Kazan, au carrefour
Ce qui frappe le regard dès l’entrée, c’est une superbe mosquée bleue, récente puisque inaugurée il y a un peu plus de dix ans en 2005. Quatre tours-minarets et une petite sur le côté s’élèvent au-dessus d’une fleur de lotus renversée en mosaïque bleu-vert, donnant au bâtiment une réelle élégance. Avant de pénétrer dans l’édifice, celles qui n’ont ni chapeau, ni écharpe, doivent pour se couvrir la tête, emprunter un foulard mis à leur disposition. Les hommes en short doivent porter une sorte de tablier-jupe-portefeuille vert… A chacun son tour de se déguiser ! Un puits de lumière octogonal coiffe une étoile à huit branches dans le carrelage au milieu duquel la maquette de la mosquée repose sur un socle dans une cage de verre. Pas de sièges si l’on excepte les bancs sur le pourtour pour les fidèles qui ne peuvent s’agenouiller ?
Une tour en briques penche, mais comme celle de Pise, elle tient encore debout ! Une grille de fer forgé joliment ouvragée est mise en valeur par le fait qu’il n’y a rien derrière et que la lumière la traverse.
La cathédrale orthodoxe est la plus ancienne construction du lieu, mais je renonce à monter la volée de marches qui en permettent l’entrée. Je suis restée assise sur un muret où la guide Alina est venue me rejoindre, se disant honteuse de sa non-performance. Elle peine vraiment à parler français et nous adoptons l’anglais. Musulmane, divorcée, originaire d’un milieu populaire, elle a cependant derrière elle dix ans d’études de français, qu’elle dit pouvoir lire et écrire aisément, mais qu’elle a peu d’occasions de parler. Elle n’est jamais venue en France. Outre le russe, elle parle le tatar, le turc et l’anglais. Hélène lui a proposé de corriger le cahier qui sert de base à ses commentaires. Durant ce temps, le groupe est sorti de la cathédrale, mais reste agglutiné près de la tour penchée. La visite serait-elle finie ? Non…
Derrière la cathédrale, une vue panoramique de la ville permet d’embrasser la panorama de Kazan, malheureusement gâché par un premier plan où sont parquées des voitures. Des fouilles archéologiques sont en cours, et Hélène remarque un homme muni d’un sondeur qui explore le sol pavé.
En ville, vingt minutes sont accordées à ceux et celles qui veulent faire du shopping dans la rue piétonne près de laquelle le car a fait un stop. J’ai laissé mes 5.000 roubles à Hélène pour qu’elle achète quelques petites choses sympa(s) pour la famille. Bien sûr, il y a eu des traînards et bien sûr, il y a eu des râleurs…
KAZAN par Elisabeth
Tour Slouloumbik à sept niveaux : selon la légende, Ivan le Terrible avait voulu épouser une princesse tatare qui, pour accepter, lui avait demandé de lui construire une tour de 7 étages en sept jours. Le septième jour, lorsque la tour fut finie, la princesse se jeta dans le vide depuis le sommet de la tour. Rien n’est prouvé. Siouloumbik serait le nom de l’épouse du khan tatar San-Guiré, mort en 1549.
C’est une « tour penchée ». L’écartement de la pointe est actuellement de 1,98 mètre par rapport à la verticale. Elle aurait été construite dans le premier tiers du 18ème siècle.
Statue de Moussa Djalil entravée de barbelés (1906-1944)
Il a fait ses études à l’Université des Lettres de Moscou, a été directeur du service du répertoire littéraire de l’Opéra et secrétaire de l’Union Locale des Ecrivains. Poète, auteur de romances et de livrets d’opéra. Mobilisé en 1941, il a combattu sur le front de Leningrad et Volkhov, a été blessé et fait prisonnier en 1942. Pour continuer la lutte contre l’ennemi, il s’est engagé dans la légion Idel-Oural créée par les Allemands et y a monté un groupe antifaciste. Arrêté par la Gestapo au début de 1944, il a été exécuté en août suivant dans la prison de Pletsenzee à Berlin.