A quoi rêvent les jeunes filles ?

A quoi rêvent les jeunes filles ?

« À quoi rêvent les jeunes filles » se demandait Alfred de Musset.
Je me demande à quoi rêve celle-ci, dessinée par Norman Rockwell.
Et vous ?
À quoi pensez-vous en voyant son air inquiet ?
Dites-le lundi…

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner, mais personne n’en tenait compte. Les Ursulines chez lesquelles j’étais à l’école ont convaincu mes parents que la fille du photographe devait apprendre le piano, et j’ai dû décliner mes gammes assez longtemps pour m’en décourager alors que l‘arrivée des ‘’Boches’’ en juin 1940 modifiait considérablement les projets des Français… Notre déménagement à Nantes n’avait pas de cours de piano à son programme, et je pus me livrer sans soucis à mon passe-temps favori, le dessin… Les institutrices me complimentaient, les amis disaient que j’avais ‘’un bon coup de crayon’’, mais cela s’arrêta là. Il n’empêche, je rêvais d’un métier en rapport avec le dessin et quelqu’un me suggéra de devenir modéliste : aujourd’hui, on appelle stylistes ceux et celles qui dessinent les robes de haute couture.

Autour de mes quinze ans, nous lisions un hebdomadaire auquel notre voisine était abonnée et qu’elle nous passait dès qu’elle avait reçu le numéro suivant. Il s’appelait ‘’Samedi-Soir’’…

Ce journal proposa un jour un concours de dessin s’adressant aux jeunes. Le sujet était ‘’ Une robe du soir’’ et le/la lauréat/e serait formé/e tous frais pris en charge dans un prestigieux atelier de couture (était-ce Jacques Fath, Christian Dior, Chanel ?)…

Vous pensez bien que je m’y voyais déjà !..

J’en ai dessiné des robes… que tout le monde trouvait très élégantes, j’ai fini par envoyer le meilleur dessin de ‘’ma’’ collection… et j’attendis confiante.  

Le verdict finit par tomber : bien entendu je n’avais rien gagné…

La lauréate était une fille de mon âge, qui avait proposé un dessin pire que maladroit, mais qui était celui d’un simple fourreau noir sans bretelles.

Car ce que j’avais parfaitement dessiné était une robe de demoiselle d’honneur couleur pastel, mais d’une une banalité affligeante, aux manches bouffante et au corsage ‘’princesse’’. Dans le milieu social où j’ai grandi, personne n’avait la moindre idée de ce que pouvait être une robe du soir, et je n’avais donc aucune chance de décrocher la timbale ! En revanche, j’aimerais savoir si la gagnante a fait carrière : peut-elle être devenue célèbre ?

Comments

[Passion Culture]

C'est difficile, encore plus quand on est jeune, d'accepter un échec. Il est bien sûr facile de se dire que c'est le jury qui n'a rien compris, mais c'est quelque chose que je n'ai jamais su faire... A chaque fois, c'est l'estime de soi qui en prend un coup :-( .

[emiliacelina]

dommage! Tu as dû être très déçue ! cette petite fille a peut etre été déçue elle aussi !

[Emma]

Tu étais en avance sur ton temps, chère Gwen !

Quant aux lauréats de prix, que ce soit mode, poésie ou autre livre, roman...

ce n'est pas toujours le [la] meilleur[e] qui gagne !

Néanmoins, grand bonheur d'avoir "participé" et de rester motivé !

Bises fraternelles aux aminautes !

[Fabie]

Cela semble être un milieu tellement "dur" que finalement c'est peut être mieux pour toi ;)

[le_gout_des_aut]

La vie est un empilage de petites (ou grandes) frustrations.

L'important est que tu ne sembles pas en avoir été rendue aigre.