Que pêche-t-on dans un canal carpien ?

6 mars 2013

Que pêche-t-on dans un canal carpien ?

Des carpes ! me répondrez-vous…

Erreur ! Vous avez tout faux… Pour ma part, je n’y trouve que des châtaignes… et je les prends par poignées !

Cela a commencé doucement, sans grande gêne, sans douleur : parfois des fourmillements insidieux auxquels je ne prêtais aucune attention ou si peu... jusqu’à l’été dernier, où je me suis attelée à la confection d’une veste pour mon amie Gisèle. J’ai alors constaté avec stupéfaction que j’étais incapable de saisir une épingle sur la table, et, à plus forte raison, d’utiliser une aiguille à coudre : l’extrémité de mes doigts était devenue totalement insensible. Une infiltration faite par mon médecin s’étant révélée inutile, la chirurgie devenait indispensable, d’autant plus qu’en quelques semaines, de terribles décharges électriques me foudroyaient au moins une fois par jour.

J’ai dû consulter une neurologue, qui a exprimé sa surprise devant l’état de mes mains, disant qu’elle avait rarement vu dans sa carrière un patient aussi atteint que moi ! Le chirurgien confirma ces propos, puis m’expliqua que, contrairement à ce qui semblerait logique, il y a aujourd’hui beaucoup plus de personnes atteintes par ce syndrome qu’auparavant, alors que le travail manuel est devenu moins pénible. On a moulé sur mes bras des orthèses à porter la nuit, dont le plastique souple est devenu rigide et qui immobilisent les poignets dans une coque me laissant les doigts libres.

Le nerf médian et les tendons de la main passent à travers une sorte de tunnel fibreux qui ne peut s’élargir et où ils voisinent sans problème jusqu’au jour où…

Quand on a passé la cinquantaine, il peut arriver que les tendons prennent du volume, et ce faisant, compriment le nerf médian qui se sidère (se paralyse).

L’intervention a été fixée un jour où Nantes serait paralysée par cinq cm de neige. Attendue à 8 h à la clinique, je n’ai pu obtenir aucun taxi et Florence ma gentille bru a dû prendre sa voiture et se lancer dans les embouteillages, sans que je sache si mes deux heures et demie de retard ne compromettaient pas l’intervention. Mais d’autres patients et même des médecins manquaient aussi à l’appel, sauf ma chirurgienne qui a pû m’opérer sans délai.

Anesthésie locale, puis massage du bras pour en vider le sang, garrot… entrée dans le bloc… et… conférence à quatre sur les sorties de films à l’affiche. Car tout en opérant, l’équipe se posait des questions sur un acteur qu’elles n’arrivaient pas à mémoriser. Connaissant la réponse (je vois quatre à cinq films par semaine) j’ai mis mon grain de sel et me suis immiscée dans leur conversation… Le dernier salon où l’on cause, en somme…

La main endormie est lourde comme une pierre, et ne semble plus faire partie de soi. J’ai passé une nuit à la clinique, le risque que je me blesse gravement sans m’en apercevoir étant réel. J’ai le bras en écharpe, les poignets dans les coques, même si je n’ai été opérée qu’à droite. Je ne pourrai pas conduire pendant trois semaines, ni faire d’effort avec la main, ni prendre de douche sans l’avoir protégée soigneusement… et j’ai un stock d’anti douleur dont je ne me servirai pas les deux premières semaines… puis après avoir été décousue, j’ai pu voir ma cicatrice, à peine visible dans la paume : mais les décharges électriques ont recommencé et me laissent la nuit l’œil ouvert et les dents serrées.

La chirurgienne m’a dit que c’est mon nerf « sidéré » qui reprend vie peu à peu mais que les douleurs peuvent durer jusqu’à six mois !

Je réfléchirai avant de prendre la décision de me faire opérer de la main gauche !

Je n'ai pas pu joindre de shémas médicaux, mais si vous le souhaitez, vous n'aurez aucun mal à en trouver sur Internet, non plus que des vidéos de l'intervention.

Posté par bourlingueuse à 17:18 - Commentaires […] - Permalien [#]