Les noces médiévales
Lorsque le faire-part est arrivé, je me suis doutée que ce mariage ne serait pas ordinaire… Lutins et korrigans me conviaient à festoyer avec belle assemblée pour célébrer les épousailles de mes lointains cousins Dame Danielle et Messire Philippe.
Au jour dit, j’étais avec parents et amis à la mairie du lieu indiqué devant laquelle se tenait un cheval gris pommelé attelé d’une calèche, après m’être aperçue en cours de route (grrrrrrrrrr !) que j’avais oublié mon APN.
Les mariés et quelques autres invités s’étaient vêtus à la mode médiévale, et c’est seulement à cet instant que j’ai pensé que j’aurais pu emprunter une robe de circonstance à mes amis de la troupe « Les Plus Belles Girls » et être ainsi au goût du jour.
Près d’une centaine d’invités se serrait dans la salle de la mairie où allaient officier deux maires, l’un ceint de la traditionnelle écharpe tricolore républicaine, le second d’un insolite ruban « gwen ha dû ». Ce mariage s’est déroulé en deux phases. La première très officielle, où les « promis » ont été unis en français. Puis le cérémonial s’est allégé pour la lecture de l’acte de mariage en langue breizhonneg par l’autre maire, celui ceint de l’hermine de Bretagne. Ont-ils répondu « Ya » la seconde fois ? J’avoue avoir eu un instant d’inattention…
Les nombreuses voitures se sont retrouvées sur le vaste parking de la petite gare du Pallet (la patrie de Pierre Abélard) avant de suivre en cortège la calèche des mariés jusqu’au château proche de la Galissonnièreoù nous allions faire ripaille.
Le ciel nous avait réservé son plus beau bleu breton et le soleil tiédissait la cour du château où était servi le calice de l’amitié accompagné de toasts savoureux. Le Livre d'Or a permis à chacun d'exprimer ses voeux. J’ai été heureuse de leur offrir ma carte marine, celle qui met un point final à la série, et je sais qu’ils y ont été sensibles.
A l’apéritif, ainsi que beaucoup d’invités, j’ai goûté pour la première fois et apprécié un breuvage inconnu : l’hypocras, dont la recette a été rapportée en Europe par les Croisés. Très apprécié au Moyen-Age, ce vin rouge est parfumé de miel et d’épices telles que cannelle, cardamone, clou de girofle, gingembre… voire pétales de rose. Même si mes amis américains qui en raffolent ont fini par me brouiller avec leur cinnamon omniprésent dans leur cuisine et les desserts, j’ai aimé ce vin à la cannelle.
Le repas avait, lui aussi, un parfum médiéval, et nous avons célébré dans la joie, la bonne humeur, les chants et la musique bretonne ces noces de deux amoureux qui se sont connus il y a bien des années… Où ? à un fest noz ! J'ai récité ce petit poème de Robert Lamoureux "La plupart du temps, quand on aime et qu'on a vingt ans, ça n'est jamais pour de l'argent". Et le malicieux poète évoque ainsi plusieurs âges de la vie où se mêlent l'amour et l'argent...
Quelle belle journée ai-je vécu en leur compagnie, et merci à Arlette (autre lointaine cousine généalogique) de m’avoir donné ses photos.