Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Bourlingueuse
La Bourlingueuse
Publicité
La Bourlingueuse
Derniers commentaires
Archives
22 septembre 2009

Chapitre 2

J’ai voulu ne rien demander à Blanche concernant cette rédaction reçue avant hier pour débuter notre histoire après ces 5 pages. J'ai donc d'abord écrit puis j’ai lu hier soir vos commentaires et ses réflexions sur sa rédac’ des années 47, c’est peut être le début d’un duo mère fille pour lui dire que je l’admire et que c’est troublant de rencontrer sa mère de cette façon là !

Chapitre 2 :

Ma mère m’épate !

Lorsque Blanche, un peu moins de 15 ans écrivit ces 5 pages contant à la demande du professeur de français Madame Le Floch un voyage fictif et lointain, elle ne pouvait imaginer que quelque 60 ans plus tard, elle ferait parvenir à sa fille, vivant à l’autre bout de la terre, un « email » après qu’elle eut « scanné » les pages en question, jaunies par le temps et couvertes d’une écriture belle et sûre.

Assise à la table de la cuisine, le porte plume à la main, le flacon d’encre Waterman bleu d’orient ouvert devant elle, son esprit vagabondait. Par quoi commencer ? Le plus simple était de partir en train vers Paris. Quimper avait une gare, avec un chef de gare son sifflet et sa grosse moustache, une locomotive au charbon qui lançait des jets de vapeur à faire voler les jupes des jolies passagères, des quais entourant les deux voies ferrées... Louise, la mère de Blanche tournait virait dans la cuisine en lui demandant pourquoi elle restait le nez en l’air au lieu de faire ses devoirs. Elle commença donc à décrire sur sa feuille finement quadrillée, l’ambiance de la gare, les voyageurs inquiets pour leurs valises l’œil rivé à la pendule, le bruit, les interpellations des uns et des autres. On s’y croirait, elle aussi… Le départ n’est pas déchirant, elle laisse derrière elle « ceux que je vais quitter pour si longtemps » en faisant semblant d’effacer l’ombre d’une larme sur un œil résolument sec mais malicieux. Les wagons sont partagés en compartiments, sur 8 places, deux chanceux avaient une fenêtre, les 6 autres se partageaient le couloir ou les places centrales.

Quimper, Paris, cela doit faire 400 km grand maximum non ? Malgré la « vitesse vertigineuse » du train, elle s’endort et se réveille à Paris le lendemain matin. Mais peut être qu’elle a du changer de train car en France encore à cette époque,  l’écartement des rails n’était pas partout le même…

Rien sur Paris, elle y passe quelques jours et rejoint le Bourget, sans doute le seul aéroport civil existant à l’époque. D’ailleurs comment est ce qu’elle le sait ? A t’elle lu quelque chose à ce sujet dans le journal ? Est-ce que les actualités qui débutaient toujours les séances au cinéma en montraient des images avec des avions aux « hélices vrombissantes » (madame Le Floch n’avait jamais entendu vrombir des hélices et elle pensait que le bruit ne pouvait trouver son origine que dans le moteur) ? Est-ce dans les revues « Constellation » ou «Sélection du  Reader Digest » ? En tout cas, elle imagine en couleur, le fauteuil dans lequel elle s’installe est de cuir rouge, la piste d’envol semble en terre battue puisque l’avion cahote avant de prendre son essor vers Beyrouth ! Déjà blasée, la petite Blanche n’en peut plus et semble s’ennuyer malgré tout de ce début de voyage avec des paysages mornes, quelques villes et de nouveau la monotonie de la campagne vue du ciel. Lorsque enfin elle arrive au dessus de la Méditerranée, vaincue, elle s’endort tellement le paysage la fatigue.

La petite Blanche raconte Beyrouth, son marché, son port mais il faut repartir et la voici arrivée à Calcutta elle effectue une croisière sur le Gange « en première bien sûr » et est très précise sur l’itinéraire qu’elle fait ensuite à travers le golfe du Bengale. Le Larousse a du lui dévoiler une carte du monde et sans doute une carte de l’Inde car c’est précis, elle connaît par cœur la route que prend son paquebot. Arrivée à Saigon, son âme poète laisse sa plume imaginer « un chant d’indigène monter d’un bouquet d’arbres du fond d’un jardin… ». Une sérénade peut être ? Elle a lu, c’est sûr que Saigon comporte différents quartiers « européens, tonkinois, indochinois ». Elle fini sur Tokyo le rêve de sa vie, après avoir visité Shang Haï mais avoue avoir le mal du pays et vouloir revenir.

Voilà la plus étonnante façon de rencontrer sa mère, la jeune fille pataude sur les photos de l’époque ne laisse pas présumer la future bourlingueuse. On la voit, cheveux bouclés relevés sur les tempes, les yeux perdus derrière ces lunettes qu’elle exècre, le visage rond. A ma connaissance elle n’a pas de photo d’elle entourée de ses deux parents, Yves photographe a du pourtant faire l’expérience de prise de vue à distance ? On le voit avec sa fille sur l’une d’elle un jour sans doute où  Louise avait appuyé sur la poire de déclenchement après que le père eût réalisé le cadrage ? Une petite fille oubliée au milieu d’un couple mal assorti, qui rêvait de Japon. Blanche me dit régulièrement « ah ce que j’aurait voulu épater ma mère » mais peut être qu’une sourde rivalité empêchait Louise de laisser son admiration perler devant la complicité père fille. En lisant ces 5 pages, comment ne pas être épatée ? Mais d’où sort t elle tout ça ? Moi en tout cas, je le suis épatée, j’adore raconter à mes amis les frasques de ma mère qui n’arrête pas : informatique, photovoltaïque, photo numérique,  tourdumondique. Elle a même commencé à écrire ses mémoires (j’attends la suite).

Il faut un épilogue à cette histoire. Blanche est partie ce matin dimanche 20 septembre 2009 pour un voyage autour du monde qui la mènera bien sûr, à Tokyo. Elle ne part pas de Quimper mais de Nantes en TGV et elle arrivera à Paris 2h plus tard et non le lendemain. Elle ira à Vancouvert depuis Roissy et il serait étonnant qu’elle s’endorme car même si il n’y a que l’océan à regarder, si jamais un cargo faisait son apparition là tout en bas, elle doit être prête pour le photographier ; puis Seattle ou enfin elle prendra le bateau pour la traversée du Pacifique… et qu’a-t-elle emporté dans ses valises ? Oui, vous avez deviné, les quelques pages jaunies couvertes d’encre bleu d’orient vont faire le voyage avec elle.

60 ans plus tard, elle m’a fait pleurer la petite Blanche de 15 ans, qui s’imagine déjà avec des petits enfants à qui elle raconte ses voyages. Trois de ses petits enfants ont reçu la rédaction, et j’aimerai qu’ils lui disent ce qu’ils ont ressenti à la lire. « Et plus tard, quand je serai vieille, très vieille, je pourrai raconter à mes petits enfants mes beaux voyages, et je suis sûre qu’ils m’écouteront avec des yeux ravis. »

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Ca c'est une chouette famille....
Répondre
C
Salut MoM ! Je fais comme si j'avais rien lu de toi et que tu suivais non pas le voyage prévu, mais la rédac (avec des erreurs bien sûr). Bon, enfin tant que je fais ça, je m'amuse et je pleure de joie !<br /> Bisous la bourlingueuse
Répondre
G
Quelle famille... J en suis a mon troisieme jour de navigation et je viens juste d acheter 100 dollars de connection Internet<br /> Je ne pourrai vous ecrire mais je vous tiendrai au courant
Répondre
M
Ces deux derniers billets sont bourrés d'émotions dont j'ai pu déguster leurs délicieuses rédactions. Magnifique partage où on a la nette impression d'être soi-même un passager de ce fantastique voyage. Tiens, deux rimes sur deux phrases, nous restons donc dans la poésie de ces deux derniers billets.
Répondre
C
Hola Mom!<br /> J ai lu la redac de Blanche, c est incroyable!<br /> J en ai eu les larmes aux yeux a la fin!<br /> Elle est deja partie?<br /> Je suis encore sur la frontiere haitienne et y a beaucoup a faire.<br /> Pas trop d internet... je suis allé dans un internet cafe mais apres t avoir tout ecrit, l'electricite est partie!<br /> ayayay!<br /> Bref. <br /> Tonio
Répondre
Publicité