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Le Cap Nord
Samedi 15 juin – Honningsvag et le Cap Nord
Il n’y avait pas de raison pour que le ciel s’éclaircisse : aucune lueur pouvant laisser croire à un semblant de rayon furtif n’apparaît. Le Lido est désert, mais il y fait clair comme par un après-midi sans soleil. Comme j’ai bien fait de m’être levée la nuit dernière et avoir saisi la chance de fixer mes souvenirs ! Retour au dodo pour le reste de la nuit jusqu'au réveil...
Aujourd
’hui le Cap Nord est aà notre programme. Même si, à une nuance près, un autre site lui dispute le privilège d’être le lieu le plus septentrional de l’Europe, le Cap Nord, beaucoup plus spectaculaire, a gagné et des milliers de touristes s’y pressent chaque année.
Dans le bus, Henriette de Bats vient s’asseoir à mes côtés pour mon plus grand plaisir. Nous allons pouvoir continuer nos conversations, car écouter cette femme cultivée et pleine d’humour est pour moi un régal. Un stop de quelques mi
nutes près d’une cahute marquée « souvenirs » où se tient une femme entre deux âges habillée de couleurs vives est censée nous faire voir comment vivaient les samis il n’y a pas si longtemps. Quelques rennes dans un enclos broutent des lichens. Je n’ai pas vu immédiatement qu’à côté d’une structure de tente qui rappelle les tipis indiens, se tient un homme vêtu du costume traditionnel avec ce curieux bonnet à trois cornes. Près de lui est un drôle d’animal qui est le géniteur des rennes. Les Lapons (Samis) sont en service commandé pour faire semblant d'être "authentiques" commes les indiens d'Amazo
nie parqués dans leurs villages d'opérette.
A notre arrivée au Cap Nord, il y a déjà sur le parking 22 cars venus de partout ( et il en arriverara d’autres…) quelques camping-cars, peu de voitures, et une dizaine de motos gros calibres. La foule se presse dans le vent froid pour se faire photographier près du monument érigé en 1978 pour officialiser le site. Un globe terrestre métallique dont n’apparaissent que les méridiens et parallèles repose sur un socle de pierre. Les places sont chères et le froid lasse beaucoup
d’impatients. Après avoir sacrifié au rite de la photo-souvenir, je rentre avec ma compagne dans la tiédeur du centre … et nous filons voir le film sur écran à 180°. De belles images, dont l’esthétisme a pris le pas sur l’intérêt documentaire, qui n’apportent pas grand-chose au viiteur intéressé. Une sorte de tunnel relate en scènes les étapes de la découverte du Cap Nord en 1538 jusqu'au début du siècle dernier. Le duc d’Orléans fils de Louis-Philippe y est aussi venu, tout comme le roi de Siam vers 1907. Creusée dans le roc, une toute petite chapelle oecuménique se dit « la plus au Nord des chapelles ». Plus loin, une grotte a été aménagée pour recevoir des spectateurs : un rideau s’ouvre à minuit sur le soleil au-dessus des eaux de la mer de Barents. Pour l’heure, il est clos ! Henriette me rappelle que nous devons être au
bus à 13 h. Je n’ai pas même pu jeter un coup d’œil dans les boutiques prises d’assaut ! Je me contenterai d’aller voir le groupe sculpté par des jeunes en hommages aux enfants du monde. Nous étions dans le dernier bus à avoir démarré du « Rotterdam », et ¼ h ou plus aurait pu nous être accordé. J’aurais aimé acheter quelques cartes du Cap Nord et les poster sur place. J’ai avec moi des étiquettes imprimées qui ne serviront peut-être pas…
J’ai retrouvé Henriette au Lido et nous avons longuement parlé de sa vie en Afrique du Sud, de l’Histoire de ce pays, de Mandela, de Gandhi, de De Beer, mais aussi des dynasties impériales d'Europe disparues avec la Première Guerre mondiale (elle a lu aussi Le
s Aigles Foudroyés).
Je me suis endormie pendant trois heures ! Juste le temps de me rafraîchir avant le show d’un pianiste chanteur qui parodie Elton John et Elvis.
Un buffet norvégien est prévu au Lido à partir de 23 h pour ceux qui veulent guetter le soleil de minuit. Je me suis assise auprès d’une famille hollandaise qui me signale à temps que nous allons passer au pied du Cap Nord… La falaise abrupte et verticale est coiffée du si reconnaissable globe terrestre et l’on peut apercevoir nettement des silhouettes autour du monument dans le jour clair bien qu’il soit minuit.…Les « terriens » sont alignés le long de la balustrade du rocher pour regarder passer le Rotterdam, tandis que nous les « marins » regardons le globe terrestre auquel les premiers tournent le dos.
Le ciel est nuageux mais on peut fonder l’espoir qu’une trouée laissera ap
paraître le disque d’or dans sa splendeur royale. Je me suis mise à l’affût derrière une vitre, il fait trop froid dehors pour rester sur le pont, éclairé comme en plein jour. Une ligne lumineuse jaune apparaît au ras de l’horizon que je prends de prime abord pour le soleil couchant avant de comprendre que ce sont les lumières d’un port dans le lointain, sans doute Honninsvag d'où nous venons. Une flaque plus claire
dans les nuages dentelés me fait comprendre qu’arrivera le moment où le soleil coïncidera avec un trou et que je pourrai fixer l’instant au plus près du Cap Nord. J’ai bien eu raison d’être optimiste puisque je déclenche en rafale mes deux appareils photos et peux retourner me coucher l’esprit tranquille… Il est près de deux heures du matin
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