Les violettes de Toulouse
Les Violettes de Toulouse
La boîte n’est pas grande, mais elle contient un flacon de ‘’sent bon’’, et l’étiquette porte Violettes de Toulouse.
J’ai onze ans et je viens de recevoir en cadeau mon premier parfum. Ma grande cousine Marie est institutrice à Toulouse et elle a fait un long et difficile voyage en train jusqu’à Nantes pour être présente à ma première communion. Car en ces temps d’Occupation, les wagons dévolus aux voyageurs étaient ceux avaient été mis au rebut au profit de voitures plus confortables, maintenant réservées à l’Occupant et qui roulaient surtout Outre-Rhin.
Elle a été bien courageuse ma jeune cousine, d’entreprendre ce périlleux voyage et d’avoir pensé à m’apporter LA spécialité de son pays d’adoption.
Le petit flacon a duré des années, tant je l’utilisais avec parcimonie, et je ne suis même pas sûre de l’avoir vidé…
Je ne me suis plus jamais parfumée à la violette, mais j’ai gardé la nostalgie de son parfum si délicat.
Bien des années plus tard, mon mari est arrivé un beau jour avec des plants de violettes qu’un ami lui avait donnés et qu’il planta dans le jardin à l’ombre du camellia. J’étais contente et attendis avec confiance le moment où les fleurs allaient éclore…
Quelle déception ! aucun parfum n’émanait d’elles ! Elles étaient comme on était en droit d’attendre qu’elles fussent… sauf qu’elles ne sentaient rien !
Elles ont proliféré et la pelouse en est couverte au printemps, elles se sont insinuées dans tous les interstices du pavement de granit, mais personne ne les cueille.