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La Bourlingueuse
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6 octobre 2011

Règlements de compte...

41 – Antarctique – Wilhelm Archipelago

Dimanche 13 février 2011 (suite)

DSCN0855J’aurais dû me douter qu’il y avait un os dans le pâté ! Lorsque je suis arrivée difficilement au Pinnacle (le bateau roule beaucoup) le bras d’un serveur s’est avancé et j’ai été conduite à la table de… trois où étaient déjà assises Joyce et sa partenaire de bridge. On m’a laissé la place à côté de l’inconnue et Joyce qui est seule en face de nous me présente. Si Joyce l’a prononcé, je n’ai pas entendu le nom de l'intruse. Elles bavardent entre elles et je renonce vite à les écouter. Le sommelier vient et montre sa carte des vins mais je lui déclare d’emblée que je ne veux pas choisir mon vin avant d’avoir vu le menu. Le maître d’hôtel et l’inconnue se connaissent depuis longtemps, évoquant entre autres choses un tour du monde en 4 mois…

Le menu est enfin arrivé : je voulais un appetizer, une soupe et une « entree » (qui est le plat principal), comme au dinning room où l’on peut prendre autant de plats que l’on veut et en double si on le souhaite (oui !). Ici, ce n’est pas « et » mais « ou ». C’est soup ou entree. J’ai donc renoncé à la soupe (bisque de homard) mais choisi comme les deux autres en appetizer une coupe de sea-food avec jumbo shrimps (fruits de mer avec grosses crevettes) et pour le plat, une queue de homard avec plein de légumes au choix : champignons, asperges, purée DSCN0857de céleri et riz basmati, et au sommelier, j’ai demandé un vin blanc sec. L’inconnue a fait le même choix, les légumes en moins et se fait servir du capuccino comme boisson. Joyce a pris un filet de bœuf que l’on va flamber sous nos yeux, des french fries (grosses frites) et du vin rouge. Mon verre de blanc sec (il sera le seul proposé) est un chardonnay de chez Mondavi avec ce goût si particulier dont raffolent les Américains, et dont leDSCN0856 fruité rappelle le gewurztraminer : mais il est indéniablement sec. L’inconnue parle d’elle, de sa famille, Joyce s’adresse à moi pour dire qu’elle a divorcé après 50 ans de mariage, mais je réponds en anglais que « ça ne m’inDSCN0858téresse pas », et observe ostensiblement le décor de la salle en attendant d’être servie. L’inconnue a continué à parler d’elle, de son père qui a fait fortune dans l’immobilier (mais a visiblement négligé l’éducation de ses enfants), j’ai photographié mon assiette, j’ai pris l’air absent de quelqu’un qui s’ennuie en regardant ailleurs et remis mon appareil photo dans son étui que je laisse en évidence entre nos nous deux… J’ai failli quitter la table, mais j’ai préféré préparer avec jubilation ce que je dirai demain en anglais à Joyce qui ne l’emportera pas au paradis.

Un serveur a déposé devant chacune un ravier triangulaire sur lequel est déposé une rondelle d’un tiers de noix de St Jacques qui repose sur une cuillerée de gelée de framboises… mais surmonté de quelques grains de caviar. Ce doit être le cadeau de la maison. Je vous fais grâce du reste du repas. L’inconnue s’est tout de même adressée à moi pour savoir comment était mon homard… et à la fin, pour me remercier d’avoir permis qu’elle partage notre table (mais ce n’était pas à mon initiative, me suis-je dit in-petto).

Ah ! tout de même au Pinnacle, deux desserts au choix sont proposés ce soir : soufflé au chocolat ou soufflé vanille. En conclusion, je ne sais pas le prix du repas ici (55 réservations pour demain soir St Valentin) mais nous sommes loin de la qualité du Pinnacle du Volendam où nous avions 7 vins à déguster, et une carte à la hauteur de ses prix (mais nous avions été les invitées du capitaine). Comparé au dinning-room, le Pinnacle du Prinsendam c’est la quantité en moins et le chiqué en plus ! 

14 février – St Valentin

DSCN0867P1010010Joyce était depuis longtemps sortie quand je me suis éveillée, encore dépitée de ma soirée. Des rocs enneigés défilent devant la fenêtre que je prends pour le Cap Horn, mais ce ne sera que pour demain. Il est prévu un bain avec les pingouins pour marquer notre arrivée au point le plus au Sud du Grand Voyage, et je compte bien y participer. Nous sommes dans Lemaire Channel où il est rare à un navire de cette importance de pouvoir naviguer à cause des glaces et de l’étroitesse de son goulet. J’arrive au pool du Lido en tenue mais revêtue d’une sortie de bain et d’une serviette. Chacun doit s’inscrire pour que sa performance soit homologuée. Il fait 2°, et nous sommes nettement moins nombreux qu’à l’Equateur ! Thom le directeur de croisière en costume trois pièces (short) mais coiffé d’une chapka blanche tient un pingouin en peluche à la main. Il va donner le signal en entrant le premier dans le bassin, mais les photographes font traîner les choses et ça caille ! Aaaaaaah ! mais l’eau de la piscine est…P1010015

f…r…o…i…d…e !

   et chacun en

ressort sitôt entré en se frayant un passage à l’échelle avec les entrants dont certains préfèrent plonger… Vite ! on se retrouve à quelques-uns dans le jacuzzi tiède et c’est bbbbbon !

Règlements de comptes à OK Corral

J’ai attaqué Joyce de front dès qu’elle est entrée dans la cabine.

«  - C’était une mauvaise idée d’inviter ta partenaire hier avant d’avoir mon accord

«  - Why ? (pourquoi ?)

«  - Je n’ai rien su d’elle, ni son nom, ni où elle vit, elle m’a ignorée, ne m’a pas parlé sauf deux fois, je me suis ennuyée et j’ai été laissée pour compte. Tu aurais dû être mon invitée, et c’était moi la pique-assiette ! Je préfère l’ambiance de notre table au dinning-room où au moins, il n’y a que des gens sympathiques qui me voient et m’adressent la parole. Ta partenaire n’a aucune éducation, elle a été impolie et discourtoise… Tu peux le lui dire !

J’ai pu débiter tout ça d’une traite (préparé avec soin) Elle est penaude, se confond en excuses même si elle tente quelques explications embarrassées et je ne suis pas mécontente de lui avoir rivé son clou. J’aurais pu ajouter qu’elle aussi s’était mal comportée, n’ayant eu d’yeux et d’oreilles que pour son invitée.

J’avais envie de raconter cette anecdote. Tant pis si elle vous a ennuyés, tant mieux si elle vous a fait sourire !

DSCN0882Des scientifiques américains vivent et travaillent à Palmer Station, sur Anvers Island que nous allons longer. Ils sont venus à 15 (sur 45) nous rendre visite, faire une conférence et ils vont passer quelques heures sur le bateau. Leurs diapos sont commentées avec humour où ils racontent leurs recherches, la finalité de celles-ci et leurs conditions de vie. Bonne nouvelle, le trou dans la couche d’ozone a diminué. Ils repartent en zodiac munis chacun d’un sac contenant une bouteille de Ballantine’s et quelques douceurs.

Branle-bas de combat à la bibliothèque : baleines en vue ! J’ai juste vu un jet d’eau, mais elles sont trois à sur bâbord affirment ceux qui ont de bons yeux. J’ai eu beau regarder aux jumelles, je n’ai pas réussi à les avoir dans mon champ de vision. « Hi guys ! It’s opened ! » Message reçu 5/5 : une fenêtre Internet est disponible et chacun se précipite à un ordinateur. Mais je n’ai pas pu poster le billet de la Bourlingueuse, la fenêtre s’est refermée avant…

DSCN0906DSCN0898DSCN0890La soirée St Valentin a été à la hauteur des circonstances. Un poème et une rose rouge avaient été déposés devant chaque lady à table. Dans une salle décorée de ballons roses et de tables juponnées et enrubannées de rouge, le Roi et la Reine ont été élus comme ayant vécu la plus belle histoire d’amour : s’étant connus et aimés dans leur jeunesse, ils avaient pris des chemins différents, s’étaient mariés chacun de leur côté, puis se sont retrouvés 44 ans plus tard !

DSCN0872DSCN0923Le navire entrera en pleine mer dans la soirée après avoir navigué dans le Neumayer Channel, et remontera droit sur le Cap Horn au Chili, où nous serons à 8 h demain matin. Nous sommes prévenus : les eaux du Cap Horn sont « hazardous » par la violence conjuguée du vent et des courants qui peuvent générer de très fortes vagues, et la présence d’icebergs. Le capitaine nous mettra peut-être entre les mains de Neptune ou de Poséidon ?

Je réalise pleinement que je vis là des moments magiques et exceptionnels auxquels rien ne m’avait préparée.

42 – Cap Horn & Drake Passage  – en mer

Mardi 15 février 2011

Ce matin, la TV du bord annonce que nous avons parcouru 10.800 knots depuis le départ, soit 20.001 km ! Si j’avais dû les faire à pied, je ne serais pas là au chaud devant mon clavier !

Prendre une douche devient « hazardous » (risqué) tant le bateau est secoué… et nous sommes encore loin du Horn, que l’on devrait croiser autour de 20 h ce soir. Des rorquals ont été vus, mais je scrute en vain la mer qui « écumoie » et les vagues qui « moussoient ».

Ma fille Corail aimerait que je fasse une bise aux phoques. D’abord ils sont loin, et je ne suis pas sûre qu’ils aimeraient le parfum de mon nouveau dentifrice. Pas encore vu la Croix du Sud, mais si le ciel se dégage, ça devrait être bon ces jours-ci.

DSCN0937La crème brûlée était à l’honneur à la démonstration de cuisine du chef du Pinnacle, plusDSCN0938 appréciée de l’assistance que les brochettes de crevettes servies sur des tranches de pain frit à l’huile et enduit d’une sauce compliquée. Pas de quoi révolutionner la gastronomie internationale. J’ai soumis deux autres recettes après celle du beurre blanc : le foie gras au sel et ma gibelotte de lapin. Les Américains se remettent doucement à manger du lapin qui, pendant des décennies, a été banni de leur table. Pendant la crise de 1929 et les années suivantes, les fermiers qui avaient été contraints de manger leur bétail et leurs semences, ont dû se nourrir d’animaux sauvages, dont les lapins, et, la crise passée, ce dernier était devenu un tel symbole de la misère que les ménagères ne le préparaient plus. A la fin, on ne savait plus très bien pourquoi on n’en mangeait pas. Un peu comme chez nous le topinambour, symbole de l’Occupation, que les Français ne consomment plus.

L’aquarelle du jour : une mer au soleil couchant dont la dernière vague se brise sur des rochers.

Le show est avancé à 18/30 h et c’est la chanteuse lyrique qui a re-interprété Carmen à sa façon qui est l’invitée du jour, et le saxophoniste en seconde partie.

 
Carmen... revisitée

DSCN0964IL EST LA ! Juste sous nos yeux : le Cap Horn ! Est-ce le roc qui se découpe en sombre sur le ciel pommelé, ou est-ce le glacier qui apparaît comme des sky-scrappers gris-bleuté ?  Pour ne pas faillir à une tradition maintenant solidement établie, j’avais préparé un message à glisser dans une fillette vidée de son vin. Quoi qu’il en soit, j’ai lancé ma bouteille à la mer, n’ayant pas voulu ajouter aux déchets venus de partout qui arrivent sur l’Antarctique. La force des courants du Horn va la conduire vers le Pacifique vraisemblablement, où elle rencontrera peut-être celle qu’avec les copains, j’avais lancée en 2003 au passage du Détroit de Magellan...

Demain, Ushuaïa où je reviens parce que j’y ai mangé les baies violettes dont la croyance populaire dit que si on veut y revenir, il faut les goûter.

 
Le Cap Horn

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Commentaires
T
et bien, en ce moment, le froid voudrait faire croire que chez moi, c' est le cap Horn !<br /> bonne fin de semaine<br /> bises
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D
Quel endroit mythique !<br /> Je pense à ceux qui faisaient le tour de ce caillou à la voile !! <br /> <br /> A bientôt...
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B
Chère Gwen, Juste un petit message pour te remercier de tes passages (ça rime, mais c'est moins intéressant que ton journal de bord). En ce moment, je n'ai pas trop la tête à peindre (because nouvelle vie qui démarre :o) mais la retraite approche, ce qui me laissera beaucoup de temps libre pour me remettre aux pinceaux.<br /> Je n'ai pas eu le temps de lire ton récit en entier, mais je reviendrai pour déguster son ambiance qui me fait un peu penser aux romans d'Agatha Christie.<br /> <br /> Plein de bonnes choses pour toi.
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T
ca doit revigorer d'aller dans une piscine froide, lol<br /> bonne soirée
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N
Et bien chère bourlingueuse, tu en vois du pays. Quand va-tu poser ton bâton de pèlerin ?
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