C'est mon tour !
18 – 19 mai
Pendant que tout le monde est au travail, même Antoine qui sur son ordinateur règle ses affaires courantes, je suis la gardienne de la maison qui pour passer le temps, fait des aquarelles et rédige son
journal de bord. Je ne peux me prétendre garde-malades d’Armel et Axel, les pôvres étant bien incapables de faire autre chose que dormir. Le dîner sur le deck dans la fraîcheur venue de la mer, permet de resserrer les liens de la famille, qui, même s’ils ne sont pas distendus, les distances géographiques nous font le plus souvent aller à l’essentiel au téléphone…
20 mai – Happy birthday 3
Journée de labeur pour tous, mais avant qu’ils ne partent, j’ai eu droit aux congratulations des membres de la famille (moins deux !) au cours du petit déjeuner. Me tendant un paquet, Hélène commence un poème qu’aussitôt je regrette de réciter avec elle, puisqu’elle s’arrête dès le second vers…
J’ai voulu ce matin te rapporter des roses
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Je me battrais d’avoir manqué ce moment unique où ma fille, se remémorant ce poème de Marceline Desbordes-Valmore, allait m’offrir un joli moment de tendresse.
Il lui arrive de m’appeler Madame Wikipédia… et je ne sais pas toujours comment le prendre…
Beaucoup d’e-mails et de messages Facebook (je hais ce dernier que je ne maîtrise pas), mais je suis touchée qu
e tant de personnes se soient souvenues de mon anniversaire.
Au crépuscule naissant, petit tour au lagon avec Maria et Antoine.
Cinq langoustes ont été conviées au dîner, dont elles seront les principales invitées. Elles sortent du vivier d’un copain pêcheur chez qui le mareyeur a oublié de passer : Quelle aubaine !
Je suggère de les ébouillanter avant de les couper en deux pour les griller, et c’est Bernard qui a le geste chirurgical qui convient pour ouvrir nos demoiselles de la mer à carapace brune. Antoine a préparé les braises et a parfaitement réussi la cuisson de nos bêtes à cornes ! Mais il manque deux convives, toujours cloués au lit…
Pas de bougies en nombre sur le gâteau, mais un nombre en bougies : 82… et des bulles de savon comme s’il en pleuvait ! Maria est la plus douée pour faire jaillir des bulles irisées qui dansent doucement dans la lumière.
Que c’est bon la famille !
21 mai – Je cogite comme toujours en me posant LA question : comment faire entrer dans mon sac tout ce que je rapporte ? Même en tenant compte de ce que j’ai apporté, le volume va peut-être manquer… Question poids, les 23 kg d’Air-France me paraissent larges. Confitures pays et rillettes de marlin me semblent le meilleur choix pour ceux restés en France, et quelques échantillons de rhum feront l’affaire.
22 mai –
J’ai fait ma première aquarelle d’après nature en peignant le décor que j’ai sous les yeux : le jardin de la Maison Bleue, les phoenix, cocotiers, frangipanier et cactus, avec le Bungalove bien caché dans la végétation. Et bien sûr, le lagon et sa triple barrière de corail ourlée de blanc. Juste en face : les îles Canaries.
L’offrant à Hélène, elle remarque je j’ai mis trop d’épaisseurs dans certaines parties de mon dessin. Il est vrai que j’ai tout à apprendre dans ce domaine, ce ne sont pas les quelques aquarelles que j’ai faites sur le Volendam avec les trois couleurs primaires qui font de moi une pro !
Il faut savoir que la Maison Bleue est bâtie sur un site archéologique. Au cours du dîner, Hélène rappelle la découverte qu’un jeune vacancier a faite il y a deux ans. Le garçon veut devenir archéologue, et, ayant su que la plage du lagon renferme des fragments de poteries arawaks, il a creusé le sable jusqu’à mettre au jour une curieuse forme ronde, le sommet d’un crâne, puis des dents. Il aurait aimé creuser davantage, mais Hélène lui a expliqué qu’il fallait respecter la sépulture d’un être humain, enterré là depuis plus de mille ans, avec des rites funéraires et dans un lieu choisi par ses proches. Le petit garçon comprit, cessa de creuser et remit en place sa découverte, la recouvrit de sable et d’une grosse pierre. Il y a sûrement d’autres vestiges à trouver, certains ont sans douté été déterrés en toute discrétion, mais cet Arawak (dont les ancêtres sont venus de l’Orénoque) avait choisi de vivre et finir sa vie à Morel. A son époque, les barrières de corail n’existaient pas, l’eau douce leur venait d’un puits qui existe encore, ils chassaient, pêchaient et cultivaient le manioc. Ils vivaient en paix jusqu’à l’arrivée des féroces Caraïbes qui n’épargnèrent que les femmes.
Savez-vous quel mot courant nous ont légué les Arawaks ? Le hamac