30 Naha, ma dernière étape au Japon
Une annonce générale me sort du lit à 7.15 am et je dois illico aller au Lounge pour les formalités d’immigration qui commencent précisément par mon deck. Ce qui perturbe le fonctionnaire japonais, c’est que je suis enregistrée sous deux noms différents et que je dois expliquer que l’un est celui de mon père et l’autre celui de mon mari…Joyce et les autres Américains, Canadiens ou Australiens ont les deux patronymes accolés. Mes deux index sont scannés, je suis invitée à sourire pour la photo et obtiens le feu vert pour ce dernier séjour au Japon.
Joyce passe chercher mon Olympus et part de son côté pour la journée…
Est-ce parce que je vais le voir pour la dernière fois que le ciel du Japon pleure à verse ? Ce sont les restes d’une tempête tropicale qui ne s’est pas transformée en typhon, comme Naha en subit une à deux fois par an. Il fait 27° et il n’y a que trois saisons, alors que le Japon a deux longues saisons hiver et été, et deux courtes saisons intermédiaires. Même si azalées et hibiscus fleurissent toute l’année, les cerisiers trouvent aussi leur place dans les jardins d’Okinawa pour fleurir au printemps. La température moyenne sur l’année se réchauffe sensiblement comme partout ailleurs sur notre Terre.
Un bus nous fera faire le tour d’une ville banale avant de nous reconduire au bateau, tous déçus de cette balade inutile. Il n'y aura que des commentaires négatifs la concernant. Pas un stop, seulement un arrêt à peine marqué devant un grand magasin qui semble être la fierté de la ville. Quelques images et scènes de rues saisies au passage atténuent toutefois cette mauvaise impression.
Yann et Marian qui étaient derrière moi dans le bus s’installent à côté alors que je questionne Agus du Lido sur ses conditions de travail… Comme les autres Indonésiens et Philippins il travaille 11 heures 7 jours sur7 jours pour… 200 dollars par mois. Il a dû se tromper et j’essaierai d’en savoir plus. Yann et Marian ont compris la même chose et comme moi, pensent à une erreur. Ils ne sont pas Américains, mais Hollandais, et si Yann parle parfaitement le français, son épouse le comprend sans peine. Ils connaissent bien la France la Loire
Yann a travaillé pour St Gobain et, comme nous, possède la luxueuse brochure éditée en français pour fêter le tricentenaire de la Société. De là à évoquer Louis XIV, la Galerie des Glaces de Versailles… et les guerres qui ont opposé nos deux pays… Il est surpris d’apprendre que Louis XV, devenu roi à cinq ans n’était pas le fils, mais l’arrière-petit-fils du Roi Soleil, qui avait enterré tous ses fils et petits-fils. Yann est allé chercher pour m’en faire goûter, un assortiment de rollmops dont, en bons Néerlandais, ils raffolent tous deux.
Nous sommes restés à bavarder jusqu’au départ du bateau à 2.00 pm. Comme moi, ils sont dépités de la visite de Naha, et nous ne sommes pas les seuls. Ellen et Harry sont aussi sur le pont 8 à suivre des yeux la côte qui s’éloigne, et je pense à cet instant que si le Japon de ma rédaction n’a jamais existé, je suis heureuse d’être venue sur ces îles dont la réalité est : 127 millions d’habitants qui se serrent et travaillent dans l’efficacité.
J’ai pu prendre en photo le pilote japonais quittant le ms Volendam pour sauter dans la vedette qui le ramènera au port, salué par un long coup de sirène du paquebot et les signes d’adieu des passagers.
La mer semble plate, et cependant, le navire roule lentement d’un bord sur l’autre. Marcher droit dans les coursives relève du défi, mais par bonheur, les parois permettent de parer les embardées trop fortes.
Juste un saut au Culinary Arts Center pour apprendre à faire des appetizers compliqués avec des choses simples. Je fais mieux à la maison ; mais si je suis venue, c’est que je pensais y retrouver Esther.
Joyce, qui a visité un ancien monastère, a rapporté en photo un échantillon de la pharmacoée traditionnelle. Je pensais qu'elle n'avait cours qu'en Chine. Elle annonce aussi la nouvelle que l’escale à Taïwan est annulée pour cause de typhon. Le troisième en quelques semaines qui s’abat sur Manille. Nous allons directement sur Hong Kong où nous resterons un jour de plus.
Ce soir, c’est un dîner « formal », on s’habille donc « en dimanche ». Même si c’est du réchauffé, le show de ce soir a d’autant plus le mérite d’être réussi que la scène est mouvante par le roulis prononcé du navire : nous les piétons tenons difficilement debout, alors imaginez… danser sur une scène instable et oblique !
Peu de monde à la salle à manger, et nous avons droit à deux parts de langouste pour écouler le stock. Mes voisins se rappellent une soirée qu’ils se sont offerte au Lido des Champs Elysées avec langouste et champagne… et on ne leur a pas présenté la facture ! Ils doivent être les seuls au monde, je présume, qu’on a laissés partir sans payer ! Joyce commande son vin préféré du White Zinfandel...
Le décès de la passagère à Shanghai est confirmé, même si la plus grande discrétion est de rigueur.
J’ai les 20 $US pour le CD de Jean-Paul et nous restons une heure à l’écouter au piano-bar, avant que Joyce ne parte pour d’autres aventures et qu’E ne vienne demander « New York, New York » en s’asseyant au fond où je la rejoins. La vérité m'oblige à dire que je n'ai pas écouté une seule fois depuis le disque du tonitruant Jean-Paul !
Un sac de Hong Kong contenant plan et conseils repose sur mon lit en compagnie d’une grenouille et d’un carton nous invitant à reculer nos montres d’une heure. De plus, nous sommes invités à faire vérifier notre température avant d’être autorisés à pénétrer à Hong Kong.