La boulangère Millet a peint cette boulangère
La boulangère
Millet a peint cette boulangère avec le génie qu’on lui connaît.
Mais que fait réellement cette boulangère ?
Où est donc le boulanger ?
Je me demande si…
Mais d’ici lundi, les idées foisonneront peut-être.
Je l’espère…
Furieuse… la mère Antonine est furieuse…
Le père Jules son voisin vient de lui annoncer que le Guyot son fils a au petit jour, pris le premier train pour Paris.
C’est le ciel qui lui tombe sur la tête, car les temps sont durs et la population a faim. Guyot, son p’tiot, le petit mitron devenu boulanger quand son père a passé, a toujours été fidèle à sa tâche, n’a jamais rechigné à suer au-dessus du pétrin quand il fallait nourrir les gens du bourg mourant de faim et qui n’avaient que son pain pour se remplir la panse. Comment a-t-il pu abandonner sa pâte prête à être enfournée ?
En cette époque de guerre civile qui a suivi e siège de Paris puis la défaite de 1870 et la chute de l’Empire, qu’est-ce qui a pu passer dans la tête de son Guyot ? Il n’allait tout de même pas prendre un fusil ? A l’idée qu’il pourrait être tué sur les barricades sa colère tombe d’un coup. Résolument, Antonine va faire le travail à la place de son p’tiot : elle allume le four à bois et va cuire le pain, tandis que son visage se trempe de larmes. Elle repousse les images que son imagination lui envoie : son Guyot ruisselant de sang sur les barricades de Paris en révolte.
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Pendant ce temps, pas très loin, il y en a une qui rit de bon cœur, car elle est la complice de ‘’l’évasion’’ de Guyot pour rejoindre à Paris la belle Anna sa fille, dont la mère Antonine ne veut absolument pas comme bru. Elle n’a pas voulu voir grandir son fils qui est devenu un solide gaillard qui a enfin eu le courage de rejeter la tutelle d’une mère autoritaire.
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Anna et Guyot se marieront et reviendront peut-être un jour avec leur marmaille pour que les enfants connaissent leurs grands-mères…