Monsieur le Consul est absent
Le consul de France nous attend et il faut bien regagner l’hôtel où un autre chauffeur nous conduira dans les beaux quartiers où est le consulat de France, installé dans une maison créole traditionnelle, avec un péristyle sous lequel pumpkins et bottes de paille rappellent qu’Halloween c’est pour bientôt !
L’accueil chaleureux et décontracté de la jeune secrétaire qui reçoit en l’absence du diplomate en poste nous met immédiatement dans l’ambiance, d’autant plus que les vins de France sont, bien sûr, à l’honneur… même si
les vins rouges reposent dans la glace ! Il est vrai que les œnologues recommandent de les boire à température ambiante… mais il fait sans doute au moins 25° voire plus dans ces salons dont toutes les portes et fenêtres sont ouvertes sur le jardin afin de rafraîchir la maison. Elle s’en est bien tirée, la jeunette, et son speech bien troussé avait juste assez d’humour pour relativiser la solennité du lieu.
Halloween a voilé de noir lampadaires, cheminées, des chauve-souris grimpent à
l’assaut des murs, et chacun se disperse après avoir choisi les amuse-bouche raffinés qui sont proposés à notre gourmandise. Le petit jardin est agréable et ses grands arbres donnent une ombre fraîche sous laquelle tout le monde se regroupe avant de faire la photo qui va immortaliser l’instant.
Ce soir, croisière sur le steamer Natchez… Oh ! une toute petite croisière qui ne nous conduira même pas jusqu’à la mer. La nuit est tombée lorsque les pales tournent doucement dans un bruit de cascade avant d’accélérer lorsque le bateau a gagné la droite du Mississippi pour descendre le courant. Défile alors le panorama de La Nouvelle Orléans illuminée, la cathédrale, les jardins, les maisons créoles Qui bordent le
fleuve, puis les docks et le complexe industriel où s’agitent des camions. Un autre bateau de croisière illuminé descend de conserve et se laisse filmer, nous révélant ainsi l’image de notre propre navire. Le Natchez a amorcé un demi-tour et va maintenant devoir affronter le fort courant du fleuve. C’est le moment où les passagers sont invités à passer à table.
Le menu du repas servi dans le vaste espace ne m’a laissé aucun souvenir autre que l’impression d’avoir mangé créole. Le défilé des dîneurs jusqu’au buffet se fait sans hâte ni bousculade. Le personnel s’est empressé de tout remettre rapidement en place… et il est temps de débarquer : nous voici revenus en ville !
Ce n’est qu’une fois débarquée que j’ai compris que l’enveloppe de la collecte à laquelle je n’ai pas participé faute de l'avoir vue, a été remise à Francette au cours du repas. Elle a dû recevoir un bel affront. Quelle humiliation d’avoir trouvé de la petite monnaie avec quelques dollars, d’autant plus que le groupe avait été vraiment généreux avec David et qu’elle ne pouvait l’ignorer ! Pourquoi n’avoir pas attendu l’instant du départ pour donner à notre guide le fruit de notre non-reconnaissance ?
Nous avons été prévenus : il y aura une surprise pour le départ. Nos bagages ont été chargés dans une fourgonnette tandis que des limousines blanches s’alignent le long du trottoir… C’est donc cela la surprise ! Francette fait front et semble avoir surmonté le camouflet de la veille en affichant un sourire de commande.
Nous sommes sept dans la nôtre. Puisqu’il y a du « champagne » à bord, Alain ouvre la bouteille et nous quittons la Nouvelle Orléans le verre à la main (enfin… disons le gobelet plastique)
Le ciel de Louisiane est bouché et dans la brume, les marécages se laissent entrevoir une dernière fois. Nous ferons escale à Dallas où je guette en vain l’entrelacs célèbre des autoroutes vers Fortworth.
NB – Bien que ne les ayant pas vus, nous avons senti que nous étions suivis des yeux par Tom Sawyer et Huckleberry Finn, les héros que Mark Twain a offerts à notre jeunesse…