38 Da Nang Vietnam
Samedi 31 octobre 2009
Quelque chose me tracasse, comme si j’avais oublié quelque chose : réveillée plusieurs fois dans la nuit, je sais cependant que le service room sera à l’heure et que je ne manquerai pas le départ, puisque mon réveille-matin habituel (Joyce) a choisi une autre sortie plus matinale. Elle proposait de m’appeler à 6.45 h. Mais Madame, à cette heure là… je dors ! D’autant plus que j’ai tout mon temps, je ne pars qu’à 9 h.
C’est en présentant ma carte magnétique à la sortie du bateau que je réalise l’absence de ma carte bancaire dans l’étui que je porte au cou et qui contient en outre la formule de visa pour le Vietnam, et une carte d’entrée en Chine. Tandis que j’avance sur le quai vers le bus, j’interroge mon cerveau qui répond à toute vitesse. .. Mon subconscient m’avait alertée cette nuit, et je n’ai pas su réagir…
Je m’installe seule au fond du bus pour réfléchir sans être dérangée par des voisins volubiles. Voyons : le dernier achat que j’ai fait c’est à Saigon, dans cet atelier de laque… Je me revois près de la caisse, l’employée tendant à la Hollandaise
Dehors, une lourde chaleur épaisse et moite me saisit, que la brise de mer est trop faible pour balayer. Une longue file de rickshaws est alignée à la sortie du musée, et nous sommes invités à faire un tour en ville en cet équipage. Je ne suis pas à l’aise, même si je sais que l’homme qui pédale derrière moi assure sa pitance et celle de sa famille par la force de ses mollets. Il a à cœur de me montrer les hôtels de luxe, les restaurants pour touristes, les supermarchés… Ce qui m’intéresse, moi, ce sont les scènes de rue, les marchés, les motocyclistes arrêtés au feu rouge, les yeux d’enfant, la vie quoi ! Les rickshaws se sont peu ou prou dispersés, selon le gré des pédaleurs. D’autorité, le mien s’est arrêté devant la cathédrale, disant qu’il est catholique ; beaucoup de Vietnamiens le sont restés, les autorités étant selon les lieux plus ou moins débonnaires.
Quarante cinq minutes qu’il pédale, doucement, sur du plat, mais il pédale. J’ai voulu lui demander si des personnes de sa famille étaient mortes à la guerre. Il m’a dit « oui », mais je ne suis pas sûre qu’il ait compris, car il a deux ou trois fois répondu « oui » à des questions que je ne posais pas. Même si le guide m’a dit que nous n’avions rien à payer, j’ai trouvé normal de lui déposer un « tip » dans la main…
A Da Nang, beaucoup d’artisans sculpteurs modèlent indifféremment Bouddha, Jésus, des lions, la Vierge, des dragons… Ici comme ailleurs, il suffit commander, le client est roi !
Avant peu, les chaînes d’hôtels internationales auront investi les plages de Da Nang ; parmi d’autres, un hôtel Méridien va s’élever à la place de petites maisons de pêcheurs en cours de démolition. Au loin, une très grande Madame « Bouddha » blanche se dresse sur la côte et protège les pêcheurs. Nous sommes invités à nous détendre quelques instants sur la plage de sable clair sous les cocotiers, mais je suis « repartie » à Saigon à la recherche de ma carte bancaire, et préfère rester dans le bus à refaire le parcours de mes achats, tout en observant mes compagnons de route en pleine séance photo. Un peu plus loin, des pêcheurs tirent leur filet sur la plage et le bus stoppe pour ceux qui désirent y assister. Pas moi, car je déroule dans ma tête les ennuis qui vont m’arriver : je n’aurai plus un radis à Hong Kong où je voulais, avec les conseils de Kathy et Serina, faire mes derniers achats… et surtout, je ne pourrai pas payer le billet de train de mon retour que, faute d’être certaine des horaires d’arrivée, j’ai décidé d’acheter à Roissy. Il me reste 30 €, et je peux emprunter des $ à Joyce, mais je doute que la SNCF accepte des devises étrangères pour compléter…
En bref, je n’ai pas vu les pêcheurs tirer leur filet, mais j’ai vu des vaches prendre le frais sous un arbre, et un homme qui vernissait le ventre de son bateau de fibres tissées. Entre deux barques, une tente arbore en toute simplicité le drapeau du Viet Nam. Ah ! en passant ce matin devant un bâtiment, deux drapeaux étaient déployés : le pavillon national, rouge à étoile unique sur l’un, et… la faucille et le marteau sur l’autre.
De retour au bateau, j’ouvre tous les tiroirs de la cabine, fouille les poches et le paquet de Saigon, certaine de retrouver ma carte… Mon sang se glace car le scénario catastrophe se précise : je dois aller immédiatement au front desk mettre en branle les opérations de récupération !
J’abrège… J’ai consulté par l’Internet mon compte bancaire afin de voir si des indélicats ne se seraient pas servis. Non ! le dernier débit est celui de Saigon. Entre temps, on a téléphoné à la boutique mais ma carte n’y est pas, et le personnel du bateau est tout prêt à m’aider. Le réceptionniste dit qu’on m’appellera dans ma cabine, et au moment où je m'éloigne, il me rappelle… il tient ma carte à la main ! Elle a été trouvée sur le bateau par une personne qui n’a pas donné son nom et je ne peux pas la remercier… Je me suis sentie devenue livide d’émotion.
Quel soulagement en cette nuit d’Halloween !
J’ai dîné sans Joyce qui se disait fatiguée, mais avec des Canadiens de Vancouver, des Australiens et Néo Zélandais. Au piano bar où je fais une incursion pour m’assurer qu’il n’a pas été arrêté pour notre infraction d’hier soir (la bouteille à la mer) Jean-Paul est en Capitaine Crochet avec un voile noir sur le visage, mais il tape sur son clavier sans fausse note.
Une heure de plus à nos montres, et c’est déjà demain ! Nous voici dans le fuseau horaire de Pékin, Hong Kong et Singapour, et Agus à qui j’ai confié mes soucis de carte mais qui ne sait pas qu’elle est retrouvée m'a offert ce soir un drôle de chien aux ailes papillon, qui se croise les bras !