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La Bourlingueuse
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7 mars 2011

Le Pérou et ses mystères

A Flo : je rentre 13 mars train de Lille 16.30 h côté sud

Bises 

54 – Paracas – Pérou

Dimanche 27 février 2011-02-28

Lorsque j’écarte les rideaux de la cabine vers 6.30 h, tout est noyé dans une brume épaisse. Sera-t-il possible d’apercevoir le mystérieux et célèbre Chandelier des Andes, ce géoglyphe  gravé dans la montagne et qui ne peut être vu que de la mer ? Nul ne sait quand et par qui il fut construit, ni quelles en furent les raisons. Etait-il un amer pour les navigateurs ? Faut-il l’associer aux lignes de Nazca toutes proches, auxquelles Maria Reiche a consacré sa vie sans pouvoir en trouver la signification ? Ces lignes ne furent découvertes par un aviateur que vers les années 30 du XXe siècle, car indécelables au sol, elles ne sont visibles que d’en haut. Ces sites ont été préservés par l’extrême sécheresse des lieux. Les pluies venant de l’Atlantique sont arrêtées par les hauts sommets des Andes, dont les versants est sont arrosés et verdoyants, tandis que ceux faisant face au Pacifique sont un désert absolu.

Même s’il est connu sous le vocable Candelabra, il ressemble plus à un trident, bien que certains l’assimilent plutôt à un cactus de la région aux propriétés hallucinogènes qui permettaient aux chamans en transes d’annoncer leurs prophéties. La brume s’est peu à peu dissipée et le Prinsendam s’est doucement approché jusqu’à la limite de sécurité de navigation. Nous l’avions mieux vu l’autre fois, car la lumière rasante en soulignait les reliefs. J’en ai entendu parler la toute première fois à la TV du temps où il n’y avait qu’une chaîne en noir et blanc, à l’émission-culte « Cinq Colonnes à la Une » de Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère… pour ceux qui s’en souviennent ! Pouvais- je prévoir à cette époque que j’aurais l’opportunité de l’avoir sous les yeux non pas une, mais deux fois dans ma vie ?

Le bateau a lentement viré pour reprendre sa route vers Puerto San Martin, du nom du libérateur qui fomenta la révolte qui permit au Pérou de se détacher du royaume d’Espagne. Un service de navettes permet d’aller à Paracas, d’où l’on s’embarque pour les îles Ballestas, où j’ai laissé Joyce aller seule, puisque je connais les lieux. J’avais oublié que les conducteurs péruviens (hormis nos guides, qui étaient irréprochables sur ce point) prennent les virages au plus court et doublent en haut de côte sans états d’âme. Mais tout le monde est revenu indemne de la virée.

J’ai cru que c’était jour de marché à Paracas, et que j’en rapporterais des images colorées, mais j’ai vu une plage bondée un dimanche d’été. J’en ai fait quelques clichés insolites et pu prendre quelques beaux portraits. Marisole me hèle pendant une tentative de séduction d’un bébé dans les bras de sa mère ravie. Vêtue d’une robe rouge sexy, elle a grande allure et est avec une autre Marisol, sa mère, qui l’accompagne sur le bateau. Simon est le patronyme de son mari qui pense avoir des ascendances françaises.

Au dîner, Joyce explique combien elle est ravie de sa balade. « Incredible » dit-elle, d’avoir vu tant d’oiseaux, de phoques, de pingouins et d’animaux différents sur les mêmes rochers. Diana l’attaque de front : « Idiot d’aller voir des animaux qu’on trouve partout (sic) au lieu de visiter des ruines ». Je me sens obligée d’intervenir en lui rappelant que chacun est libre de voir ce à quoi il est sensible. Pour sa part, elle est allée à la plage, parce qu’on lui a dit que c’était dangereux et elle s’est baignée pendant qu’une famille surveillait son sac. Je pense qu’elle a confondu avec la ville de Pisco toute proche, où, même de jour, il est risqué pour les touristes de s’aventurer. Je me souviens parfaitement que nos guides nous avaient enfermés dans les 4/4 sous la surveillance d’Edison, tandis qu’Aquiles était parti assurer l’intendance.

Diana ne se remet pas de la mort récente de son mari qui a été euthanasié à sa demande, et avec lequel elle a passé sa vie à voyager.

Les Oscars sont décernés aujourd’hui à Hollywood et le Prinsendam en est ce soir la succursale. Nous avons tous été « oscarisés » par un collier de pacotille, et le Show-room a déroulé le tapis rouge pour une retransmission en direct à la TV. La moisson qu’a récoltée le film « Inception » me démontre que la cartésienne que je suis a eu grand tort de ne pas entrer dans son scénario. Le grand Prix a été décerné à « King’s speech » dont les extraits m’ont fait penser aux difficultés d’élocution du roi George VI, le père d’Elizabeth II, mais je dois attendre de voir le film à mon retour pour le savoir…

 

55 – Lima – Pérou

Lundi 28 février 2011

Thibaud célèbre aujourd’hui ses 19 ans et j’ai pu sans (trop) de mal lui adresser un courriel, puisqu’il n’y a pas de 29 février, ni de « Bougie du Sapeur » cette année !

Je suis restée dans la cabine pour que Monica puisse m’y appeler… J’ai attendu longtemps, et m’apprêtais à lui envoyer un mail lorsque le téléphone a sonné : en fait, sa mère et elle avaient été retardées mais elles sont toutes les deux à bord et vont venir jusqu’à la chambre 378. Maria Antonietta est la maman de deux enfants, Carlos et Monica. Après avoir fait connaissance, nous sommes parties en taxi depuis le port de Callao, et notre chauffeur s’est arrêté prendre de l’essence (pas plus de 10 litres vu le peu de temps du remplissage) pour lequel Monica a tendu un billet. En chemin, une superbe DS19 Citroën nous a croisés, et j’ai expliqué que cette voiture française a plus de cinquante ans ! Beaucoup de VW roulent encore en Amérique Latine…

 A la place d’Armes, je me suis retrouvée comme onze ans auparavant, devant la cathédrale et le palais présidentiel où, avec les copains, nous avions assisté à une scène d’opérette relève de la garde assez pittoresque. Le taxi s’est arrêté sur le côté du palais que je me souviens avoir longé, à la porte d’un restaurant devant lequel nous sommes forcément passés. Carlos vient peu après nous rejoindre. Il a 30 ans, un sourire éclatant et ses cheveux grisonnent. Il parle plusieurs langues dont le français. Sa mère a enseigné l’espagnol à Hambourg avant son mariage.

Je les ai laissés choisir le repas (péruvien est-il besoin de préciser ?) que nous avons entamé avec un verre de pisco mousseux (un  mélange d’alcool citronné et blanc d’œuf battu) et arrosé de la bière cervoise locale. Nous n’avons parlé qu’en français, que Maria Antonietta peut comprendre un peu. Carlos travaille tout près dans un journal sportif où il dessine. Il doit repartir travailler, et nous allons revenir toutes les trois au bateau. La cathédrale proche est pour l’heure transformée en musée dont l’entrée est payante. L’ayant déjà visitée avec les copains et Edison, je la regarde une dernière fois…

Trouver un taxi pour Callao le port de Lima n’est pas une mince affaire : les conducteurs travaillent dans une zone délimitée, et lorsque l’un d’eux accepte enfin, il nous laissera à la périphérie de Lima dans un lieu où nous trouverons un bus jusqu’au port de Callao. C’est la première fois que je vois un chauffeur de taxi en cage ! Le trajet m’a semblé beaucoup plus long qu’à l’aller, et je réalise que si le parc automobile des Liméens a changé (il n’y a plus d’épaves roulantes) leur manière de conduire est restée la même. Ici on n’utilise que deux commandes de la voiture, le klaxon et l’accélérateur ! Le clignotant, c’est seulement une option !

Un petit bus s’arrête qui va nous permettre de regagner le port ; il est occupé par des familles que je prends en photo sous les yeux amusés de l’encaisseur puis du conducteur réjouis qui en plaisantent. Sur le trottoir en sortant près de l’entrée du terminal, nous nous serrons toutes les trois par sécurité, car, disent-elles, le quartier n’est pas sûr…

A l’entrée du Prinsendam, Monica est reconnue et elle a plaisir à présenter sa maman aux collègues… Joey que nous croisons, me propose pour demain une visite à un haras où nous verrons le dressage des chevaux andins. Le Lido est le lieu des délices où nous allons déguster une crème glacée. Maria Antonietta va continuer avec sa fille la visite du bateau, tandis que je vais aller choisir la photo qui sera le dernier vrai portrait de ma vie, parmi les 36 clichés proposés.

Diana s’est endormie et n’est pas parue au dîner, parce qu’elle pensait que tous les autres se rendraient au repas italien donné sur le pont central (elle fait erreur, c’est prévu demain).

C’est un magicien qui a régalé son public de tours inédits et on a beau le savoir : y a un truc… mais on n’y voit que du feu !

La vente a rapporté 6.600 et qq $ sans que j’aie pu savoir à combien sont parti(e)s mes (chefs d’) œuvres. Joyce avait mis une option sur l’une d’elles, mais quelqu’un a surenchéri. J’aurais aimé savoir laquelle a été le mieux vendue et à quel prix.

 

56 – Lima – Pérou

Mardi 1er mars 2011

Joey a repris le même taxi driver qu’elle avait hier et il est ponctuel. Luis est d’origine africaine évidente, et ils sont peu parmi les Péruviens dont les traits andins marqués leur viennent des Quechuas, quand ils ne sont pas d’ascendance espagnole. Y aurait-il eu des esclaves au Pérou qui seraient ses ancêtres ? Ou sont-ils venus du Brésil jusqu’ici au cours des siècles ?

Il nous a conduites par le chemin le plus long par la côte du Pacifique (mais Joey avait négocié hier le forfait pour la journée d’aujourd’hui). C’est avec surprise que je reconnais la playa où nous avait reçus Suzanna dans sa jolie maison-forteresse du bord de mer. Je raconte à Joey que le mari de celle-ci, pilote de chasse, avait été tout bonnement viré de l’Armée après un accident cardiaque…

Les villas-bunkers sont édifiées derrière des murs entre la route Panaméricaine et le Pacifique. De l’autre côté, des collines offrent au regard une incroyable aridité lunaire, même si la condensation couvre leurs flancs de nuées statiques qui ne les mouillent pas. Un double portail défend l’entrée de l’hacienda « Los Ficus » dont le décor de bougainvillées et d’ombre fraîche semble un éden après l’absolue sécheresse que l’on vient de voir. Nous sommes invitées à boire un pisco sour servi avec des petites pommes de terre rondes qu’à l’aide d’une pique on plonge dans une sauce au safran très légèrement relevée. Après cette pause bienfaisante, l’hôtesse chapeautée d’un panama nous propose de la suivre pour visiter l’hacienda. Nous sommes dans un domaine privé, dont la trentaine de chevaux qui y vivent sont essentiellement des reproducteurs de la race de chevaux péruvienne : le Paso. Il faut se souvenir que les chevaux étaient inconnus des autochtones Indiens lorsque les conquistadors espagnols arrivèrent avec les leurs. Quelques-uns de ceux-ci s’échappèrent et se reproduisirent librement en redevenant sauvages.

Une naissance est attendue et espérée pour ce soir. Un poulain de deux semaines haut sur pattes joue près de sa mère, dont il sera séparé à quatre mois pour être regroupé avec les jeunes du même âge. Puis il (elle) sera éduqué(e), mais son heureux caractère en fera une monture exceptionnelle. Les meilleurs des meilleurs seront sélectionnés et leur semence vendue à prix d’or, tandis que les femelles poulineront. Une exhibition est prévue à 13 h, à laquelle devraient participer une quinzaine de passagers du Prinsendam qui ont payé cher leur excursion (dont Jane qui est stupéfaite de nous voir là). Nous avons eu deux heures pour tout voir de l’hacienda avant leur arrivée, depuis les enclos où chaque étalon a son propre abri et son espace d’herbe, jusqu’aux prés où paissent les futures mères, et d’autres prairies encore où les jeunes folâtrent comme des poulains qu’ils sont entre les juments qu’ils tètent au passage. Nous avons vu aussi le pitt où se mesurent  les coqs de combat : le propriétaire des lieux en a une bonne centaine dans des boxes individuels… Le jardin est abondamment fleuri, et un puits généreux fournit à l’hacienda toute l’eau qu’il lui faut pour les chevaux et l’arrosage des pelouses.

Plusieurs présentations de « danses » de chevaux avec des cavaliers de blanc vêtus montrent la docilité et l’extrême fluidité de leur marche élégante. J’ai savouré ces moments particuliers dans ce décor si raffiné. Avant le lunch, ceux qui le souhaitent peuvent monter. Je vais voir si mes prothèses vont supporter l’épreuve… Oui ! Mais si monter en selle n’a pas posé trop de difficultés, descendre m’a paru plus périlleux, et j’ai été bien contente d’avoir l’aide de deux caballeros. Le petit tour du pré n’a pas fait de moi une cavalière émérite, mais au moins, j’ai pris quelques instants de bon temps ! Joey, à l’inverse, a une bonne assiette qui montre une longue expérience.

Elle m’a longuement parlé des trois ans et demi qu’elle a passés non loin de Limoges, dans un bourg de campagne de moins de 200 personnes, dont le rejet a été systématique (hormis le vétérinaire) et les tracasseries administratives des édiles qui frôlaient l’illégalité. J’ai eu honte de mes compatriotes et le lui ai dit. Sa réponse « Oui ! Vous pouvez en effet avoir honte d’eux… ». Son mari et elle ont fini par vendre la maison à un jeune couple qui, n’ayant pas l’argent disponible, a accepté la proposition de Joey de leur avancer l’apport personnel qui leur a permis d’obtenir un prêt bancaire, et qu’ils se sont engagés à rembourser un an après. C’était en 2007 : le jeune couple n’a pas payé et ne répond pas aux lettres du notaire… Elle en a des dizaines à raconter : des histoires de mitoyenneté, de plan d’urbanisme, d’un voisin venu lui vendre des champignons cueillis dans son propre pré… Ils ont mieux compris quand, lors d’une élection, ils ont vu que plus de 50 % des électeurs avaient voté Le Pen.  Le nom de cette commune si accueillante ? St Marcel le Mont…

Au cours de cette journée, une cinquantaine d’enfants de l’école des sourds-muets de Lima ont passé la journée sur le bateau où ils ont joué, déjeuné, se sont déguisés, ont emporté des tas de cadeaux et le chèque de 6.600 dollars, fruit de la vente des tricots, photos et aquarelles.

Lisa, ancienne infirmière d’hôpital, pouffe soudain de rire au cours du dîner, et nous fait profiter des raisons de son hilarité : le récipient dans lequel la jeune sommelière fait décanter le vin rouge à la table d’honneur fait plus penser à l’ustensile connu sous le nom de « pistolet » qu’à une carafe de grand cru ! Où les designers vont-ils donc chercher leur inspiration ?

 Paul et Jana ont été les grands lauréats du « Dancing With the Stars », et lorsqu’ils évoluent sur la scène, personne n’est surpris de ce succès, tant ils sont en harmonie, vifs, souples et gracieux…

 

 

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Commentaires
T
sur Arte de nombreuses émissions sont consacrées à aux Andes, et je t' avoue comparer, ajouter à mon voyage par la lecture et l' image
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M
Quel régal une fois de plus de te lire, Gwen ! A bientôt j'espère. <br /> Je t'embrasse
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P
Oui il est "trop bien" ton texte!!!<br /> ENCORE!<br /> Bise.<br /> Un de tes fils!
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C
Nous avons hâte de te parler ! <br /> Nous repartons au bateau ce soir ou demain (c'est le carnaval). Hier nous sommes restés bloqués pendant 1/2 heure à St François. Il y avait des milliers de voitures (en vrai) sur toutes les rues et routes disponibles !<br /> Nous sommes rentrés de l'Iguane à 1h et encore pleins de gens sur la route. Le carnaval fait de plus en plus d'émules mais peu de spectateurs déguisés...
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M
Ok pour le retour je serais là<br /> Profite bien de la fin du voyage<br /> Bisous de nous 4
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