L'eauv monte
La maison est vieille ancienne et Jeanne l’habite depuis des décennies. Elle était une jeune maman venue avec Jacques son mari et leurs trois enfants lorsqu’ils ont emménagé dans cette vaste maison en pierres de taille. Leur proche voisine de cette époque, une adorable vieille dame, se souvenait de l’avoir vue bâtir durant son enfance à la fin des années 1890… c’est dire !
Le temps a passé, les enfants ont pris leur envol, Jacques est parti pour un autre monde il y a plus de trente ans et Jeanne est maintenant seule dans la bâtisse devenue trop grande pour elle, mais à laquelle elle est viscéralement attachée : elle veut transmettre à ses enfants ce patrimoine familial qu’elle s’efforce d’entretenir voire d’améliorer et moderniser. Des panneaux photovoltaïques coiffent le toit d’ardoises, un arrosage automatique est censé donner à boire à la pelouse (quand ce n’est pas interdit pour cause de sécheresse) par ailleurs tondue par un robot…
Jeanne est à l’affût de chaque grain de sable qui pourrait entraver la bonne marche de la maison, qui par ailleurs, a une particularité dans ce quartier bâti sur le roc : elle est l’une des très rares à avoir une cave en sous-sol. Jeanne y garde son vin, et ses enfants y entreposent tout ce qu’ils n’ont pu loger chez eux faute de place. Des traces d’humidité sont un jour apparues dans cette cave, que Jeanne a remarquées avec surprise, car ce sous-sol était jusqu’alors sec et sain.
Elle a pensé à une fuite sur le service d’eau mais ne pouvait vérifier sur le compteur, le cadran dissimulant les chiffres des litres et décalitres. L’humidité s’est progressivement étendue. Jeanne a pu obtenir qu’on lui change son compteur pour un autre très performant qui a confirmé qu’il ne s’agit pas d’eau de ses robinets. Alors, une montée de la nappe phréatique ? Jeanne s’est mise en quête des puits qui avaient été creusés à l’origine des constructions dans un jardin sur deux, et qui n’ont pas été comblés depuis. Ses voisins mitoyens ont eu le flair de garder leur puits intact et d’en utiliser l’eau pour leur jardin : le niveau de l’eau est à ce jour à près de sept mètres au-dessous du sol… Jeanne a fini par faire une déclaration de sinistre auprès de son assurance qui ne lui a pas accordé l’écoute qu’elle attendait, mais a dit de fournir une facture d’un professionnel qui aura détecté l’origine de la fuite, sans pour autant lui assurer qu’elle sera prise en compte pour un éventuel remboursement.
Car, insidieusement, l’eau continue de monter dans la cave… Les flaques s'étendent. Un ami est venu avec une camera au bout d’un long tuyau (genre endoscope pour canalisations) et n’a rien détecté ; il a cependant conseillé de faire venir dès le lendemain une entreprise d’assainissement qui a confirmé sur facture que tout est OK. Jeanne n’en dort plus. Sa fille qui vit Outre-Atlantique, lui a dit d’appeler les pompiers. Ces derniers ont pris directement contact avec la Régie de l’eau qui s’est déplacée et a pris un échantillon de l’eau pour analyse et savoir si elle est chlorée ou non, ce qui permettrait d’orienter les recherches vers des eaux pluviales…
Jeanne en est là : elle a le moral dans les chaussettes et a tout de même voulu participer au Devoir du Lundi du Goût en s’épanchant un peu !
Mais combien de blogueurs/blogueuses auront pris la peine de lire jusqu’au bout les jérémiades de Gwen ?