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La Bourlingueuse
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1 mai 2017

Un petit tour à la campagne Il semblait si fier

Un petit tour à la campagne

Un petit tour à la campagne

Il semblait si fier l’oncle Joseph, quand nous avons fait irruption dans la cour de Kerviguennou, dont les terres bretonnes arrivaient jusqu’à la rivière Ellé…

Nous étions en 1956 et, la veille, il avait pris possession de son premier tracteur.  Ce n’était pas le Massey-Ferguson rouge de ses rêves, ses moyens ne lui permettaient pas d’envisager un seul instant une dépense aussi importante. A cette époque, on n’empruntait pas aux banques, tout se passait en famille et l’oncle Joseph savait bien que les frères et les cousins désavoueraient une dépense qui leur paraissait excessive et ne desserreraient pas les cordons de leur bourse. Tous fermiers, est-il besoin de le préciser, leurs champs n’avaient pas une surface suffisamment importante qui aurait pu justifier l’emploi d’un engin mécanique : les chevaux attelés étaient faits pour ces tâches… et coûtaient tellement moins cher !

La merveille bleue était un Lanz, une marque allemande… et, même onze ans après la fin des hostilités, ce détail défrisait l’oncle Joseph qui avait été quatre ans prisonnier dans une ferme en Bavière, où il n’avait pas été si malheureux, mais qu’il s’obstinait à appeler Bochie. Acheter « boche » n’était pas dans ses intentions, mais le prix était dans ses moyens ; il avait cependant encore hésité quelques semaines encore, même si son choix était fait.

Mais voyez comme les choses sont bien faites ! Juste avant de commander son tracteur Lanz à contrecœur, la firme allemande avait été rachetée par des Américains… L’honneur était sauf et c’est gonflé d’orgueil qu’il nous fit faire un tour dans le champ derrière la longère du corps de ferme, ne voulant à aucun prix céder le volant à mon jeune mari qui aurait donné son âme au diable pour conduire un tel engin, qui avait coûté plus de deux millions ! Pour notre Simca Aronde Deluxe, moins chère que le modèle Elysée, nous avions dû débourser 630.000 francs : j’ai encore la facture.

Le tracteur a survécu à l’oncle Joseph, car c’est au volant de sa Citroën traction avant (sa Citron comme il aimait à dire) qu’il s’est tué un jour de verglas…

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Commentaires
V
Chez nous,c'était du Deutz bien vert. Et ma grand mère avait eu le privilège de conduire (bien avant encore l'arrivée des deutz) l'automobile de la famille car l'arrière grand -père avait renoncé à dompter la bête suite à un accident !
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L
J'aime ton souvenir. Si je me souviens par bribes des chars fleurant la paille ou le foin avec le cheval ou les boeufs pour tirer, ils ont rapidement été remplacés dans mes jeunes années, après la "Citron" que mon père conduisait, par les engins terribles crachotant et fumant et terriblement bruyant... Parfois engins de malheur... Voici pourquoi j'ai voulu donner une fin heureuse.
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E
excellent , surtout ça sent le "vrai" et en lisant les coms je vois que c'est vécu sauf la fin, mais ... ça aurait très bien pu arriver aussi ! La vie est tellement bizarre parfois ! :)
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T
Du vrai de vrai. C'est sûr que ces engins facilitaient grandement le travail à tous points de vue mais c'était un investissement important.
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A
Tout sent le vécu et si la fin non, tant mieux !
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