Journée à bord et nous saurons tout sur les Ruskofs !
Mercredi 19
C’est aujourd’hui la journée entièrement à bord puisque Astrakhan est au bout du chemin (entendez le delta de la Volga). J’aime ces journées à bord où des activités sont proposées à ceux qui pourraient s’ennuyer !
France écrit : Le paysage le long de la Volga défile lentement, nous longeons la steppe et c’est magnifique ; le temps est beau, ciel bleu et soleil ; quelques rares villages, des hordes de chevaux sauvages galopent sur les rives désertiques.
Notre dernier cours de russe… Eh oui ! L’épreuve aujourd’hui est difficile et je n’ai pas brillé, bien que je sois parvenue à mémoriser quelques lettres qui, par chance arrivaient à faire un mot reconnu. Pour finir, c’est tout à fait comme chez Jacques Martin et son Ecole des Fans, chacun des rares participants a reçu un diplôme ! J’encadrerai le mien et lui trouverai une place en vue à la mesure de sa valeur : les toilettes me semblent l’endroit approprié.… Là au moins, personne ne se prend au sérieux et a le temps de méditer sur les mérites du lauréat !
Je n’ai pas eu le réflexe de prendre des notes lors de la table ronde organisée dans le grand salon pour un public restreint, et j’ai sûrement oublié des détails. Elles sont deux à répondre aux questions sur le thème de la Russie d’aujourd’hui et Lisa semble la plus à l’aise pour énoncer les choses négatives. Elle dit que, comme une grande partie de la jeunesse et particulièrement les étudiants, elle ne vote pas, ne lit pas les journaux, n’écoute ni radio ni télévision et ne prend ses renseignements que sur Internet.
Si les soins médicaux sont gratuits, les remèdes ne le sont pas et certains, tels ceux pour le cancer, coûtent si cher que beaucoup de malades, et particulièrement les retraités ne peuvent les acheter. Les salaires sont bas et l’échelle si réduite qu’un médecin ne perçoit pas plus qu’un serveur par exemple et beaucoup exercent simultanément deux métiers pour s’en sortir...
En Russie, il n'est pas convenable de sourire dans la rue, de regarder dans les yeux, et d'entamer une cinversation avec un inconnu.
Les loyers sont élevés, mais la transmission des logements est possible pour les descendants en ligne directe : les enfants peuvent reprendre l’appartement ou la maison aux mêmes conditions que leur parent précédent occupant, mais ils n’en sont pas propriétaires. Il arrive aussi fréquemment que les personnes âgées soient abandonnées après avoir cédé leur logement à leurs petits-enfants. Pour les seniors, la vie est difficile et ils doivent être aidés financièrement par leurs enfants, et pour certains, c'est le seul moyen de subsistance.
Les prix affichés en roubles nous semblent avantageux parce que l’euro est fort et la monnaie russe dévaluée, mais pour les citoyens, la vie est chère, très chère. Cependant, la plupart pensent que ça ira mieux demain !
Catherine ajoute : Je connais une dame de 80 ans maintenant, qui toute sa vie a entendu cette phrase... et attend toujours.
L’église orthodoxe a depuis plusieurs années et avec la bénédiction présidentielle, repris une place prépondérante dans la vie courante du pays. Cette influence est pesante, rétrograde, et empêche les mœurs d’évoluer dans le sens que souhaitent les plus jeunes.
Ceux qui ont une voiture font rarement le plein de carburant : ils préfèrent rouler jusqu’à la panne sèche ou presque avant de reprendre de l’essence ou du gazole.
Un souci grandissant pour la population : des bandes mafieuses sont organisées pour le racket et les trafics divers sur lesquels ils ont la mainmise. Comme partout, il y a aussi les petits cambrioleurs, mais ils ne sont pas dangereux, comparés aux précédents.
Sur la fiche qui nous a été remise, je lis avec surprise ce qui suit : Les Russes ont une réputation de dureté et de cynisme. La malhonnêteté fait également partie de la culture russe : nombre de jeunes trichent aux examens sans aucun scrupule... et tout le monde trouve cela normal !
La fiche est très négative et je ne souhaite pas m'étendre davantage sur les côtés sombres de "l'âme russe", sauf si vous insisitez, je la publierai dans son intégralité.
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Des vidéos de films d’Arte nous ont été présentées à des heures et des moments qui permettaient aux intéressées d’en savoir plus sur la vie des Romanov et le départ de la révolution, l’étrange pouvoir que Raspoutine exerçait sur la tsarine qui espérait la guérison d’Alexis, son fils hémophile (dont la maladie venait de la reine Victoria, la grand-mère de l’Europe). D’autres sujets, tels la Grande Catherine qui fut tsarine après avoir détrôné son époux Pierre III, Boris Godounov et Raspoutine… de quoi contenter ceux et celles qui aiment l’Histoire.
Au cours de l’après-midi, une dégustation de vodka et de blinis nous a permis d’appliquer la tradition à la lettre et de finir cul sec comme il sied un (petit) verre relativement plein !
19.30 h : dîner du capitaine, qui recevra dans la grande salle du pont supérieur, le Tchaïkovsky Hall. Il est précisé que les passagers sont censés être habillés élégamment. Bien entendu, si nous avons suivi la consigne et avons fait un effort vestimentaire, nous avons, Hélène et moi, oublié nos appareils photos ! Mais le photographe du bord a saisi l’instant où ma fille pose à côté du pitaine et de Maria, la responsable de la croisière. Quatre boissons sont proposées, dont l’une sans alcool, mais le curaçao bleu vitaminé à la vodka a eu ma préférence et je n’ai pas été la seule !