Le luxe n'est vraiment plus ce qu'il était !
Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais, mais, vu le prix demandé dans cet Hôtel Pullman, je pensais bien goûter à un peu de luxe, savourer un décor inhabituel et raffiné, me voir dans les miroirs d'une salle de bain aux marbres étincelants, et dormir dans des draps au toucher soyeux...
Je n'aurais pas été surprise de croiser dans le lobby ou au détour d'un couloir des visages connus de la jet-set, même s'ils descendent plus souvent au Crillon ou au Ritz.
Bref, je croyais m'offrir la grande vie pour une soirée ! Car il n'était pas question pour moi de dépenser 500 € pour les deux nuits qu'y passaient mes amis.
A la sortie du métro Balard (je voyage "popu") mon GPS en mains, je ne tarde pas à voir l'énorme bâtiment, et déjà, je sens que "ça l'fait pas". L'hôtel a beau afficher 4 étoiles, ya kekchose qui me chiffonne. Et puis les travaux d'extension de la ligne de tramway n'ajoutent rien au premier coup d'oeil : pas de pelouse, ni de jardin fleuri...
Comme partout, le personnel de la réception est compétent et... international. Mes amis du Michigan ne sont pas encore là, mais on leur signalera ma présence à leur arrivée.
La carte magnétique qui ouvre la chambre 675 est également nécessaire pour faire fonctionner l'un des six ascenseurs, ou le faire s'arrêter à votre étage pour le cas où un autre passager l'aurait fait démarrer. Le corridor a beau être décoré de photos de jazzmen Noirs de l'entre-deux-guerres, il est d'une banalité à pleurer. La chambre l'est tout autant, et a le même aspect que celles des Holiday Inn, Best Western ou autres Ibis...
Dans la salle de bains, des produits Roger & Gallet sont joliment disposés près du lavabo, mais la porte de verre est maculée de taches que la femme de ménage sous-payée n'a pas pris le temps de nettoyer... La carte du petit déjeuner affiche des prétentions que je suis bien décidée à ignorer !
Si elles avaient parlé le français, mes grand-mères bretonnes m'auraient (à peu près) dit " C'est ben cher pour c'que c'est"... Et je n'ai pas même pensé à aller faire un tour à la piscine !
Les retrouvailles avec mes amis ont été chaleureuses et notre virée à Montmartre by night leur en a mis plein les yeux, même si le prix d'un demi de bière blanche leur a semblé excessif : 10 € !
Et le lendemain, je me suis offert en leur compagnie une petite revanche que j'ai la faiblesse de savourer de temps en temps : je regarde Paris depuis la terrasse du Palais de Chaillot, à l'endroit où s'est tenu Adolf Hitler ce jour de 1940 lors de son unique passage de quelques heures en notre capitale, quand il se croyait le maître du monde. Ce Paris qu'il n'aura pu faire brûler...
Bien entendu, le programme de mes amis comprenait l'ascension de la Tour Eiffel, et la magie a opéré : le ciel dégagé leur a permis de contempler Paris à 360°. Si les vitraux de la Sainte Chapelle, qui ont miraculeusment survécu à la Révolution ont fait leur admiration, Notre-Dame n'a pu nous accueillir, une ordination collective en interdisant l'accès. Les Galeries Lafayette était leur prochaine étape (incontournable of course !) mais trop longue à pied pour moi qui avais mon TGV à prendre en soirée. Et c'est là qu'il a bien fallu se quitter, sur le parvis devant la façade immaculée qui, disent les architectes, était multicolore à l'origine. Qui, aujourd'hui, prendrait le risque de lui rendre l'aspect que lui avaient donné ses bâtisseurs ?