Les trésors de Trapper Creek
Un peu plus bas dans le hameau, une invraisemblable caverne aux trésors étale ses richesses un peu défraîchies sur une cinquantaine de mètres en deçà de la route où un parking accueille les voitures avec un drapeau américain à chaque emplacement. Chacun peut y trouver son bonheur, l’autochtone aussi bien que le voyageur peuvent y dépanner leur voiture. Est-ce une brocante ? pas vraiment… Un store ? non plus… mais c’est avec les yeux gourmands que la Joyce‘s team (l’équipe de Joyce) pénètre dans la caverne d’Ali Baba, tenue par un couple sur le retour que je soupçonne s’appeler Wal & Mike, car un panneau accroché au-dessus de la porte d’entrée indique :
When Wal*Mart
Just wont do
Shop Wal*Mike’s
Ce que vous ne trouverez pas à Wal-Mart
vous l’achèterez chez Wal & Mike
Ma traduction est approximative, mais pas loin de l’esprit des tauliers du lieu… (je vous rappelle que Wal-Mart est aux USA une chaîne de gigantesque hyper-hypermarchés).
A côté, un autre panneau annonce aussi :
In God we trust except in the states where prohibited by law
Nous avons confiance en Dieu
sauf dans les Etats où la loi l'interdit
C’est aussi la devise imprimée sur chaque bank note (billet de banque) américain, mais seulement la première partie...
Mais si vous avez besoin de raquettes pour vous déplacer l’hiver, de cornes d’élan, de renne ou de caribou pour décorer votre maison, c’est ici que vous les trouverez car, comme chez Casto « ya tout c’qui faut » ! Des license plates (plaques d’immatriculation de voitures) uniquement d’Alaska, des panneaux routiers jaunes fantaisie, tel celui-ci où Big Foot est censé vous croiser au prochain carrefour, qui pourrait faire pendant avec celui que j’ai rapporté du Massachussetts annonçant un risque de collision avec des homards en liberté sur la route !
Même Sarah Palin qui fut Gouverneur de l’Alaska, puis candidate à la Présidence est là, sous nos yeux… en effigie grandeur nature ! Ce lieu saugrenu est aussi le bureau de poste de Trapper Creek.
Il faut bien reprendre la route après ce break insolite qui nous a bien étonnés et ravis de nos achats.
De nouveaux panneaux jalonnent la route, qui annonçent la rencontre possible avec des élans (orignals), et une association en affiche un autre qui s'élève contre l'abattage systématique de 270 élans au cours de l'hiver précédent. La pluie a cessé depuis un bon moment et il suffit de laisser aller la voiture pour arriver à l’hôtel d’Anchorage avec l’aide d’Evangeline la Gépéesse.
Le couloir est interminable pour arriver jusqu’aux chambres 230 et 232 de l’hôtel situé en plein centre ville ; de plus, des ouvriers y refont la moquette ! Surprise. Bien que situées au niveau 2, nos chambres sont un peu plus basses que le trottoir de la rue derrière. Le bâtiment est accroché à une colline : ceci explique cela !
Michelle devrait être au lobby à 7 pm où elle a promis à Joyce de venir afin de partager le dîner avec nous. Sachant combien cette dernière est anxieuse du retard, je descends à 7 h pétantes dans le hall où je retrouve notre équipe et nous avons tout notre temps pour préparer le programme de demain en feuilletant les brochures en l’absence de notre invitée. Un endroit nous tente : un domaine où au départ, on recueillait les animaux blessés et orphelins qui peuvent vivre en liberté dans des enclos grillagés, car la plupart sont dangereux : bisons, bœufs musqués, mooses (caribou), wapitis, mais surtout ours bruns, ours noirs qui sont derrière des grillages électrifiés que le public ne peut approcher. N’ayant pas vu d’animaux sauvages au cours de ce périple, hormis le jeune ours près de Vancouver qui a traversé notre route, c’est la meilleure des opportunités qui s’offre à nous. Va donc pour le refuge.
Après s’être longuement fait attendre, Michelle est enfin arrivée en robe légère et espadrilles malgré la fraîcheur de ce début de soirée. Elle revient des greens où elle a passé son après-midi à jouer au golf.
Allons-nous trouver un restaurant dans le quartier en ce vendredi soir ? Nous avons suivi les conseils de l’employée de l’hôtel qui nous en a recommandé un à deux blocs. Prenons notre bâton de pèlerin, car si la route sera pas longue, elle sera sans succès, les restaurants étant pleins ou trop bruyants pour que l’on s’y risque. Au passage, deux paniers de pétunias noirs accrochent mon regard : je n’en ai jamais vu de semblables. Ce qui retient l’attention de Gisèle, c’est un slip masculin… en fourrure qui trône dans la vitrine… d’un fourreur !
Je me traîne derrière le groupe et la fatigue me tombe soudain sur les lombaires ; je décide de rentrer à l’hôtel, où je serai mieux pour écrire mon journal en croquant une pomme, ce qui me sera plus tard reproché.
Dans le troquet du petit-déjeuner, une photo était exposée, prise par le propriétaire dans le jardin où il sert ses clients qui souhaitent rester dehors. La table n'avait pas été desservie aussi tôt qu'il aurait fallu et un grizzly était venu se servir ! Il avait laissé faire, se contentant de prendre des photos.
Quant à moi, j'ai eu quelques soucis avec ma carte qui s'est détériorée en la manipulant. J'avais perdu plus d'une centaine de photos... Heureusement, mon gourou informatique est un magicien qui a pu récupérer la majeure partie d'entre elles !
Ne faites pas de l'Alaska un dépôt d'ordures !