Déconfiture
Déconfiture
Deux mois qu’ils ne se sont pas vus. Deux mois pendant lesquels ils ne se sont pas téléphoné, et deux mois sont passés depuis qu’ils se sont chamaillé pour une broutille : elle avait refusé qu’il l’embrasse alors qu’elle portait un masque qu’il voulait enlever.
Elle mourrait plutôt que de s’avouer que si, sans masque, elle est venue le rejoindre sur ce banc de pierre, c’est qu’elle souhaite de toute son âme qu’il lui entoure les épaules et lui donne ce baiser qu’elle lui a refusé…
Au lieu de cela, il reste indifférent, répond à côté lorsqu’elle évoque le séjour à la campagne où elle avait suivi sa famille pour échapper à la covid (pour une fois que le féminin l’emporte sur le masculin !) rien n’y fait : il tire sur sa cigarette avec conviction et en secoue la cendre avec négligence…
Elle n’ose plus croiser son regard où elle croit déceler une lueur ironique et fixe l’eau de la rivière qui coule sous leurs yeux au bas du quai.
Il s’est brusquement levé à l’appel de sa jeune sœur apparue à la porte de leur maison, la laissant seule et désemparée, le cœur au bord des lèvres.
§
Elle apprendra plus tard qu’il a été atteint par le virus et a dû être hospitalisé, sans savoir s’il est ou non immunisé. Serait-ce pour cette raison qu’il est resté insensible à ses timides avances ? Mais alors ? Rien n’est perdu… elle le retrouvera… tel qu’il était AVANT !