Quelques images de la Chine de 1989
Voilà quelque temps que je n'ai rendu visite à ce blog... ni vu celui des amis. Pardon !
Les retraités, c'est fou ce qu'ils sont surbookés !
Vous connaissez maintenant le vaste chantier qu'est devenu la Chine, et les cités d'immeubles sans âme qui abritent maintenant ce peuple qui s'est réveillé... Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera aurait prédit Napoléon 1er.
J'ai pensé qu'il était intéressant de vous faire voir quelques photos prises en mai 1989, pendant le mouvement des étudiants et intellectuels, mais aussi d'ouvriers, qui manifestaient afin d'obtenir des réformes politiques, abolir la corruption et vivre enfin en démocratie. Nous n'avions pu voir que ce qu'on a bien voulu nous montrer, mais nous avons accompagné des étudiants qui parlaient anglais ou français et qui venaient le soir nous attendre à la porte de notre hôtel afin de nous expliquer la situation. Nous avons vu sur la place Tian'an Men de jeunes soldats décontractés qui portaient leur casquette à l'envers, la visière sur la nuque, assis en tailleur en discussion avec les étudiants...
A la fin des défilés pacifiques, quand les jeunes se dispersaient, la foule des badauds groupés sur les trottoirs avaient le même regard que chez nous lorsque l'on voit passer le Tour de France, les vivats et applaudissements en moins. Nous avons cru à la réussite de cet élan vers la démocratie... même si nos guides chinois, s'ils paraissaient plein d'espoir, restaient dubitatifs. Dans les grandes artères, la foule se massait devant les murs couverts de dazibaos.
La plupart des photos que j'ai faites au cours de ce voyage étaient des diapositives que je prenais avec mon Canon AE1 ; j'avais deux appareils, et les photos que vous verrez ont été faites avec un petit Konica au réglage minimum. Il y a sans doute maintenant la possibilité de mettre les diapos sur CD. Il faut que j'y songe, car les plus intéressantes sont les diapos.
Juste avant d'arriver à Canton, malgré la présence de Mikhaïl Gorbatchev, tout le monde avait compris que le rêve était fini. Et pourtant le pire restait à venir puisque le massacre de la place Tian'an Men n'est arrivé que dans les premiers jours de juin, quelques jours après notre départ.
A Xian, où ont été découvertes enterrées les statues en terre cuite de l'armée du premier empereur de Chine, nous visitions le marché lorsque je me suis soudain retrouvée avec un bébé dans les bras. Le temps de le câliner un peu, de prendre la photo, mon regard a cherché en vain la femme qui me l'avait confié. Panique au bout de quelques minutes, car je ne voulais pas le poser n'importe où... Le temps m'a paru long avant qu'un homme, sans doute le papa, s'approche et, désignant mes seins, me fit comprendre que j'avais de quoi le nourrir. Etait-ce une fille ? Je ne le saurai jamais, mais j'y pense de temps en temps.
Je vous ai parlé de ces combinaisons ouvertes que portaient les enfants et qui leur permettaient de se soulager sans souiller leurs vêtements. Elles n'existent plus...
A Shanghai, les coiffeurs opéraient dans la rue...
... tandis qu'à Canton, on y faisait sa cuisine devant la maison.
A Wuxi, haut lieu de la production de soie, ne pouvant voir le lieu prévu au programme à cause des manisfestations, nos guides ont pris l'initiative de nous faire visiter l'hôpital de la ville...
Je connaissais déjà à l'époque Ming, un jeune Chinois étudiant à Rennes, surdoué qui avait appris le français à une stupéfiante vitesse. Originaire de Shanghai, il m'avait donné les coordonnées de l'un de ses professeurs qu'il souhaitait me voir rencontrer. Ce qui put se faire, mais pour qu'il soit autorisé à entrer à l'hôtel, que de complications ! Monsieur Hong m'avait expliqué que durant la Révolution Culturelle, il avait pu rester à l'Université où il enseignait... mais qu'il avait été affecté au nettoyage des toilettes. Ses deux enfants étudiants avaient été envoyés travailler la terre dans des fermes de montagnes où ils étaient regardés comme des parasites inutiles. Son épouse était morte durant cette période. Ming avait souhaité rester en France, mais notre pays n'a pas voulu de lui : il est maintenant un éminent professeur à l'Université de Singapour et il donne des conférences un peu partout dans le monde.
Arrivée d'un blessé sur une charette à bras
Le médecin en chef... et ses ventouses en bambou
A cette époque circulaient deux sortes de monnaies. L'une était constituée des billets neufs que nous obtenions des banques, réservée aux touristes, l'autre était celle qui circulait communément. Leur valeur faciale était prise par les marchands au montant indiqué, mais la monnaie que l'on nous rendait était en billets sales, usés, délavés. C'est que pour les Chinois, la valeur des billets "touristes" était multipliée par 10, leur intérêt était de nous refiler les vieux billets, tandis que pour nous, rien n'était changé, sinon que nous devions manipuler de la monnaie crasseuse.
Une seule monnaie circule maintenant en Chine, elle est la même pour tous