Y a-t-il eu un charivari pour ce mariage ?
Le vol Air-France de juillet ayant été annulé et repoussé aux calendes grecques, Suzanne et moi avons pu nous parler au téléphone faute de pouvoir se déplacer dans l’immédiat…
J’avais auparavant envoyé à son fils Daniel les deux photos précédentes de notre enfance au Faouët (vive Internet)
Quels moments d’émotion ont été ces instants où deux vieilles dames se retrouvaient face à ce qu’elles avaient été 80 ans auparavant ! Le tutoiement s’est immédiatement installé, et l’évocation d’images communes nous remuait l’une et l’autre. Dans son témoignage édité, Suzanne parle de ses parents âgés à sa naissance, sa mère de 47 ans et son père 55. Nous avions ce point en commun : les miens avaient 35 et 60 ans lorsque je suis née. Mais je ne me souviens pas que les Faouëtais s’en moquaient, d’autant plus que le pharmacien de 60 ans avait lui aussi épousé une ‘’jeunette’’ qui lui avait donné trois enfants (dont le benjamin était mon ennemi intime) alors que Suzanne le ressentait comme des railleries. Lors de leur mariage en 1931, mes parents avaient eu le ‘’privilège’’ d’avoir un charivari offert par les loustics du bourg que seule une tournée générale avait calmés. Le charivari se pratiquait à cette époque pour marquer le fait d’un mariage considéré comme mal assorti !
Suzanne évoque nos jeux dans le cimetière où, d’après moi, le gardien débonnaire nous tolérait parce que nous étions des enfants sages, alors qu’elle se souvient du fossoyeur qui les faisait déguerpir jusqu’au lendemain. Etait-ce le même homme dont nous parlons ? Nous allions chercher parmi les fleurs jetées par les familles celles qui étaient les moins fanées et les déposions sur les tombes délaissées que personne n’entretenait.
Ce coup de fil m’a bouleversée, et j’ai senti qu’il ne fallait pas tarder à se revoir.
Les mariés du groupe de la précédente photo ont-ils eux aussi eu droit à un charivari ? Peu probable, car l’homme basané avait des aïeux connus dans le village depuis près de deux siècles. Vous le savez, je fais de la généalogie depuis cinquante ans, et mes recherches m’ont parfois réservé de belles surprises… Jugez-en : sur les régistres paroissiaux de Lanvénégen (Mhan), dans le registres comportant 801 pages des baptêmes, mariages et sépultures, vous trouverez à la page 245 l’acte de baptême suivant.
L’an mil sept cent soixante six le 10 octobre je soussigné
B curé de la trève de Lanvénégen paroisse de Guiscriff ayant
Interrogé dans cette église tréviale un neigre agé d’environ
Du quinze ans lequel m’a été présenté par Monsieur et Madame
Le Canne de Rosangat qui m’ont déclaré qu’il étoit depuis huit ans
Neigre a leur service et qu’ils l’avoint pris acheté à Malgage d’où
il etoit originaire. L’ayant trouvé suffisament instruit des
principes de la religion chrétienne et ayant égard au grand
esire qu’il m’a témoigné d’estre reçu dans l’église, ayant
pris pour patron Saint Pierre dont il souhait de porter
le nom luy ai administré le sacrement de baptême suivant
les rits et cérémonies de l’église catholique apostolique et
romaine ; parain et mareine ont esté messire Pierre Lecanne
de Rosangat et Brigitte Aché Lecanne de Rosangat
Lecanne de Rosangat Ache Lecanne de Rosangat
L Cadic ptre curé
Traduction en langage actuel
L'an mil sept cent soixante six le 10 octobre, je, soussigné curé de la trève en Bretagne, sorte de succursale de la paroiisse quand l'église est trop éloignée) de Lanvénégen paroisse de Guiscriff, ayant interrogé dans cette église tréviale un nègre âgé d'environ quinze ans, lequel m'a été présenté par Monsieur t Madame Le Canne de Rosengat, qui m'ont déclaré qu'il était depuis huit ans à leur service et qu'ils l'avaient pris acheté à Madagascar d'où il était originaire. L'ayant trouvé suffisamment instruit des principes de la religion chrétienne et ayant égard au grand désir qu'il m'a témoigné d'être reçu dans l'Eglise, ayant pris pour patron Saint Pierre dont il souhaite de porter le nom, lui ai administré le sacrement de baptême suivant les rites et cérémonies de l'Eglise catholique apostolique et romaine ; parrain et marraine ont été Messire Pierre Le Canne de Rosengat et Brigitte Aché Le Canne de Rosengat.
Suivent les signatures, sachant que le prêtre curé est le fils de mes ancêtres Cadic...
Faut que j’vous esplique non ?
Le maître du ‘’neigre’’ (officier de l’armée française ? planteur ?) l’avait acheté à Malgage (sans aucun doute Madagascar) et l’avait à son retour en Bretagne, mis dans ses bagages pour qu’il continue à le servir. Et ce Pierre baptisé a fait souche !
Puis est arrivé le second confinement mais j’ai pu partir passer Noël en famille à la Guadeloupe pile/poil quand il a été levé.
A mon retour, nous avons repris contact Anne et moi pour LA rencontre que nous attendions tous…
A suivre… Demain vous saurez tout !