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La Bourlingueuse
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30 juin 2014

Saint-Pierre et la Montagne Pelée

11 mai – Saint Pierre

La MDSCN0396ontagne Pelée a accepté de se découvrir un instant. Le diBarriques de rhum à St Pierrenghy nous a conduits à terre où un loueur de voitures contacté hier soir au téléphone par Bernard lui a donné rendez-vous au môle à 8 h. Après une heure d’attente sans l’avoir vu, nous sommes allés à pied jusqu’au petit musée de St Pierre consacré aux vestiges de l’éruption et à l’histoire de celle-ci.

En 1902, la ville était la prospère capitale économique de la Martinique et elle abritait le qumartinique-les-derniers-jours-de-saint-pierreart de la population de l’île qui comptait 120.000 habitants. Depuis des mois, la Montagne Pelée donnait des signes alarmantsJuste avant l'explosion que les scientifiques de l’époque avaient minimisés et les autorités, que cela arrangeait bien, faisaient semblant de  croire les « savants ». Une coulée de lave avait détruit la veille 7 mai une distillerie faisant 120 morts, et beaucoup pensaient que le volcan avait fini de cracher ses entrailles. Très peu de gens étaient partis, les élections du dimanche précThéâtreédent avaient retenu les hommes (qui seuls votaient) les communions et ce jour d’Ascension avaient retenu tous les autres sur place. Le Gouverneur même était venu de Fort de France avec sa famille pour bien montrer qu’il n’y avait pas de danger… Les troupes requises avaient refoulé ceux qui voulaient prendre la fuite et les navires à l’ancre dans la baie avaient interdiction d’appareiller. Il fallait absolument que le second tour des élections législatives du 11 mai se déroulât envers et contre tout, malgré la panique qui avait gagné les habitants qui se confessaient par cenL'aiguille de lavetaines pour seSaint-Pierre-et-la-Montagne-Pelee-apres-l-eruption préparer à la mort.  

Puis la nuée ardente s’abattit au matin du 8 mai 1902 peu avant 8 h, et St Pierre disparut en quelques secondes d’épouvante.

* Si vous souhaitez plus de détails, je vous conseille de taper Montagne Pelée 1902

Devant le musée, une statue de pierre me rappelle celle que j’ai vue à Nagasaki et dont, tout comme

DSC_0155celle-cloche St Pierreci, la pierre a fondu sous l’effet de la chaleur. Au pied du musée en bordure de mer, les ruines ont été préservées. La gardienne du musée a tout son temps à nous consacrer, et montrant la cloche fondue de la cathédrale, précise qu’elle avait été envoyée au Vatican, mais que Jean-Paul II a restituée à la ville quelques années auparavant. Des photos, des schémas expliquent au visiteur ce qui s’est passé en ces lieux et parmi quelques objeDSC_0162ts fondus ou calcinés, un petit ange gris voisine avec son presque jumeau blanc et rose. La lettre jointe d’une Parisienne explique que son grand-père avait ramassé dans les ruines ce petit ange quelques jours après le désastre et l’avait emporté : elle pensait qu’il était temps qu’il revienne « chez lui ». Le contraste de la porcelaine devenue grise à côté de son frère épargné est saisissant. Comme à Nagasaki, vaisselle et verres fondus, soudés, agglomérés démontrent combien fut élevée la chaleur qui s’était abattue sur la ville. Ce petit musée a grand besoin d’être réhabilité…

Debout devant un panneau, je ressens tout à coup la curieuse sensation que le sol est mouvant : ne serait-ce pas le mal de terre ?

DSC_0124Le théâtre de St Pierre était le lieu culturel où se montrait avec élégance le dessus du panier de la population, et il n’en reste que les volées de marches disjointes en marbre brisé.  Par un curieux caprice des architectes qui avaient conçu la ville, la prison jouxtait le théâtre, et d’où nous sommes, le cachot de Cibarys apparaît juste sous nos yeux. L’épaisseur des murs, et le fait que l’étroite ouverture de la porte n’était pas du côté du volcan, ont permis au prisonnier de survivre, malgré les terribles brûlures de son dos.

La cathédrale a été reconstruite en perdant un étage : ses tours sont moins hautes. A l’intérieur, une plaque de l’évêque Lequien déplore la mort des 14 prêtres disparus sans évoquer celle de leurs paroissiens. Curieux état d’esprit… Des fac-similés de lettres de femmes écrites la veille de l’éruption (et postées à temps) montrent l’épouvante qu’elles ressentaient :

« Lorsque tu liras cette lettre nous serons tous morts. Je pars l’âme en paix, Rachel et moi nous nous sommes confessées et attendons le pire »  

Dans un DSC_0144petit troquet où l’ambiance musicale crache les décibels comDSC_0140me aiment les Antillais, nos regards se laissent porter par les habitués hauts en couleurs dont le créole m’échappe ; tout ceci dans de grands rires et des tapes dans le dos. Un énergumène un peu zarbi dont les dreadlocks roussâtres lui tombent jusqu’au milieu du dos est vêtu d’un boubou multicolore s’approche en dansant. Bien sûr, la conversation s’engage. Il dit s’appeler Abraham Joseph, mais qu’ici on l’appelle Jef, que si son père est Dominiquais, sa mère est Martiniquaise, et il fait de la musique, ce qui semble évident vu son look. On se quitte copains pour la vie !

Nous avDSC_0150ons dû patienter avant l’ouverture du resto « La Vague » mais nous sommes quasiment les premiers à pouvoir choisir notre table sur la terrasse couverte de la plage, mais ne cherchez pas le Gros JeF, il est bien plus loin ! La cuisine créole est vraiment délicieuse et le crabe (de terre) farci un pur bonheur.

Le marché rasta qui depuis ce matin s’est installé à grand bruit sur la place près du môle exhale un fort parfum d’encens destiné, je pense, plus à laisser croire à la maréDSCN0401chaussée qu’on sort de l’église, qu’à masquer les évidents effluves de substances illicites… Ils viennent presque tous le la Dominique voisine et vendent leur artisanat. Hélène et Bernard repartent avec une structure sculptée dans des racines de fougère arborescente qui est parfaitement adaptée à la culture des orchidées. Le croirez-vous ? Un couple rasta fait des crêpes bretonnes sur un billig, juste à côté d’un étal où sont proposées des calebasses gravées que me montre Bernard.

Le dinghy nous ramène à bord quand le Gros René rentre de la pêche. Il a débarqué le poisson à terre avant deDSC_0167 revenir à sa bouée. J’ai dû l’oublier un moment, et quand mDSC_0175on regard tombe à nouveau sur lui, le patron du Gros René a installé sur la plage une table où il propose à ses clients deux gros espadons !

 Un bateau à fond de verre est  resté longtemps à côté de nous : ses passagers peuvent voir les épaves des navires coulés lors de l’éruption, dont certains ont brûlé trois jours dans la rade et dont les structures métalliques ont fondu. Petite

N B - NaDSC_0177ntes voit souvent sur ses quais le dernier grand voilieBelemr français le Belem. Il faut savoir qu’il aurait dû rester au fond de la rade de St Pierre… A l’époque, les navires devaient s’embosser côte à côte dans la rade en rangs serrés. Arrivé début mai à St Pierre, la place du Belem était prise par un autre navire nantais, et il dut s’ancrer au havre du Robert, de l’autre côté de l’île, au pied du volcan, mais hors de portée de la nuée ardente. Néanmoins, cendres et lapilli recouvrirent le pont, endommagent mâture et gréements, qu’une pluie torrentielle transforma en mortier caustique. Blessé, il put revenir en France et continuer sa vie maritime jusqu’à nos jours.

Le mDSC_0181ouillage après St Pierre s’appelle Le Prêcheur dont le nom vientLe Rocher de la perle d’une roche maintenant immergée qui faisait penser à un prêtre en chaire. Des pêcheurs vont mouiller leurs étranges casiers à langoustes.

Nous allons passer la nuit à l’Anse Couleuvre, tout près du Rocher de la Perle, dont Hélène dit qu’elle est une aiguille posée sur le fond de la mer. Ses parois sont si verticales que, pour y avoir plongé, elle m’avoue que ça lui a fait peur.

DSCN0404Damned ! On éteint vite les lumières… Est apparu dans la nuit un feu de mât, puis la lueur d’une lampe frontale et, suivant les manœuvres de l’intrus, son feu tribord ou bâbord. Pas question de partager notre périmètre en se faisant repérer sur un mouillage qui ne « roule » pas. J’observe impavide les fluctuations des lumières auxquelles je ne comprends que ce que j’entends des commentaires de mon équipage. Il semble enfin que le navigateur soit seul à bord, qu’il ait eu des difficultés à border ses voiles, car, il est parti au large sans s’amarrer auprès de nous, et nous pouvons rallumer les feux réglementaires avant d’aller dormir...

 DSC_0139

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Commentaires
M
bonjour Blanche desole de mon manque de présence je suis peu sur le net en ce moment j'espere que tu va bien , bisous<br /> <br /> Marcel
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