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La Bourlingueuse
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La Bourlingueuse
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24 octobre 2009

Jeudi 22 octobre

Lorsque j’arrive à la piscine vers 11.15 h Esher est déjà là, éparpillant sur des tables serviettes, livre, magazine, sacs, pour laisser croire aux serveurs que les occupants sont à l’eau. Nous rapprocherons les tables au moment opportun à mesure que les convives francophones arriveront. Esther est très intéressante et chacune de nous apprend à l’autre des expressions de son pays. Nelson son mari, puis Claude et enfin Ho et Giap, prennent place. Arrivent Anne-Marie et Samy, Monique et Michèle, mère et filles du Québec et Jean-Paul le pianiste du piano-bar, venu du Brunswick, et que je n’avais jusqu’alors qu’aperçu à son clavier en passant…

Ce dernier personnage ne donne pas dans la dentelle ! C’est un « grand format » tonitruant et rieur qui, dans de grands gestes, raconte ses histoires avec son savoureux accent québécois, et Samy lui donne la réplique avec brio. Pas facile pour nos Vietnamiens si discrets et un peu dépassés, d’autant plus que d’autres tablées célèbrent bruyamment un événement dans de grands cris et applaudissements… Le haut-parleur du bord donne des instructions que personne n’écoute, au sujet des formalités d’immigration puisque nous approchons du Japon et de l’île d’Okinawa.

Ce n’est peut-être pas une si bonne idée, le pont de la piscine et des jacuzzis… Je me suis assise près de Ho qui soudain, me demande si je me souviens de « Maréchal, nous voilà ! » que chaque écolier devait apprendre et chanter durant l’Occupation. Oh oui ! et j’en connais encore toutes les paroles… De son sac, elle sort papier, pointe Bic et me les tend. Elle ne comprend pas le mot « gars » ni « la France enivrée ». Née et ayant grandi en Indochine, comme tant d’autres élèves de l’Empire français, elle a appris qu’elle avait pour ancêtres… les Gaulois ! et aussi,  comme moi, elle a chanté l’ode au Maréchal Pétain.

Je sais qu’elle préfèrerait me parler de bouddhisme parce que je lui avais posé quelques questions au sujet des Japonais qui sont à la fois shinto et bouddhistes. Chacun est allé se servir au buffet dans la plus grande décontraction, et, de l’autre côté de la table, on plaisante dans de grands rires auxquels j’aimerais me mêler.

Bientôt nous ne sommes plus que six autour de la table et Anne Marie raconte leur traversée du désert du Sahara de l’Algérie jusqu’au Niger en camping-car il y a vingt cinq ans ; leur étonnement d’être abordés de nuit par des Touaregs dont ils ne soupçonnaient pas la présence, la magie des ciels étoilés… Jean-Paul parle de musique, de la grande qualité des pianos du bord, Steinway et plusieurs Yamaha… Nelson dit que la législation canadienne est scindée de telle façon que plusieurs services s’empêchent mutuellement de fonctionner. Ainsi une voiture volée sur le quai du port de Montréal peut-être embarquée plusieurs semaines avant que lesdits services ne commencent l’enquête. Et qu’un petit malin en avait fait un vrai business allant jusqu’à voler 8 voitures par jour avant d’être enfin arrêté !

Qui a parlé du décès d’une passagère à Shanghai ?

Je dois aller chercher mon ordinateur dans ma cabine pour essayer de gagner du temps au Cybercafé. Ma fiche Wi fi fonctionne bien ici, pas dans ma cabine mais Explorer refuse de me connecter à Google. Même Kimberley (la gourou informatique du lieu, celle qui ouvre les tiroirs pour brancher les clés USB) n’y parvient pas. Je vais donc devoir reprendre la galère du clavier qwerty et les manips hasardeuses et gourmandes en minutes qui vont vider mon crédit.

Si un mail à ma fille Corail est passé avec les quelques fichiers joints de ces derniers jours, les deux autres à mes enfants n’ont pu passer, l’interruption inopinée de la connexion me fait comprendre que nous sommes entrés dans les eaux territoriales japonaises. Et j’ai dépensé 58 minutes sur les 60 qu’il me restait ! La galère, j’vous dis… Le casino se vide pour les mêmes raisons. L’interdiction du Japon.

La flûtiste de ce soir est une virtuose qui a parcouru le monde avant de se poser à Salzbourg en hommage à Amadeus. Mais elle a mis aussi à son programme des fantaisies qui vont de l’ouverture du Mariage de Figaro à La Panthère Rose !

Ce soir a lieu le Master Chief’s Dinner dans la plus débridée des ambiances : chacun se voit coiffé d’une toque de chef et le personnel des cuisines et les serveurs défilent bruyamment en faisant tourner les serviettes et que d’autres tapent sur des casseroles avec des cuillers de bois.  Joy et Mark sont un couple qui vient d’Australie (et y retourne puisque le bateau vient de Vancouver après l’Alaska et filera vers la Nouvelle Zélande et l’Australie après notre débarquement). Ils confirment que leur pays est peuplé de moins d’habitants que Shanghai, et Joyce m’apprend que c’est aussi la population du Texas : 20 millions !

Un tour en passant au piano-bar nous faire jouer les airs de notre jeunesse par Jean-Paul, installé derrière son demi-queue Yamaha, et il n’est pris de cours à aucun moment : il a en mémoire des quantités de mélodies et de chansons populaires… Lorsque, pour Joyce, il entame « Yellow Roses du Texas », elle va danser seule sur la piste déserte. En France, nous la connaissons aussi :

Je m’en vais revoir ma blonde

Je vais revoir ma mie

Puisqu’on dit à la ronde

Que la guerre est finie…

J’ai oublié le reste… et Jean-Paul ne connaît pas ces paroles françaises.

Demain nous serons au Japon et mon zoo personnel ne s’est pas enrichi ce soir d’un autre petit animal… Agus a dû être requis pour le dîner en fanfare qui a occupé tant de monde.

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Commentaires
A
Je voyage avec toi! Et c'est passionnant! Merci Gwenn pour ces rédactions quotidiennes.Je t'embrasse.
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