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La Bourlingueuse
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25 avril 2011

L'Opéra en pleine jungle

13 – Manaus – Brésil

 

LundDSCN9028i 17 janvier 2010

DSCN9031Notre guide a le visage indien et une silhouette qui me rappelle Edison de notre équipée péruvo-bolivienne de l’an 2000. Le bus Mercedes d’aujourd’hui a deux défauts majeurs : des amortisseurs hors d’usage et l’air conditionné en bon état de marche et fixé sur la glaciation maxi. Et je n’ai pas pris de foulard !.. C’est la traversée d’une ville banale sud-américaine sans autres DSCN9043P1010004témoignages de sa splendeur passée que quelques maisons qui, le plus souvent, ont mal vieilli, mais dont la merveille absolue est la concrétisation du rêve fou des barons du latex, ces mégalomanes qui ne savaient plus quoi faire de leur argent : un opéra dans la jungle !

Construit en 15 ans avec des matériaux importés d’Europe (marbres d’Italie et de France) les 36.000 tuiles de céramique vitrifiée qui recouvrent son dôme forment une mosaïque avec les couleurs du drapeau brésilien. Seuls les bois sont venus de Bahia.

Les gros oiseaux noirs qui tournoient autour de l’église en P1010007DSCN9048pierre verte San Antonio seraient des vautours ou plutôt des urubus… L’Opéra House est blanc et rose. Le monument sur la place devant la façade est une évocation des quatre continents, et les pierres qui la pavent en longues lignes sinueuses blanches et noires symbolisent la rencontre du Rio Negro et de la petite Amazone aussi nommée Rio Simoloes.  

L’Opéra est aujourd’hui en pleine ville, mais il faut imaginer qu’à son inauguration, le 31 décembre 1896, il était dans la jungle !  Sarah Bernhardt y est venue jouer…

DSCN9054DSCN9052Bien que le guide dise que l’extérieur est aussi en marbre, les pierres peintes à hauteur de regard n’en sont assurément pas, mais le hall est orné d’élégantes colonnes classiques et la décoration y est raffinée. La visite commence par le foyer, dont j’ai pu traverser toute la largeur avant de m’apercevoir qu’il fallait d’abord enfiler des « chaussons » démesurés pour préserver le parquet. Les petits salons attenants que je vais voir en douce abritent des costumes de la Walkyrie de Richard Wagner et les petits chaussons de la danseuse Dame Margot Fonteyn. Dans le couloir qui longe le foyer, DSCN9059DSCN9060les chaises rustiques Henri II à montants spiralés de chêne sombre sont les sœurs de celles que j’ai vendues il y a une dizaine d’années un bon prix pour un client US ! Un ami nous les avait données après le décès de sa mère, personne n’en voulant dans sa famille…

Avant de pénétrer dans la salle de 700 places où l’on entend jouer de la musique d’opéra, le groupe est réparti dans des petites loges. La scène est occupée par un orchestre de jeunes musiciens en pleine répétition sous la baguette d’un chef à peine plus âgé. En posant l’appareil sur le balcon, les photos sans flash sont assez DSCN9072DSCN9069bonnes. Les détails du plafond sont inspirés de l’idée que les spectateurs sont sous la Tour Eiffel et regardent en haut. Le lustre en occupe le centre. L’harmonie des teintes et le raffinement de la salle sont un défi aux lieux où se trouvait cet opéra lors de sa construction.

Les nantis de l’époque florissante de la ville (Allemands pour la plupart) faisaient laver leur linge à DSCN9073DSCN9078Londres, (mais j’ai su depuis que c’était par crainte de contracter la fièvre jaune dont les eaux locales abritaient les germes redoutables). L’un d’eux fit bâtir un somptueux palais qui, racheté par le Gouvernement, brésilien est maintenant devenu un musée.

Le marché aux fruits (l’Amazonie n’en produit quasiment pas) devant lequel le bus marque un arrêt est censé avoir été copié sur les Halles de Paris, mais je n’ai pas reconnu le Pavillon Baltard qui a été préservé.

J’ai laissé mon sac et mes dollars à bord et je dois emprunter pour le sacro-saint « tip » du guide et du chauffeur. Joyce, d’autorité, me donne 7 dollars : 2 pour le chauffeur, 5 pour le guide. Mais la femme qui se tient de l’autre côté de l’allée a préparé deux billets de 10 dollars… Leur générosité est si publiquement affichée que c’est peut-être une des raisons pour lesquelles les Américains sont si peu aimés dans le monde. Ceux d’entre eux qui n’ont pas de problèmes pécuniaires ne se sentent pas honteux, puisque leur morale protestante veut que « C’est parce que Dieu l’a voulu ainsi » qu’ils sont riches. Et l’inverse est hélas ! aussi vrai…

 Au moment du départ, Manaus est sous un déluge et nous ne verrons pas s’éloigner la ville, noyée dans une brume grise.    

DSCN9100Nous allons célébrer ce soir l’anniversaire de Geri. Elle a pu photographier deux œufs debout sur l’Equateur et je vais copier sa photo. J’ai voulu dîner léger, car je pensais bien que le gâteau qu’avait prévu le maître d’hôtel serait pour douze au lieu de six ! Ils sont venus à dix chanter un air indonésien de circonstance en tapant des mains.

La harpiste blonde et sa harpe sont toutes les deux en rouge. Elle en fourreau pailleté, la harpe en plastique : la septième parmi ses instruments, et la dernière entrée dans sa vie.

Sheiley Dominguez est Vénézuélienne, et elle commence le concert par « Don’t cry for me Argentina » (Ne pleure pas pour moi Argentine) écrit pour Evita Peron longtemps après sa mort. La salle est sous le charme, et la harpiste laisse courir ses doigts sur les cordes avec un plaisir si évident que sa joie irradie même son auditoire. Après nous avoir joué les grands classiques de son instrument dont le fameux « Arpèges » de Claude Debussy, la voilà qui se lâche avec Zorba le Grec et l’incomparable Comparsita, le tango qui me faisait chavirer dans l’Antiquité de ma jeunesse !

Elle a fait un triomphe mérité !

De retour à la cabine, j’ai demandé à Joyce si elle se souvenait de la mort d’Eva Peron. Oui, elle était étudiante. Moi j’étais avec ma mère et des amis sur la Tour Eiffel, et à notre descente sur le Champ de Mars, les crieurs de journaux montraient leur « une » sur laquelle sa disparition faisait les gros titres. C’était en juillet 1952, et les Français étaient sous le choc de la disparition de cette femme lumineuse qui avait tant fait pour les descamisados argentins… mais pour laquelle on avait occulté les facilités accordées aux nazis par le régime fascisant de son mari pour se réfugier en Argentine après la guerre.

 DSCN9035 

 

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Commentaires
D
L'opéra de Manaus a été célébré à sa juste mesure à la fois par le talent des plus grands (Sarah Bernhardt, Caruso) mais forme aussi le cadre des premiers plans du film "Fitzcarraldo" du talentueux réalisateur allemand Werner Herzog (réalisateur du fameux "Aguirre, la colère de Dieu" tourné au Pérou), artiste qui avait - lui aussi - été fasciné par ce monument dédié à l'art lyrique... et bâti quasiment en pleine jungle amazonienne... Ah, j'avoue que j'écouterais bien "la Comparsita", ce tango que tu évoques avec tellement de bonheur et humour... Merci de ta visite et, je l'espère, à bientôt pour d'autres partages !<br /> <br /> PS : il est vrai que la toilette brodée de "notre" Mariée de Quimperlé est formidable... et sûrement unique ! Amitiés...
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A
Un bien beau théâtre que certaines villes françaises leur envieraient! Toujours la belle vie pour toi, je vois!!!
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L
belle phrase que : l'antiquité de ma jeunesse à croire que tu es devenue comme maitre IODA
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C
Bonjour MoM<br /> <br /> Je viens de me mettre sur ton blog. Les photos sont superbes;<br /> Il y a plein de blanc sur le haut du blog est ce normal ? <br /> Je lis un peu de temps en temps !<br /> Les petits enfants vont bien.<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Hélenne
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M
Plaisir de lire la suite de ton voyage Gwen. Tu m'as fait rire en parlant de "l'Antiquité de [ta] jeunesse". <br /> Je t'embrasse, <br /> Michele
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