Le Faouët, notre berceau
Suzanne et moi avons connu un Faouët bien différent de ce que sont devenus nos bourgades de 2021.
Ce qui caractérise l'église où nous avons été baptisées est cet étonnant clocher que l'on dit d'inspiration scandinave, mais dont personne ne sait qui en est l'architecte et les raisons qui l'ont poussé à lui donner cet aspect insolite... Si l'on m'a mise à la fenêtre de la chambre le jour de ma naissance, il a été la première chose que j'ai vue.
Mon papa joue de la bombarde avec son ami biniouer
Sainte Barbe, sa chapelle et les escaliers monumentaux sont connus presqu'autant que le Mont St Michel, et c'était souvent le lieu de nos escapades enfantines
Pourquoi mon papa avait-il inventé pour moi l'histoire d'une recluse qui avait choisi de vivre de la charité publique dans ce petit sanctuaire ? Allez savoir !
Il y a aussi Saint-Fiacre, autre chapelle très connue avec ses trois tours dont "deux sans cloches" que les visteurs bernés entendaient "deux cents cloches" et demandaient "Comment est-ce possible" ? à la grande joie de mon père. Son jubé en bois polychrome, une dentelle exceptionnelle, sculpté à partir de 1480 est classé.
Il est fait mention des halles dès 1572 : elles sont donc antérieures à cette date. Elles occupent la place centrale du bourg. Leur charpente est un fouillis étonnant et impressionnait l'enfant que j'étais.
Quelques Faouëtais ont connu une relative célébrité, mais celle qui a traversé l'histoire est Marie-Louise Tromel, sorte de Robin des Bois en jupons, qui, avec sa bande volait les riches pour donner aux pauvres. On la connaît sous le nom de Marion du Faouët. Née en 1717, elle fut arrêtée à Nantes et mourut rouée à Quimper en 1755...Sa maison natale en ruine avait été démolie avant ma naissance
Une autre célébrité est Jean-Corentin Carré, qui à quinze ans, s'est engagé dans l'armée en mentant sur son âge pour combattre. Cet enfant-soldat (le plus jeune de France) breveté pilote a été abattu au-dessus de Verdun et est mort de ses blessures en mars 1918
Un monument a été inauguré solennellement en 1938 par des généraux et des ministres. Un film en couleurs a été tourné. Mon père, avec d'autres, en a fait le reportage photo
La troisième personnalité a eu une fin tragique : Arthur Midy était un peintre reconnu installé au Faouët depuis le début du siècle. Il avait épousé une Allemande et cela, les Faouëtais ne l'ont plus acepté quand est arrivée la guerre, suivie de l'Occupation. La haine que ce couple a suscitée leur a été fatale en 1944 : ils ont été tous deux massacrés par des résistants de la dernière heure.
Aujourd'hui, quelques-unes de ses oeuvres sont exposées au Musée du Faouët et on ne parle plus de lsa triste fin.
Aujourd"hui, Le Faouët est endormi et je n'y vais plus que pour faire une visite au cimetière...