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La Bourlingueuse
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6 mars 2014

Action in progress... comme disent les British !

Eh oui ! Le Louvre attendra !

Ne jugez pas le tableau sur l'illustration : les teintes ont totalement viré au rose... J'aimerais que vous me donnez votre avis sur la lumière, que je ne "sens" pas... J'ai encore beaucoup de travail avant d'y apposer la signature de l'artiste ! Pourquoi est-ce si difficile de rendre sur la toile ces images que je garde si précisément en mémoire ?

Je me souviens encore du nom de la famille qui habitait la petite maison à droite, dont le jardin attenant avait son sol à la hauteur du bas de la lucarne. On avait vraisemblablement dû creuser une butte pour construire la maison... Dans celle d'en face était Marie Le Floc'h (on prononçait Le Florrh), notre couturière dont le mari, ancien marin de la "Royale" avait dans son sac des histoires qui faisaient déjà rêver la future bourlingueuse.

La crépière occupait une maison à gauche qu'on ne voit pas et qui n'existe plus. Quand mon père était pour la journée en tournée de prospection, Maman et moi allions déjeuner chez la crêpière, qui habitait un peu plus haut  que l'église. C'était un moment de bonheur, et je m'en mettais plein la panse. Pas de cidre, bien sûr, seulement trois sortes de lait servis dans des bols : doux, ribot, ou aigre.

            Le lait doux était naturel, cru, et crémeux. Le lait ribot n'avait rien de commun avec ce que l'on vend maintenant sous ce nom : il sortait tout droit de la baratte de la ferme, et de fines particules de beurre y flottaient encore. Le lait aigre (en faouëtais : laitègre) se soulevait en grosses masses onctueuses qui parfois se cassaient sur les bords de la cuiller.

          Dans sa vaste cheminée, la crêpière avait préparé deux feux de bois, surmontés des "pilligs", vastes plateaux circulaires en fonte, sur lesquels, à l'aide d'une raclette, elle étendait sa pâte prise à la louche dans une cuvette d'émail. La crêpe, d'une extraordinaire finesse, était soulevée sur une longue palette de bois, et finissait de cuire sur le second pillig. Je sens encore cette caractéristique odeur de beurre blondi et de fumée de bois.         

          Quels instants délicieux j'ai passés là ! Comment peut-on appeler « péché de gourmandise » de tels moments de bonheur ?

              Dans notre région de Basse Bretagne, on appelle crêpe ce qui est fabriqué à base de sarrasin, et galette, ce que l'on fait avec le froment. Mais il y a des exceptions puisqu'on appelle cependant "crêpe au lait" ce qui est fin, sucré et fait au froment. J'ai longtemps pensé que c'était une question de finesse qui faisait la différence.  Quand Maman, au Faouët disait "Je vais faire des galettes", il s'agissait de pâte sucrée parfumée à l'eau de fleur d'oranger, qu'elle cuisait à la poêle, et qui étaient plus épaisses que les fines crêpes de la crêpière qui elle, ne proposait que le blé noir.

              On arrivait un peu après midi, et on se plaçait à l'unique  longue table dans la pièce enfumée. J'aimais me placer de façon à voir la crêpière travailler. Lorsqu’elle se penchait sur ses feux, elle devait incliner légèrement la tête, couverte seulement du fond semi conique de sa coiffe. Comme la plupart des femmes le faisaient, elle n’en portait que la base en semaine, réservant les dentelles au dimanche et aux grands jours. Chacun des convives apportait son beurre et nul en ce temps-là ne mangeait les crêpes autrement. Elles étaient servies par "couple " dans d'épaisses assiettes de faïence, deux crêpes gorgées de beurre blond et repliées en carré. On vous demandait : "Crâââs" ou "mou" ?  Selon les goûts, la "crâs" cuisait un peu plus et devenait légèrement craquante. La crêpe "mou", vous l'avez compris, restait ... molle. On mangeait les crêpes à la main et il serait venu à l’idée de personne de faire autrement.

P1070228

 

 

 

 

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Commentaires
G
je trouve tres bien tu es trop sevère avec toi...
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M
Eh bien moi, Gwen, abstraction faite des teintes qui ont viré au rose, je le trouve déjà bien lumineux ton tableau! Comme je ne peins pas, je ne suis pas apte, hélas, à te donner un avis sur comment reproduire plus justement la lumière que tu as gardée en mémoire. <br /> <br /> Je t'embrasse
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