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La Bourlingueuse
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29 novembre 2021

Fanch et Sainte Anne d'Auray

La plage au clair de lune

 La plage au clair de lune

Mais que diable fait cette barque vide au bord de l’eau ?
Au moins ça m’inspire…
Mais vous ?
J’espère que lundi vous aurez dit quelque chose sur cette embarcation mystérieuse.

 

Il fallait vraiment que la mission soit importante pour que l’Amirauté anglaise fasse prendre de tels risques au sous-marin qui allait débarquer les six hommes chargés de la réaliser dans la France occupée.

Car enfin, faire surface  si près d’une côte surveillée par les canons et les mitrailleuses allemandes par une nuit de pleine lune à peine voilée de nuages, était pure folie se disait le vieux Fanch qui attendait le bref rayon du projecteur lui annonçant que le transbordement n’attendait plus que lui et ses équipiers.

Heureusement, en cette fin de nuit ; les sinagots concarnois sous voiles chalutaient le long de la côte, hors des champs de mines, et retiendraient peut-être, du moins l’espérait Fanch, l’attention des veilleurs dans les blockhaus qui couronnaient la côte de granit.

Deux canots seraient nécessaires ce soir et les quatre rameurs devraient souquer dur avant d’arriver jusqu’au submersible sans se faire repérer, embarquer les hommes, trois dans chaque bateau et vite revenir à la côte, poussés par la marée montante. Fanch n’est pas tranquille mais ne laisse rien paraître. Il est probable que chacun d’eux rumine les mêmes pensées. Reviendront-ils chez eux ?

 §

 Le sous-marin a plongé dès que les hommes ont été embarqués sur les canots tandis que les sinagots sont partis vers d’autres lieux de pêche dans des eaux non minées. La lune éclaire comme en plein jour. Fanch et ses hommes n’ont qu'une idée : souquer ferme pour regagner la côte proche, mettre tout le monde à l’abri et rentrer à la maison où les épouses attendent leur retour avec anxiété….

 Ils n’ont pas pris le temps de remonter l’un des canots jusqu’en haut de la grève et la marée descendante ne pourra effacer les traces de ce débarquement. Il suffira aux Occupants de suivre  les traces qu’ont laissées les dix hommes dans le sable humide. Facile de lire le sol et leur mettre la main au collet. Les agents en mission ont été pris en charge et sont déjà loin, mais eux, les gars de Concarneau, que vont-ils pouvoir faire ?

 Nos marins ont peu de temps pour se sauver,  prendre le maquis ou rejoindre à Londres un certain général. Fanch a les tripes qui se nouent à l’idée que sa famille et celle de ses équipiers pourraient être… non… sera arrêtées, incarcérées voire pire !

 Fanch a levé les yeux pour implorer l’aide de la bonne Sainte Anne d’Auray, patronne des Bretons, et ce faisant, reçoit sur le visage les premières gouttes d’une pluie torrentielle qui va effacer toute trace sur le sable de la plage. Il fera au matin semblant de croire que le canot se sera détaché.

C'est sûr... Dès que possible, ils iront tous jusqu'à Auray et ils monteront à genoux les marches de la Santa Scala pour remercier la "patronne" de leur avoir sauvé le mise.

 §

 Je n’ai pu résister à l’envie de compléter le récit du 12 décembre 2019 où tu nous avais proposé une toile très proche…

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Commentaires
A
Très beau récit d'un acte courageux et, la peinture exprime bien ce superbe clair de lune sur les vagues, ce sont des moments qu'on aime ! <br /> <br /> Gilbert
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B
Je connais bien Ste Anne d'auray et je connais bien Concarneau aussi. <br /> <br /> La pluie, comme un cadeau.
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D
La providence parfois sait s'allier aux éléments pour faire des miracles.
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H
J'ai aimé ton texte comme d'habitude, on peut dire que tu as été marquée par la guerre.
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P
Ah, j'aime bien, comme chaque fois. Chez Adrienne, on est en 14-18 et chez toi, en 40-45.. la guerre qui a marqué nos parents et grands parents nous a aussi marquées.
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