Journée du Grand Réveil Acadien à Lafayette
Lorsqu’on regarde une carte de la Louisiane, ses contours font immanquablement penser à une botte, moins élégante de celle de l’Italie, et dont le bout effiloché laisse penser que celui qui la portait avait beaucoup baroudé dans des conditions difficiles à travers les bayous.
En ce vendredi, le Grand Réveil Acadien se tient au Cajundôme qui réunit des familles cadiennes, tant celles de Louisiane que celles venues d’Acadie, et Jean-Marc va se trouver des cousins Breaux au Festival des Acadiens et Créoles où nous sommes conviés ce jour. Pas bégueules, ils ratissent large en enrichiissant l’éventail de leur patronyme à tous les Breau, Brault, Breault, Braud, Brot, Brow… et il s'est fait adopter !
Imaginez un vaste hall où chaque famille tient un stand sur lequel est exposé son arbre généalogique qui remonte au Grand Dérangement et au-delà. Bien que la langue française soit celle de leurs ancêtres, tous ne la parlent pas, car s’il y a eu durant un temps ici en Louisiane une désaffection pour le français, il semble aujourd’hui avoir repris sa place auprès des plus jeunes. Lors de mon premier séjour avec mes amis, nous avions longuement parlé à Bâton Rouge avec un couple qui gêné, avouait que leurs adolescents refusaient de parler le français qu’ils jugeaient vieillot, démodé, hors d’âge.
Nous avons été regroupés dans une grande salle où sera servi le repas, mais la journée commence par la prestation d’une fillette qui va interpréter un chant avec une voix bouleversante. Elle a douze ans et une tessiture d’adulte.
Le maire de Lafayette, arrivé en retard, a fait son discours entièrement en anglais, et doit visiblement ignorer les simples mots « bienvenue », « bonjour », « merci »… Choquant dans ce contexte, non ?
Puis des cohortes d’enfants rieurs ont longuement défilé à grand bruit et pour leur plus grand plaisir !
Après le repas, bien qu’ayant renoncé à assister à la réception donnée par le maire de Lafayette (qui je vous le rappelle ne semble connaître aucun mot de français) le groupe revient avec un certificat faisant de chacun d’entre nous un(e) « Citoyen(ne) d’honneur de Lafayette » et me voilà, comme les autres, nantie moi aussi de ce qui sera sans doute le dernier diplôme de ma vie…
Un orchestre de musiciens amateurs n’a cessé de jouer dans le hall, entouré du public qui danse ou reste assis selon le tempo de la musique. Je me suis longuement attardée à écouter ces rythmes particuliers dont on dit qu’ils ont influencé la country music.
Dehors, c’est la fête où la bière locale et la musique ont coulé à flot, les chanteurs qui avaient de la bouteille ont assuré l’ambiance tandis que les chapelets de saucisses ont grillé en parfumant l’air ambiant.