37 Mer de Chine Méridionale
Vendredi 30 octobre 2009
Cinquante six ans ce jour que j’ai dit « oui » à l’homme de ma vie… mais il n’est plus là pour célébrer cet anniversaire.
Je me suis installée sur l’admirable table en marbre et aux piétements de pierre sculptée dont j’ai déjà parlé et j’ai dégagé tout ce qui pouvait nuire à l’ensemble de ce travail d’artiste.
J’ai investi la seule place où un plug est disponible (une prise électrique) et l’adaptateur multiple sur lequel j’ai branché l’ordinateur intrigue beaucoup ceux qui ne connaissent que le modèle simple que j’utilise aussi. Pas facile à la fois d’écrire et de tenir conversation avec des gens que mon « charming french accent » dénonce et qui ont envie de se présenter et de dire s’ils ont ou non visité la France. Il arrive même que certains Australiens soient allés en Bretagne ! L’un m’a parlé de Concarneau et de la Montagne de St Michel (traduisez Mont St Michel).
Le captain Pieter Visser annonce qu’un typhon (encore un, ou est-ce toujours le même qui n’en finit plus de tourner ?) va le contraindre à modifier notre itinéraire, et après Da Nang dernière étape au Vietnam, nous n’irons pas à l’île Sanya Hainan, en Chine, mais à Xiamen où nous passerons deux jours au lieu d’un.
Avant son bridge, Joyce me rejoint à la bibliothèque où elle sait me retrouver, pour voir les photos prises hier à Saigon. Avant de partir, elle me rappelle qu’elle passera me chercher dans ma cabine à 6.30 h et que le dîner est « formal », ce que je sais déjà.
Tandis que je revois des photos, un couple d’Australiens s’installe jouer au Scrabble près de moi, mais ils ont plus envie de me parler de leur pays que de jouer ! La Barrière de Corail, Sydney… Sue me dessine un croquis de son pays, parle de leur vie dans une région peu peuplée sur la côte méridionale, et précise qu’ils ont un climat méditerranéen… et que je serai la bienvenue chez eux.
A nouveau seule, je m’occupe à la rédaction de ce carnet de bord, attaque deux sudoku et une grille de mots croisés (en anglais, mais je n’ai pas brillé), le temps passe et je dois déposer au front desk les derniers papiers pour la seconde entrée en Chine, puisque nous sommes entre-temps passés par Hong Kong et le Viet Nam). Ils n’ont pas eu hier soir les timbres du Vietnam (aussi chers que ceux de Chine, mais moins que ceux du Japon) et, me voyant avec des cartes postales à la main, le réceptionniste me conseille d’attendre le retour à Hong Kong, où le prix des timbres est raisonnable si le courrier n’est pas urgent… Message reçu 5/5.
Je sais que Joyce va se pointer entre 6.15 et 6.20 h. Je me fais donc un plaisir de lui ouvrir en toute petite tenue… « I am too early ! » (Je suis trop tôt !) Yessss Ma’am, you are… like every day (Oui, comme chaque jour). Nous quittons la cabine à 6.30 h pile… et arrivons, bien sûr, dans un théâtre vide, mais les premières !
Nous avons tout notre temps pour parler de mon mariage il y a si longtemps… Combien étions-nous ? Une petite cinquantaine, famille et amis très proches, seulement, mon père étant mort un peu plus de deux mois auparavant. Et à l’église, combien ? C’est la première fois qu’on me pose cette question ! Elle avance un chiffre : 500 ? 400 ? J’ai dit 200, ce qui approche de la vérité vue à travers une loupe grossissante !
Au mariage de sa fille Ana, les quatre parents étant chacun issus de familles de sept et huit enfants, avec les oncles, tantes et cousins, ils avaient dû inviter près de 700 personnes et ils se sont retrouvés 588 ! Scott son fils, et Ping, sa bru chinoise, se sont mariés avec juste leurs parents…
Jeri Sager est une chanteuse de Broadway qui possède un grand talent et qui, avec pétulance, a interprété quelques fantaisies écrites pour elle, et enchaîné sur des lyrics par la mélodie pleine de sensibilité de Cats « Memories » et terminé magistralement par « Cabaret ». Quelle puissance, et quelle voix !
La table de quatre ne sera occupée que par nous deux. La mer est grosse, le bateau vibre et il doit y avoir des malades. Nous passons au piano-bar où je récupère en douce le message de Jean-Paul que l’on va jeter tout à l’heure à la mer. Rendez-vous est pris pour 11.30 h. Je rentre rédiger mon propre texte, roule soigneusement le papier après l’avoir pris en photo, enfonce le bouchon à force dans le goulot à grands coups contre le lavabo, et enfin visse la fermeture…
Jean-Paul m’attend et nous filons au deck 8 où il reste encore du monde. Le deck 7 quoique plus étroit semble l’endroit propice à notre action illicite… Joyce n'a pas été mise dans la confidence, trop soucieuse de ne pas sortir des rails de la légalité. Mon complice en revanche, est ravi de participer à cette équipée, et il fixe l’instant où j’ajuste mon tir en dehors du sillage où les eaux bouillonnantes pourraient entamer l’intégrité de la bouteille…
Lancée dans les eaux vietnamiennes de la Mer de Chine Méridionale, a-t-elle des chances d’être découverte, lue et comprise ?
Samy n'a pas vu le temps passer, puisqu'il a antidaté son billet, mais Claude se croit encore en août !
Ne me jetez pas, j’ai fait ce long voyage
pour découvrir une partie de l’humanité
dont vous faites partie ; le voyage c’est la fraternité alors
completez ce message et jetez la bouteille à la mer
Samy le 24 octobre 2009 France
Heureux destinataire. Lucky guy ! a long way to the
oceans and the seas to wish you a long ???
Anne-Marie France 24 octobre 2009
24 aout 2009 - Planète Terre – Océan Pacifique
En route pour Hong Kong sur le Volendam
23° 19.01 N - 1170 49.14 East
Paix sur la Terre aux hommes de
bonne volonté – Claude de Québec
mais résidant de la Colombie Brit.- Canada
xxxxxx_claude @yahoo.com
Bonjour –Hello – Nihao – Je vous aime – I love you
Wo ai ni – Québec via Chine, Japon, Corea,Canada
25 àctobre 2009 – xxxxxxx@sympatico.ca
All the magic in this bottle comes from you who found it ! We are
seeking to send a special wish to someone in the future : en français
Soyez heureux et de bonne santé tous les jours de votre vie
Soyez la bénédiction de votre famille en amour et en prospérité
(be happy and healthy all the days of your life, be the blessing to your family in love and prosperity)
xxxxxxxxxxxxx@hotmail.com your favourite piano man octobre 2009
Toutes ces bonnes volontés feront bien qu'un jour les hommes seront assez sages pour s’accepter, se comprendre et s’aimer. Paix pour tous. Aimez-vous, aimons nous.
Blanche Marchesseau 30 octobre 2009
Dans (presque) tous les voyages Outre-Mer que j'ai faits, il y avait une bouteille à lancer, et j'ai été plusieurs fois choisie pour être celle par qui la bouteille s'en va... mais nous n'avons jamais eu de nouvelles des vagabondes.
Détroit de Magellan, Bali, dans les glaces de St Petersbourg qui s'appelait encore Leningrad, Seattle, Pattaya, Cape Cod et au coeur de la Méditerranée, avec des amis Ricains very excited !
Ai-je pour autant pollué Dame Nature ? A chaque fois je pense à celle que ce jeune soldat anglais lança en août 1914 du navire qui l'emportait en France faire une guerre où il se ferait tuer, et qui fut miraculeusement retrouvée au début des années 2000. Elle avait résisté aux nombreux combats navals des deux guerres, et sa fille posthume, une très vieille dame, put lire la lettre que son jeune papa avait écrit à sa mère presque 90 ans auparavant . C'est sans doute l'histoire vraie qui m'émeut le plus.