Mon homard à l'américaine
Voilà que Noël arrive et chacun se réjouit de retrouver sa famille devant une table agréablement décorée sur laquelle seront servis les plats un peu exceptionnels et raffinés qu'auront préparé les cordons bleus...
Chaque année je cuisine quelques jours à l'avance les homards à l'américaine dont je vous ai déjà communiqué la recette, car, contrairement à ce que prônait ma maman "un secret de cuisine est comme un secret d'Etat : il ne se divulgue pas", moi je me répands pour le plus grand bonheur des amateurs. En fait, ce n'est pas "mon" homard, mais plutôt celui d'un vieux restaurateur de renom qui, retraité, allait en automne à la chasse avec mon mari. Ils avaient fini par devenir de bons amis et ce restaurateur fut un jour convié à dîner avec son épouse. La jeune femme que j'étais alors n'en dormit plus pendant quelques nuits tant je me sentais si peu à la hauteur de ce qui m'était imposé ! J'ai oublié ce que j'avais préparé en entrée, mais le plat principal était un beau coq élevé par nos soins sous la peau duquel j'avais glissé de fines tranches d'une truffe qui était la première que j'ai vue de ma vie... Et au dessert j'avais servi une omelette norvégienne maison, dont la couverture n'était pas une banale et écoeurante meringue, mais un "appareil" onctueux doré à point, sur les conseils d'une amie qui avait suivi les cours de la "rue Madame" à Paris, qui préparait les filles de la haute socitété à devenir de parfaites maîtresses de maison capables de diriger du personnel.
Bref, je m'en étais tirée avec assez de panache pour que Constant (puisque tel était son nom) ne m'ait fait aucune remarque. Au fil du temps, il me donnait parfois des conseils, des "trucs", des tours de main dont je continue à faire mon profit... Et un jour, il arriva avec sa recette de homard à l'américaine, "simple à réaliser" ajouta-t-il. Son épouse me confia par la suite qu'il fallait que Constant me tienne en haute estime pour qu'il ma fasse ce cadeau. Voici donc "le" homard de Constant...
Pour1,5 kgde homard : une grande sauteuse ou une cocotte
Huile d’olive
3 gousses d’ail émincées
1 petite boîte de concentré de tomates (trop peut dénaturer le goût ...)
1 grand verre de muscadet ou de vin blanc sec
3 vraies échalotes hachées
2 pincées de cayenne
Persil, thym, 1 petite feuille de laurier
125 gde beurre
1 verre de cognac ou whisky
Sel (attention !), poivre
Sur une planche de bois posée sur un plateau (afin de recueillir l’eau et le jus des homards), séparer la queue de la tête, et couper aussitôt cette dernière en deux (pendant l’opération, j’ai l’habitude de parler au bestiau afin de le rassurer, pour lui prouver que j’ai la main douce !). Réserver la partie verdâtre de l’intérieur de la tête. Faire 3 tronçons de la queue, séparer les grosses pinces de la tête, et les couper en deux.
Dans la sauteuse, faire chauffer l’huile d’olive et mettre les gousses d’ail à prendre couleur. Ajouter les homards et faire revenir chaque morceau en le retournant jusqu’à ce que la carapace soit devenue rouge sur tous les côtés.
Jeter l’huile et l’ail, remettre tous les morceaux de homard dans la sauteuse, et verser le whisky. Faire flamber, puis couvrir.
Ajouter la tomate concentrée délayée dans un grand verre de muscadet, puis le persil, thym, laurier, cayenne et échalotes. Laisser cuire 10 minutes à très petit feu.
Allonger le beurre pommadé et les parties vertes de la tête dans le jus récupéré du plateau, et du persil haché. Faire chauffer doucement sans laisser bouillir, et ajouter au dernier moment avant de servir. En chauffant, les parties vertes deviennent rouges. Si besoin, rectifier l’assaisonnement. Il peut arriver que les homards n’expriment pas assez de jus ; dans ce cas, pas de panique, prévoir une boîte de bisque qui allongera la sauce !
Bon appétit !