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La Bourlingueuse
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22 octobre 2009

Samedi 17 octobre

6.30 h… C’est pas une heure pour des vacanciers ça ! Avant 8h nous sommes déjà en route pour Tianjin, où nous étions hier, mais pour une visite guidée cette fois. Le ciel est clair même s’il fait frais, et les ouvriers embauchent. Ils n’ont donc pas tous leur samedi.

En chemin, notre guide Shew ( ?) explique les traditions qui perdurent et l’évolution des mœurs depuis quelques années. Avoir un enfant hors mariage est très mal vu en Chine, mais chez nous, il n’y a pas si longtemps, il en était de même. Elle a 26 ans, son mari 32 ans, ingénieur, est originaire d’une contrée du Sud, et elle prétend qu’il a un tel accent qu’ils communiquent… en anglais ! Est-ce vrai ?.. Leurs parents respectifs ont donné beaucoup d’argent pour qu’ils l’ajoutent aux économies du mari afin qu’ils puissent acheter un appartement. Ils n’ont pas encore d’enfant et n’en auront qu’un, même si c’est une fille. Elever un enfant coûte extrêmement cher, les écoles donnent une excellente instruction, mais certains parents souhaitent pour leur progéniture des écoles privées dont le prix est élevé. Le divorce existe, bien sûr. Elle est très fière de la gastronomie chinoise dont nous goûterons un échantillon au lunch. Une blague donne comme idéal de vie : Avoir une épouse japonaise, une maison anglaise… et un cuisinier chinois. Elle a omis le 4e élément peut-être parce qu’il est moins d’actualité : avoir les revenus d’un Américain.

Cinquante trois nationalités composent le peuple chinois !

A l’entrée de Tianjin, une drôle de Tour Eiffel surmonte un immeuble… La grande roue, aperçue hier du Muséum est maintenant sous nos yeux, mais nous ne sommes pas là pour voir la ville d’en haut. Une circulaire nous a appris hier que le Temple de Confucius est fermé pour cinq jours, suite à une décision administrative imprévisible. Quel fonctionnaire a-t-il pondu ça ? Nous verrons à la place un temple bouddhiste zen. Pour y parvenir, il nous faut traverser un pittoresque passage couvert où des boutiques s’alignent de chaque côté. Là je retrouve l’ambiance si chaleureuse des marchés d’autrefois, lorsque les étudiants de Pékin pensaient réussir leur chambardement qui changerait

la Chine

, et que l’atmosphère était plus légère. Ce long couloir s’ouvre sur une place où un groupe de danseurs répète des mouvements de tai-chi sous la direction d’un maître en tunique noire. La plupart d’entre eux sont vêtus de rouge et ils ont à la main en éventail qu’ils ouvrent et ferment en cadence avec un claquement sec.

Le temple est juste sur la gauche après les danseurs, mais c’est une dizaine de bâtiments décorés et couverts de tuiles vernissées qui s’offrent au regard, et les fidèles se pressent tenant des bâtonnets d’encens qu’ils allument  avant de les déposer en se prosternant à l’entrée des temples où se nichent des statues de Bouddha. Selon notre guide, les Chinois ne sont pas superstitieux, mais photographier sa statue peut devenir « bad luck ». Message reçu 5/5, mais plus pour respecter les croyants que pour éviter le mauvais sort. Sur la place où sont toujours les danseurs, Joyce me rejoint et un jeune homme s’approche pour nous écouter. Il parle un peu l’anglais et nous emportons son souvenir. Un baby boy aux chaussons roses dans les bras de sa mère envoie des baisers. Les jeunes enfants ne portent plus ces drôles de combinaisons ouvertes qui leur permettaient de se soulager sans souiller de couche.

Un vieil homme vêtu à l’ancienne traverse l’entrée et se dirige d’un pas ferme vers l’un des temples.  La foi de ces fidèles est évidente, et il a bien fallu que les autorités assouplissent leur férule… Une mosquée et une cathédrale accueillent les disciples à Tianjin, mégalopole de 9 millions d’habitants.

Je m’attarde un peu dans le passage bordé d’échoppes traversé à l’aller et où des pommes sont joliment présentées sous un filet. De mystérieuses marchandises sont proposées aux passants sous des emballages colorés. Là encore, les bébés répondent à mon sourire sous le regard ému des nannies.

L’Ancient Culture Street est pour moi le lieu de délices absolu. Nous sommes dans un vrai bouillon de culture chinoise, dans lequel les familles s’attardent en ce samedi matin. Mes yeux se remplissent du spectacle des artisans, sculpteurs sur cire ou sur bois, fabricants de tampons en pierre dure (j’en ai déjà deux à mon nom et à mes initiales), vendeurs de barbe à papa, vendeurs de jouets et de cerfs-volants, et une multitude de ces petites usines à bouffe où le riz vapeur, soufflé ou en galettes dures est vendu sous toutes ses formes. Je m’attarde près d’un vendeur de sucettes qui étale sur un marbre du caramel qu’il façonne avec habileté jusqu’à modeler un personnage, un oiseau, une fleur, qu’il détache du marbre après avoir muni son œuvre d’un bâton qu’il tend à un enfant ravi.

Un sculpteur expose ses œuvres en bronze (j’ai déplacé un lourd Karl Marx  pour l’avoir dans le soleil…) et propose de réaliser votre statuette en cire. Il y a là Nelson Mandela, Elizabeth II, un champion probablement olympique, et des inconnus, dont l’un d’eux pourrait être Mao que l’on connaît surtout tête nue. Mais il n’est pas mis en vedette. L’étoile du Grand Timonier aurait-elle tant pâli ?

Une statue en bronze de Chou En Lai repose devant un restaurant. Il est parfaitement reconnaissable, et je cherche en vain son pendant de l’autre côté de l’entrée. Joyce arrive avec des gâteaux de riz couverts d’une gelée sucrée que je n’ai pas envie de goûter. En revanche, ce qui sert de plateau est une galette savoureuse de riz  dur. Quel bonheur d’avoir plongé dans cette ambiance authentique de vie quotidienne !

Nous sommes attendus pour le lunch au Kaiser Palace que nous mettrons plus d’une heure à atteindre. Une pianiste en robe rose joue pour nous «

La Lettre

à Elise » et des classiques connus. Des tables de huit ont été préparées dont les plateaux tournants traditionnels sont maintenant en verre épais. La nourriture variée est délicieuse et abondante, et je veux goûter de tout. La bière a du goût mais elle est servie tiède… Les serveuses sont élégamment sanglées dans un strict tailleur rouge, mais chacune a noué son écharpe à sa manière.

Les toilettes western sont décorées de portraits de … Marilyn Monroe !

Le Muséum est au programme et me permettra de voir le niveau 1 que je n’ai pas visité hier. Sur le parvis, des jeunes s’essaient au skate bord avec des fortunes diverses et l’une chutera lourdement sous mes yeux, tandis que d’autres roulent avec aisance.

Les poteries anciennes, les porcelaines, les bronzes montrent bien le degré de civilisation de ce vieux pays !

Les boutiques vendent des répliques des objets précieux, mais aussi des statuettes parmi lesquelles celle de Mao, des livres en chinois, des reproductions de billets de banque, et un coffret de cent cartes postales consacrées à

la Révolution.

Le chauffeur s’est trompé et a manqué une bretelle. Le croirez-vous ? Il a roulé en marche arrière près de

200 mètres

sur la file de droite de l’autoroute. Les chauffeurs napolitains dont je parlais hier auraient-ils le cran d’en faire autant ?

Une heure de route est nécessaire pour arriver à

la Shi

Family

Mansion, considérée comme le principal témoignage en Chine du Nord de la façon dont vivait une très riche famille. Près de la rivière, une porte monumentale nous conduit à la statue dorée d’une fillette rebondie et d’un poisson, devant laquelle une remorque couverte enrubannée de rouge et attelée d’un cheval, attend les candidats à une balade ou à la photo. L’entrée de l’immense maison Shi est en face du cours d’eau et un bloc de jade ciselé en chou pomme, entre les feuilles duquel ont été déposées des pièces de monnaie, accueille le visiteur. Une maquette donne une idée de l’importance du bâtiment que l’on ne va découvrir qu’en partie. Il y a même une école ! Un petit jardin occupe le centre du quadrilatère des bâtiments. Ce musée maintient par une ficelle un ornement de porte défaillant…

Un vieil homme sans doute musulman me sourit lorsque je sors et ne refuse pas la photo. La remorque rouge est partie et c’est maintenant une calèche qui attend devant la statue. Dans les rues du village autour, des marchandes de nourriture en tricycle proposent leur marchandise à l’appétit du chaland. Sur la grande place, deux petits chiens blancs mâchouillent quelque chose sous la bécane de leur maître. Les bâtiments ont vraisemblablement été restaurés récemment, mais nous avons une vision plus authentique du pays que celle que donnent les froids chantiers de construction, même si ce n’est qu’une vitrine du passé.

La longue journée s’est terminée à l’accueil au terminal de Xingang par une tasse de chocolat chaud et des cookies proposés par le personnel du Volendam, et qui requinquent les passagers fatigués. Il y a des râleurs, comme partout, qui ne sont pas satisfaits de leur journée…  Pardonnons-leur, ils sont blasés.

Un cygne en majesté est sur mon lit.

Les autorités sont à bord et il faut que le bateau soit « clear » pour avoir l’autorisation de partir. A 19 h, je suis sur le pont-promenade où se trouvent déjà Harry et Ellen son épouse, et où nous rejoignent Claude et Nelson les Québécois. Rien ne se passe, la passerelle est en place et les voitures de police attendent sur le quai.  Qui… ou quoi ? Peut-être des passagers qui ne sont pas revenus à temps. L’attente se prolonge et nous rentrons chacun à notre tour.

Un tour au Lido bar pour faire le plein de glaçons fins qui s’adaptent si bien à mon dos encore sensible, mais plus douloureux. Le seau à champagne qu’Agus le steward a rempli de glaçons cubiques me sera précieux pour me caler dans un coussin froid qui soulage la contracture musculaire. Je suis en voie de guérison.

A 21.30 h enfin, un long frémissement me confirme que le bateau a quitté le quai, en route pour Shanghai, que nous atteindrons après trois nuits et deux jours de mer, et où je bouclerai mon tour du monde. N’étant pas allée cette fois à Pékin, même si ce n’était qu’à deux heures de route de Tanjing, je n’ai pas encore accompli totalement le trajet est-ouest. Quel parcours pour la petite fille du Faouët et l’adolescente démunie que j’ai été, qui à vingt ans, n’était pas encore allée à Paris !

Maman aurait aimé ça, elle qui avait un rêve : les îles Galapagos, dont, jusqu’à sa mort à 97 ans, elle continuait de parler…

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