Beale Street à Memphis, berceau du blues
La soirée est prévue sur Beale Street, officiellement reconnue comme étant le berceau du blues. Chaque soir, la police ferme les deux extrémités de la rue qui est réservée aux piétons, et il y a foule !
Une foule bon enfant se presse dans la rue, et le BB Kings Blues Club attire l’œil des badauds qui ne peuvent manquer son enseigne gigantesque. Les vitrines qui vendent tout et n’importe quoi ayant ou non rapport avec le blues, offrent un vaste éventail de souvenirs divers pour qui le souhaite…
Tout au long des trottoirs, des notes de bronze au sol rappellent le souvenir des musiciens fameux dont le blues a fait la gloire. C’est à une échelle plus modeste, l’équivalent des étoiles sur la fameuse Walk of Fame d’Hollywood Boulevard à Los Angeles…
Les policiers qui assurent la sécurité des visiteurs restent près de leurs voitures aux extrémités de la rue, mais il y a toujours quelqu’un qui vient leur tailler une bavette. Non loin, un panneau annonce : We support our Memphis fire and police, qu’on peut traduire par Nous soutenons nos pompiers et policiers de Memphis.
Un autre rappelle que dans les premières années du XIXe siècle, cet endroit était boisé et les Indiens Chickasaw y chassaient. Un siècle plus tard, Beale Street abritait un opéra , une école pour jeunes filles, et l’un des premiers grands immeubles de bureaux de la ville. Y vivaient des Juifs, Italiens, Grecs et Chinois, tous immigrants qui y travaillaient, puis les Afro-Américains libérés de l’esclavage (freedmen) vinrent y créer un monde nouveau. Dans les années autour de 1920, Beale Street était devenue la capitale du Memphis Noir. Ce fut la mecque pour les musiciens, politiciens,ministres, hommes d’affaires, joueurs, prestidigitateurs (conjurors) et bootleggers. Ensuite, s’y installèrent banques et bordels, prêteurs sur gages et des théâtres. Mais après les années 1960, quand les droits civils ont été enfin accordés au peuple Noir, d’autres opportunités et un changement urbain firent disparaître ce monde florissant et prospère et beaucoup de commerces durent fermer.. Il fallut attendre plus de vingt ans pour que la rue trouve un renouveau par la musique, et une loi votée au Congrès lui reconnaît le titre de Berceau du blues. Désormais, Beale Street est un autre monde, où fleurissent clubs et restaurants...
C’est avec surprise que je réalise que le dîner est prévu au King’s Palace Café, celui-là même qu’avait choisi Joyce lors de notre précédent séjour. La cuisine créole qui est la spécialité de la plupart des restaurants du quartier nous met déjà dans l’ambiance du Sud. Le décor n’a pas changé, mais la salle de droite nous a été réservée.
Aux murs sont accrochées des toiles de bluesmen (dont Elvis pas ttrès ressemblant) et une affiche du French Cancan. Un guitariste est venu s’installer sur l’estrade et va assurer la partie musicale de la soirée, mais ne fait pas l’unanimité puisque Jean notre joueur d’harmonica se bouche ostensiblement les oreilles ! Des couples se sont formés pour danser dans le petit espace laissé libre entre les tables.