimuler dans la paille et les enfants pleuraient en silence.
Sidérés et un peu honteux, les copains tentèrent de communiquer mais ils ne purent comprendre les réfugiés…
…Alors, ils disposèrent les tables et offrirent aux affamés le repas fraternel qui leur permettait de grandir d’un coup dans leur propre estime. Demain étant un autre jour et Noël de surcroît, ils feraient tout pour aider ces malheureux et leur offrir le meilleur qu’ils pourraient. Pourquoi les autorités officielles ne feraient-elles pas un geste pour les adopter, comme certaines communes l’ont déjà fait ?
On peut rêver, non ?